Avec seulement 660 m
3 par an et par individu, le Delta du Nil est pollué par les rejets du drainage agricole, industriel et surtout sanitaire. La nappe phréatique est surexploitée et le changement climatique aura des impacts inévitables sur le secteur de l’eau. «
La gestion de l’eau dans le Delta du Nil à l’ombre des changements climatiques » a donc été le thème d’un atelier organisé la semaine dernière au Caire par le Partenariat égyptien de l’eau (
Egyptian Water Partnership, EWP), afin de dégager des recommandations pour la réduction maximale des risques et de l’impact négatif du changement climatique sur le Delta du Nil.
« Le Delta du Nil est riche en ressources naturelles et en diversité biologique. C’est une région fragile du point de vue de l’environnement et vulnérable au changement climatique », estime Mahmoud Abou-Zeid, ex-ministre des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation et président du Partenariat égyptien de l’eau.
L’EWP tente de promouvoir la réutilisation de l’eau du drainage agricole, de faciliter la construction des stations de traitement des eaux usées et d’organiser des séminaires sur l’avenir de l’eau en Egypte et d’autres sur l’impact des eaux usées non traitées, dans les régions industrielles. « L’EWP a participé à une planification future de la ville côtière d’Alexandrie qui dépend entièrement du Nil, avec le développement de ce qu’on appelle Le plan de gestion intégrée de l’eau urbaine, Alexandrie 2030. L’un des principaux buts de ce plan est de réduire la pression exercée sur le Delta du Nil. Il faut autant que possible des ressources non conventionnelles en eau », explique Khaled Abou-Zeid, responsable régional des programmes de l’eau au Centre pour l’environnement et le développement de la région arabe et l’Europe (CEDARE).
Car l’on distingue 4 sources de pollution de l’eau : les drainages sanitaire, industriel, agricole et les déchets solides. Selon Ashraf Hébéshi, responsable du secteur de l’irrigation dans les gouvernorats au sein du ministère des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation, la quantité d’eau du drainage sanitaire s’élève à 6,5 milliards de m3 par an, versés dans les canaux à presque 50 % dans son état brut. « Plusieurs industries installées sur les rives du Nil versent également leurs déchets bruts directement dans le fleuve, ce qui détériore la qualité de l’eau et complique sa réutilisation. Les études révèlent que le volume du drainage industriel atteindra les 7,5 milliards de m3 par an à l’horizon 2017 », prévient Hébéshi.
Pour le drainage agricole, il est versé dans son état brut contenant des résidus d’engrais chimiques et de sels qui s’infiltrent aussi dans la nappe phréatique. « 45 % des déchets solides produits au quotidien ne sont pas ramassés — à peu près 25 000 tonnes — et sont jetés pour la plupart dans les canaux de 33 000 km de long ! », explique Hébéshi.
« Réformer la législation »
Il faut absolument organiser des campagnes de sensibilisation pour expliquer les dangers : se débarrasser des déchets dans les cours d’eau ... empêche leur réutilisation. Sans compter le rôle des autorités, avec l’application stricte de la loi visant à protéger le Nil et les cours d’eau contre la pollution sous toutes ses formes. « Les responsables tentent de réformer la législation égyptienne relative à l’utilisation des eaux usées pour pouvoir en profiter dans l’agriculture et non seulement pour cultiver des arbres non fruitiers dans les forêts artificielles », indique Khaled Abou-Zeid.
Pour Mostafa Solimane, ancien professeur à l’Université de Aïn-Chams au Caire, la nappe phréatique est menacée par l’élévation du niveau de la mer et personne ne bouge pour la sauver.
« L’eau souterraine dans la Vallée du Nil et le Delta varie entre 4,5 et 8,4 milliards de m3. Elle représente 23 % des ressources en eau. 20 % des terres agricoles dépendent de l’eau souterraine dans l’irrigation », indique Madiha Mostafa Hassan, spécialiste en eau souterraine auprès du ministère des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation.
De quoi déclencher des mesures d’urgence pour sauver les côtes et les basses terres. Or, pour le moment, seules les études occupent le terrain. « Les études sont très importantes mais leur application l’est tout autant ! », martèle Mostafa Solimane.
Lien court: