Al-Ahram Hebdo : Vous dirigez un projet baptisé « La bioénergie dans le développement rural ». Pouvez-vous nous parler de ce projet ? Quels sont ses objectifs ?
Ahmed Medhat : Ce projet consiste à produire du biogaz à partir des déchets animaux comme la paille de riz par exemple. Le biogaz est le gaz produit par la fermentation de matières organiques animales ou végétales en l’absence d’oxygène. Cette fermentation appelée aussi méthanisation peut se produire naturellement dans les décharges contenant des déchets organiques, mais on peut aussi la provoquer dans des digesteurs. Notre objectif est donc de produire de l’énergie tout en protégeant l’environnement. Le projet est financé partiellement par le Fonds Mondial pour l’Environnement (FEM) en coopération avec le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD) et le ministère de l’Environnement. L’un de nos objectifs aussi consiste à éliminer les entraves techniques, institutionnelles, financières et de marketing face à l’expansion de l’utilisation du biogaz, ce qui aidera à promouvoir le développement durable dans les campagnes égyptiennes tout en éliminant les émissions de gaz à effet de serre. Le projet est mis en oeuvre à travers l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE) en coordination avec d’autres ministères concernés comme les ministères du Pétrole, de l’Electricité, de l’Energie, de la Coopération internationale et du Développement local.
— Plus concrètement, comment peut-on produire du biogaz à partir de déchets végétaux ?
— Comme je viens de souligner, nous obtenons le biogaz grâce à un procédé organique. C’est le processus de fermentation de la matière organique végétale ou animale dans un milieu dépourvu d’oxygène. Cette réaction produit du biogaz, composé de méthane (CH4) (entre 50 % à 70 %) et de dioxyde de carbone (CO2). Ces deux gaz sont inflammables, on les brûle pour produire de la chaleur ou de l’électricité. Il n’y a pas de doute, ce projet jette les bases d’une gestion intégrée des déchets agricoles et des déchets solides. Il fait partie du plan national pour le travail environnemental 2002-2017. Il contribue également à rationaliser la consommation d’énergie et à promouvoir les énergies renouvelables.

Nous avons prévu la création d’une centaine d’unités pour la production du biogaz dans des villages des gouvernorats d’Assiout et du Fayoum. Jusqu’à présent, 50 unités ont été créées au Fayoum et 20 à Assiout. Dans chaque unité, nous mélangeons 50 kg de déchets animaux avec 50 litres d’eau et cela nous permet de produire 2 m3 de biogaz par jour. Cela représente deux bonbonnes de gaz.
— Et comment ce projet peut-il améliorer la protection de l’environnement ?
— La méthanisation et l’utilisation du biogaz permettent à la fois de réduire le volume de déchets et de récupérer l’énergie dégagée par leur décomposition afin de produire de la chaleur et de l’électricité. En plus, cela aide à réduire les émissions de gaz à effet de serre, en valorisant le méthane dégagé lors de la décomposition des déchets (le méthane a un impact sur l’effet de serre 25 fois plus important que le CO2). Selon de récentes statistiques effectuées par le ministère de l’Agriculture, il y aurait en Egypte plus de 8 millions de têtes de bétail. Ces animaux produisent quelque 93 millions de kg de déchets par jour. Cette quantité peut produire presque 4 millions de mètres cubes de biogaz par jour, ce qui équivaut à 43 millions de bonbonnes de gaz par an, soit environ 12 % de la consommation annuelle globale. Nous pouvons donc économiser 43 millions de bonbonnes de gaz par an. Au niveau national, cela représente des économies de 2,3 milliards de L.E. par an. Mais pour produire cette quantité d’énergie, nous avons besoin de 1,2 million d’unités de production du biogaz. Pour le moment, nous sommes très loin de ce chiffre puisque nous ne disposons que de 200 unités seulement. Mais nous pensons pouvoir progresser très rapidement si nous avons le financement nécessaire. Nous avons organisé une visite en Egypte pour les bailleurs de fonds. Ils se sont rendus sur le terrain afin de voir si l’expérience peut être répétée dans d’autres villages.
— Qui assure la maintenance de ces unités ?
— Nous avons tenu des ateliers de formation pour les ingénieurs et les techniciens représentant les ministères du Développement local et de l’Environnement, ainsi que la société civile travaillant dans le domaine de l’environnement. A la fin de cette formation, ils seront capables d’installer et de faire la maintenance des unités de biogaz.
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