Al-ahram hebdo : Le département de l’eau potable et de l’assainissement aurait pris des mesures pour améliorer le service. Qu’en est-il au juste ?
Abdel-Qawi Khalifa : Nous avons créé une holding pour l’eau et l’assainissement, qui en regroupe 25 autres dans les gouvernorats s’occupant du fonctionnement et de l’entretien des réseaux. Il existe aussi l’Organisme égyptien de l’eau potable et des égouts, chargé de construire les stations, et l’Agence de distribution de l’eau potable et des égouts pour contrôler et évaluer le service. Trois buts sont réalisés ainsi : présentation du service, sa réception et son contrôle. D’autres initiatives sont étudiées aussi. Nous nous concentrons sur le dessalement de l’eau de mer dans les gouvernorats côtiers de la mer Rouge et de la Méditerranée. Les ressources en eau sont de plus en plus rares. Dans les gouvernorats de la mer Rouge par exemple, il existe un conduit d’une longueur de 500 kilomètres très difficile à sécuriser. Si des problèmes se posent à ce niveau, ces gouvernorats seront privés d’eau. Dans ce cas, il est normal de recourir au dessalement dont le coût baisse de plus en plus.
— 97 % de la population est alimentée en eau potable, tandis que 50 % est privée de réseaux d’assainissement. Comment expliquez-vous cela ?
— Pour être plus exact, il faut dire que 12 des 97 % sont alimentés par les eaux souterraines et non par le Nil. Pour la moitié de ces 12 %, l’eau contient du fer et des métaux lourds à des taux dépassant les normes. Les problèmes concernant l’eau potable sont minimes et on les résout au fur et à mesure. Notre vrai défi est celui des réseaux d’assainissement. 50 % des Egyptiens en sont privés, ce qui représente un énorme problème. Il nous faut 80 milliards de L.E. sur 8 à 10 ans pour assurer ce service à ces gens-là. Mais le pays traverse une période exceptionnelle de son histoire, et le financement n’est pas disponible pour le moment.
— Quelle est la solution selon vous ?
— En étudiant ce dossier, nous avons découvert que le pays subventionne les carburants à hauteur de 120 milliards de L.E. par an. Il est ridicule de subventionner un citoyen qui conduit une berline allemande dernier cri tandis qu’un autre est privé de réseau d’assainissement. Le gouvernement va donc réorienter les subventions afin qu’elles aillent à ceux qui les méritent. De plus, les citoyens eux-mêmes contribuent au financement. Ils payent déjà pour se débarrasser des eaux usées. Et ils sont prêts à payer pour l’installation des réseaux.
Le budget nécessaire pour installer ces égouts est réparti de la sorte : un tiers pour le réseau lui-même, un tiers pour les stations de distribution et un tiers pour les stations de traitement.
Si les citoyens participent au coût des réseaux, le secteur privé est invité à investir dans les stations de traitement à condition qu’il les exploite pendant 25 ans avant de rendre ces stations au gouvernement. Nous disposons actuellement de 390 stations de traitement de l’eau et il nous en faut 300 de plus .
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