Face au manque de financement public, le secteur privé est appelé à investir dans les énergies renouvelables. L’Autorité Egyptienne des Energies Renouvelables (AEER), qui relève du ministère de l’Energie et de l’Electricité, ne peut mener à bien ses projets, faute de fonds. L’AEER plaide en effet depuis des années pour que le secteur privé se dote d’infrastructures électriques non polluantes.
L’objectif consiste en premier lieu à assurer les besoins essentiels en énergies, notamment lors des coupures d’électricité qui ont atteint un pic l’été dernier. Selon les déclarations d’un spécialiste de l’énergie solaire, le secteur privé entreprendrait actuellement des négociations avec les banques pour l’octroi de crédits visant à financer la production d’énergie solaire. Ces coupures récurrentes nuisent en effet considérablement à la productivité des entreprises du secteur privé.
« Il y a eu un accord avec deux banques et les négociations continuent avec d’autres afin de parvenir à combler les besoins en énergies, notamment lors des coupures d’électricité lorsque le réseau principal en Egypte n’en fournit plus. Notre pays a les capacités de devenir un acteur important dans l’énergie solaire », explique Wael Al-Nachar, spécialiste en énergie solaire.
Fixer un tarif attrayant
« Il est temps que le gouvernement fixe un tarif pour l’électricité produite au solaire et qu’elle soit greffée sur le réseau national. Un tarif attrayant contribuera à attirer les investissements internationaux. Un pays comme l’Allemagne produit déjà 35 000 MW d’électricité à partir du solaire et le climat de l’Egypte est beaucoup plus propice que celui de l’Allemagne ! L’Egypte possède de grandes opportunités dans ce domaine », estime Al-Nachar.
Les énergies renouvelables, en particulier éolienne et solaire, sont soutenues par le ministère de l’Energie. « Les centrales d’énergies renouvelables en Egypte, qui, dans leur grande majorité, sont des centrales éoliennes, comptent seulement pour 1 ou 2 % du total de la production nationale. L’AEER veut que ce taux passe à 20 % d’ici 2020. Nous souhaitons que le secteur privé prenne en charge 2/3 de chaque projet pour financer et acheter les équipements. L’autorité pourrait participer à la supervision et la consultation techniques », assure Réda Abdel-Azim, spécialiste de l’énergie solaire à l’AEER.
Selon lui, les études de projets dans les zones où l’ensoleillement est abondant sont déjà prêtes. Mais le ministère manque de financement et est impuissant à concrétiser ses propres études.
Les négociations entre les banques et le secteur privé se basent en effet sur les projets de l’AEER, en particulier dans le Sud-Sinaï et dans le gouvernorat de la mer Rouge. « Nous avons commencé à produire de l’électricité solaire dans de petites agglomérations. Aujourd’hui, en coopération avec le ministère du Tourisme et grâce à une donation du ministère italien de l’Environnement, nous oeuvrons pour répandre les chauffe-eau solaires dans le Sud-Sinaï et sur la mer Rouge. A Marsa Alam, nous essayons de convaincre quelques hommes d’affaires ayant des projets dans cette zone de participer à construire une centrale solaire de 10 MW », détaille Abdel-Azim.
La désalinisation de l’eau de mer, un processus très gourmand en énergies, pourrait aussi profiter de ces projets. Selon les responsables de l’AEER, la Banque mondiale contribue à un projet de désalinisation en mer Rouge qui devrait fournir 20 000 m3 d’eau par jour en utilisant des énergies propres.
2 milliards nécessaires
Si les projets sont nombreux, le manque de financement bloque toute avancée. « Les études sont prêtes pour une nouvelle centrale solaire à Kom Ombo au sud d’Assouan, d’une capacité de 100 MW », assure Abdel-Azim. Selon lui, 2 milliards de dollars sont nécessaires pour atteindre les objectifs fixés.
L’AEER compte donc principalement sur les compagnies du secteur privé pour atteindre les 20 % prévus d’ici 2020. Mais l’absence de reprise de la croissance et les résultats moyens du tourisme ne vont pas dans le sens de davantage d’investissements.
Pourtant, avec l’explosion démographique et l’augmentation du nombre de climatiseurs, le réseau national suffoque, particulièrement en été. L’énergie solaire représente aujourd’hui la meilleure alternative pour remplir les besoins croissants de l’Egypte. Premier concerné par l’insuffisance de la production, le secteur privé pourrait prochainement chercher à prendre les choses en main.
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