Le gouvernement égyptien a envoyé un message de réconciliation aux investisseurs arabes, implantés dans le pays depuis de longues années. Il s’agissait de clore le dossier épineux des terrains achetés à des prix jugés trop avantageux sous les gouvernements de Hosni Moubarak.
La 16e conférence des hommes d’affaires et des investisseurs arabes, tenue les 23 et 24 novembre au Caire, a été l’occasion de la mise en vigueur d’une loi, promulguée au début de l’année, facilitant cette réconciliation. « Nous voulons transmettre un message de confiance au monde entier. L’Egypte est aujourd’hui sur la bonne voie, elle ouvre ses portes aux investisseurs étrangers », affirme Khaled Hanafi, ministre de l’Approvisionnement, lors de l’inauguration de la conférence à laquelle a assisté le premier ministre.
Un discours repris par plusieurs autres membres du gouvernement pour montrer que l’Egypte tient plus à attirer des investissements qu’à récupérer des droits qui appartiennent au passé.
Intitulée « Investir en Egypte …Investir dans l’avenir », la conférence était organisée par l’Union arabe des Chambres de commerce, la Banque d’investissement arabe et l’Union des Chambres de commerce égyptiennes. Un millier d’hommes d’affaires y ont assisté, dont la majorité opèrent déjà en Egypte. Il s’agissait notamment d’investisseurs saoudiens, émiratis, koweïtiens et iraqiens. La délégation du Qatar, qui devait participer, a répondu absent sans donner d’explication.
Le ministre de l’Investissement, Achraf Salman, souligne que cet événement est une étape importante avant la conférence économique, prévue du 13 au 15 mars prochain à Charm Al-Cheikh. « Il était important de connaître les besoins des investisseurs, surtout arabes, avant la tenue de cette conférence », dit-il. Toujours selon lui, le gouvernement vise un taux de croissance de 3,5 % en 2014/2015, et cela nécessite d’injecter des investissements privés à hauteur de quelque 300 milliards de L.E. (Lire page 12).
Règlement dans les coulisses
L’Arabie saoudite, premier investisseur en Egypte hors secteur des hydrocarbures, est désormais le premier bénéficiaire de cet appétit égyptien. En fait, ce sont les Saoudiens qui sont les plus concernés par le dossier des terrains en question. Ainsi, la délégation saoudienne, la plus fortement représentée avec quelque 400 investisseurs, semble être déterminée à en finir avec ce dossier.
Le Caire n’est pas moins intéressée : Le premier ministre, Ibrahim Mahlab, a confirmé l’intention du gouvernement de résoudre tous les conflits en suspens depuis la révolution de janvier 2011. « Nous souhaitons clore ce dossier », affirme à l’Hebdo un responsable du ministère de l’Investissement, qui a requis l’anonymat, ajoutant qu’une solution aurait été conclue lors d’une rencontre tenue en marge de la conférence avec des membres du Conseil d’affaires égypto-saoudien.
« La grande partie des cas, impliquant des Saoudiens, sera résolue avant la conférence de mars. Les investisseurs saoudiens ont promis en échange d’annoncer l’injection d’importants capitaux », confie ce même responsable. « La décision finale du cabinet actuel est que les investisseurs n’ont pas à payer le prix de la pauvre performance de nos anciens gouvernements », tranche-t-il.
Exception notable dans ce dossier : la privatisation de la chaîne Omar Effendi. Dans ce cas précis l’investisseur saoudien n’a pas respecté les clauses du contrat signé. Le procès est toujours en cours devant la justice égyptienne.
Les Saoudiens n’ont pas tardé à saluer la position égyptienne : Le milliardaire Saleh Kamel, président du Conseil des affaires égypto-saoudien, a annoncé lors de sa visite des investissements de 3 milliards de L.E. dans la future zone industrielle du Canal de Suez.
Il en est de même pour les Emiratis : « Après environ dix ans de suspens, nous touchons finalement à une solution concernant nos terrains dans plusieurs quartiers du Caire, comme Almaza, Choubra, Madinet Nasr. Le nouveau cabinet est décidé à améliorer l’environnement des affaires », salue Abdallah Al-Nokrashi, PDG du groupe Magued Al-Futtaim en Egypte. « Du coup l’entreprise a décidé d’injecter une somme de 17,9 milliards de L.E. en Egypte au cours des 5 prochaines années ».
Au-delà de la réconciliation
Au-delà des réconciliations en cours, la conférence de cette semaine s’est penchée sur l’amendement de certaines législations relatives à l’investissement. Il s’agit d’une ancienne demande des hommes d’affaires étrangers.
Un investisseur saoudien, qui a préféré garder l’anonymat, la résume ainsi : « Tout investisseur a besoin de se sentir protégé par la loi. Là, nous parlons précisément du droit de déclarer faillite, de sortir du marché, de transférer nos profits. Malgré les promesses du gouvernement, ces modifications législatives n’ont pas vu le jour, et cela nous inquiète », révèle-t-il à l’Hebdo.
« Nous ne pouvons pas injecter de nouveaux investissements avant de s’assurer de la stabilité de l’environnement des investissements. Nous avons déjà rencontré beaucoup de problèmes en Egypte. Nous sommes au courant des difficultés qu’affronte le pays, mais nos travaux ont été suspendus et cela nous a coûté des milliards de L.E. », s’est plaint un autre investisseur.
En attendant cette réforme, de nombreux autres investisseurs se retroussent déjà les manches pour se lancer dans un nouveau round .
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