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Amal Taha: « Les gens doivent prendre plus conscience des problèmes de l’environnement » 

Dalia Abdel-Salam, Mardi, 08 janvier 2013

Amal Taha, directrice générale du département de la sensibilisation environnementale au sein de l’Agence égyptienne pour les affaires de l’environnement, évoque les difficultés auxquelles est confronté le secteur de l’environnement en Egypte. Elle revient sur les acquis de l’année 2012 et parle des perspectives de 2013.

Amal Taha
(Photo : Dalia Abdel-Salam)

Al-Ahram hebdo: 2012 a été « l’année des défis » en Egypte. Quel bilan faites-vous de cette année en matière d’environnement ?

Amal Taha : En général, notre département fait des campagnes de sensibilisation dans tous les gouvernorats d’Egypte en utilisant nos bus. En 2012, nous avions prévu 40 campagnes de sensibilisation, mais seulement 23 ont été menées à cause du manque du solar. En plus, la plupart des conférences que nous devions tenir dans les gouvernorats ont été annulées à cause des manifestations, des sit-in et de l’absence de sécurité en général.

— Ces campagnes dont vous parlez ont-elles été effectives ? Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontés ?

Amal Taha.
— Dans un certain sens, on peut dire qu’elles ont été efficaces. On peut dire qu’aujourd’hui, la plupart des citoyens ont compris qu’il ne faut pas incinérer la paille de riz en plein air, et ils comprennent l’impact qu’une telle incinération peut avoir sur la qualité de l’air et sur la santé. En revanche, il y a des questions qui nécessiteront encore un grand effort, comme le recyclage des déchets solides et la rationalisation de la consommation de l’eau. Les citoyens ne comprennent pas comment avec le Nil on peut souffrir un jour d’une pénurie d’eau ! Même quand on leur parle des changements climatiques et de la fonte des glaciers, ils pensent que la glace fondue va augmenter les quantités d’eau dans le Nil ! Quant au problème des déchets solides, c’est un peu compliqué, la politique y joue un rôle. Les citoyens qui sont contre la confrérie veulent que ce problème s’aggrave pour prouver que les Frères musulmans n’arrivent pas à régler le problème des déchets, alors comment peuvent-ils régler les problèmes économiques et politiques ? En plus, les citoyens sentent que le gouvernement les force à payer des frais de propreté sur la facture d’électricité, tandis que la propreté est absente. La femme au foyer dans les gouvernorats croit que si la rue est sale mais sa maison est propre, elle et sa famille seront à l’abri des problèmes de santé, ce qui n’est pas vrai.

— Quel était votre budget en 2012 et qu’attendez-vous de 2013 ?

— En 2012, nous n’avions pas de budget du tout. Nous avons utilisé la somme d’argent qui nous restait de 2011 pour réimprimer les brochures et les livres que nous distribuons pendant les campagnes de sensibilisation. Pendant ces campagnes, nous utilisons nos bus, ce qui ne nous coûte rien. Mais en 2013, nous aurons besoin de réimprimer nos brochures car nous n’en avons plus assez et l’année vient de commencer.

— Mais si le budget de l’Agence de l’environnement est limité, pourquoi ne paschercher d’autres sources de financement ?

— Le ministère peut assumer cette tâche. Mais paradoxalement, ce sont les entreprises qui nuisent le plus à l’environnement qui sont disposées à financer nos activités, ce qui, pour nous, n’est pasadmissible. Par exemple, comment accepter des aides financières fournies par des cimenteries qui font tout le temps des infractions et dont les émissions nocives dépassent de loin les normes admises ? Le ministère essaie de trouver un financement auprès du groupe Al-Adl, une entreprise de production cinématographique,en leur demandant de produire des courts métrages destinés à la sensibilisation environnementale. Mais cela n’a pas marché car l’entreprise voulait que les frais de production de ces courts métrages soient assumés à 50 % par le ministère, ce qui est difficile.

— Quel est votre programme d’activités pour 2013 ?

— En 2012, nos campagnes de sensibilisation ont ciblé les gouvernorats producteurs de riz, afin de lutter contre le phénomène de l’incinération de la paille de riz. En 2013, nos campagnes se concentreront sur les régions de la Haute-Egypte, qui sont parmi les plus pauvres et les plus défavorisées, comme Fayoum, Béni-Soueif et Minya. Notre but est de sensibiliser la population dans ces régions au problème des déchets solides. Nous travaillerons avec les citoyens et les Organisations Non Gouvernementales (ONG). Nous aiderons les ONG à préparer les projets de gestion des déchets solides et à trouver des financements. En ce qui concerne les citoyens, les campagnes de sensibilisation auront pour but de les informer de leurs droits et de leurs devoirs.

— Est-ce que vous avez prévu des activités dans les établissements scolaires en 2013 ?

— Bien sûr. Pour régler les problèmes de l’environnement en Egypte, il faut que les gens, surtout les jeunes, prennent plus conscience de ces problèmes. Au mois de mars 2012, nous avons signé un protocole de coopération avec le ministère de l’Education, afin de faire des activités dans les écoles dans 12 gouvernorats, dont ceux du Canal de Suez, d’Al-Wadi Al-Guédid, de Minya et de Béni-Soueif. Dans chaque établissement scolaire, 5 ateliers de travail seront tenus pour sensibiliser les professeurs et 5 autres pour sensibiliser les élèves. Chaque professeur ou chaque vélève qui participe à ces ateliers doit, à son tour, sensibiliser ses collègues.Nous formerons les ONG de manière à ce qu’elles puissent tenir ces mêmes ateliers, afin que cette activité se pérennise après notre départ. D’ailleurs, nous organiserons des visites sur le terrain pour les jeunes dans les forêts artificielles qui sont irriguées par l’eau traitée du drainage sanitaire. Nous demanderons aux jeunes de prendre des échantillons de l’eau du Nil, de l’eau du drainage sanitaire à l’état brut et après son traitement pour les analyser eux-mêmes. Les équipements de laboratoire nécessaires pour accomplir ces expériences seront emmenés sur le terrain dans des véhicules dépendant du ministère de l’Environnement. A travers ces expériences, les jeunes doivent connaître la différence de qualité entre les trois types d’eau et son influence sur l’agriculture, ainsi que sur le sol. Nous organiserons des journées portes ouvertes dans les réserves naturelles pour expliquer l’importance des parcs nationaux et l’importance de la faune et la flore dans chaque réserve. En plus, nous formerons des élèves dans les écoles, afin que celles-ci soient des établissements amis de l’environnement. Les élèves doivent apprendre à résoudre les problèmes de l’environnement au sein de leurs établissements.

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