Al-Ahram H
ebdo : Vous avez critiqué l’absence de spécialistes de l’environnement au sein du comité des 50 chargé d’amender la Constitution. Qu’est-ce que vous attendez de ce comité ?
Nader Noureddine : J’étais très étonné de constater qu’il n’y a aucun spécialiste de l’environnement au sein de ce comité. L’Egypte a plus que jamais besoin d’une Constitution qui préserve l’environnement. Nous sommes menacés de la désertification et de la pénurie d’eau, à cause notamment des différends avec les pays du bassin du Nil. L’Egypte est vulnérable aussi aux changements climatiques. Un million de personnes dans le Delta sont menacées de déplacement. Les ressources naturelles ne sont pas exploitées de manière à respecter les normes du développement durable. C’est vraiment regrettable.
La construction sur les terres agricoles a atteint un taux dangereux.
— Avez-vous des propositions concrètes ?
— Le projet de Constitution publié récemment comprend 5 articles où il est question d’environnement. Il s’agit des articles 24, 25, 26, 58 et 59. Le problème est que les formulations sont très vagues. Des notions importantes comme le développement durable, la lutte contre la dégradation des ressources naturelles et le respect de l’environnement sont absentes dans ce nouveau projet de Constitution. De telles notions existent dans les Constituions européennes et même dans certaines Constitutions africaines comme la Constitution ougandaise.
Il doit y avoir un engagement constitutionnel pour la protection des ressources naturelles. Je pense que la Constitution devrait stipuler tout d’abord que l’Etat s’engage à respecter les principes généraux des Nations-Unies portant sur la limitation de la pauvreté et la lutte contre la faim et que le droit à la nourriture est un droit garanti à tous les citoyens quel que soit leur niveau de vie.
— Vous avez évoqué la question de l’eau …
— Les ressources hydriques sont mentionnées dans l’article 26. Quant à l’eau potable, elle est mentionnée dans l’article 59, stipulant que l’Etat garantit aux citoyens un environnement et une nourriture sains. Mais étant donné les dangers auxquels est confrontée l’Egypte et les risques de pénurie d’eau, il fallait consacrer un article au Nil et mentionner clairement que le Nil est une source de vie irremplaçable et que l’Etat s’engage à protéger le quota historique de l’Egypte dans les eaux du Nil. L’Etat doit mettre un terme à toute source de pollution du Nil, qu’elle soit industrielle, agricole ou autre. Toute agression contre le fleuve doit être considérée comme une violation constitutionnelle.
— Que pensez-vous de l’article 24 qui parle de l’agriculture en tant que potentiel économique au même titre que l’industrie et le tourisme ?
— Je dois dire que depuis des décennies, les terrains agricoles en Egypte connaissent des agressions incessantes, notamment les anciennes terres du Delta. L’Etat doit s’engager dans la Constitution à arrêter toute agression contre les terres agricoles. Ces dernières doivent être protégées un peu comme les réserves naturelles. Les anciennes terres du Delta et les nouvelles terres bonifiées dans le désert doivent être exploitées uniquement à des fins agricoles pour produire de la nourriture, du fourrage et des plantes médicinales qui entrent dans la production des produits pharmaceutiques .
Lien court: