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Assurer les musées  : une nouveauté en Egypte

Marianne Ramsès, Mardi, 04 mars 2014

Suite à l’attentat qui a gravement endommagé le Musée d’art islamique, le ministère des Antiquités souhaite faire assurer les principaux musées du pays. Une première en Egypte mais qui pose un certain nombre de problèmes, dont l’évaluation de la valeur des pièces.

Musée d’art islamique
Le Musée d'art islamique endommagé par l'explosion. (Photo : Reuters)

Le ministre d’Etat pour les Affaires des antiquités, Mohamad Ibrahim, envisage de signer une police d’assurance contre les risques auxquels sont exposés les musées. Parmi les principaux musées concernés figurent notamment les Musées copte, d’art isla­mique, de la Nubie, d’Assouan, de Louqsor, de la momification, le Musée national d’Alexandrie...

En effet, l’idée a germé après l’attentat perpétré contre le quartier général de la police au Caire et les importants dommages ayant touché le Musée d’art islamique.

Dans une tentative de sauvegarder le patrimoine égyptien contre les dangers qui le guettent, le ministère des Antiquités a entamé des contacts avec la Fédération égyptienne des sociétés d’assurances. Toutefois, les documents concernant la police d’assurance font toujours l’objet d’une étude exhaustive.

Selon Mohamad Ibrahim, « cette étape s’inscrit dans le cadre d’un plan du minis­tère des Antiquités de nature à mettre au point un système d’assurance intégré pour protéger les bâtiments et les pièces pré­cieuses d’un musée ».

Une question se pose: comment peut-on assurer des pièces antiques, des objets d’arts et des chefs-d’oeuvre dont la valeur est ines­timable? Le directeur du Musée égyptien, Sayed Amer, explique qu’il est difficile d’assurer les pièces antiques car l’assurance des antiquités ne passe pas par l’argent. Elle se fait plutôt à travers l’amélioration de la sécurité.

Le président de l’Autorité égyptienne de sur­veillance financière, Chérif Sami, souligne que « bien que la couverture d’assurance ne compense nullement les pièces antiques et les oeuvres d’art inestimables en cas de dommages, elle contribue­ra à prendre en charge une partie du coût des dégâts. La question est devenue pressante notam­ment après l’attaque terroriste qui a entraîné la destruction du Musée d’art islamique ». Rien d’étonnant, donc, à ce qu’un contrat d’assurance soit signé rapidement.

« Les objets et pièces d’un musée sont assurés lorsqu’ils sont exposés à l’étranger, note Moustapha Khaled, directeur du Musée d’art isla­mique. Il convient d’en faire autant quant aux pièces gardées au musée ».

Mohamad Moeit, vice-président de l’Autorité égyptienne de surveillance financière, estime qu’il est préférable que le ministère des Antiquités pro­cède rapidement à la signature d’un contrat pour que les risques soient désormais répartis entre l’assureur et le ministère.

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Le Musée d'art islamique endommagé par l'explosion. (Photo : Reuters)

Abdel-Halim Noureddine, ancien secrétaire général du Conseil suprême des antiquités, insiste sur le fait que « l’assurance des musées n’est pas chose nouvelle sur le plan mondial, mais en Egypte, il paraît que cette question n’est pas très bien assimilée. Il faut toujours chercher de nouvelles visions hors des sentiers battus afin de protéger les musées ». Il ajoute que « l’idée d’assurer les musées est unique­ment d’ordre pratique. Au moins en cas de vol, on aura une sorte d’indemnisation matérielle ».

Risques imprévisibles

Si pour le directeur du Musée d’art islamique « la sécurité des musées est garantie— on a à titre d’exemple un personnel de surveillance bien formé, un système de lutte contre l’incen­die, des caméras de surveillance— on ne peut pas prévenir un attentat comme celui ayant causé de graves dégâts dans le Musée d’art islamique ». L’assurance des musées paraît ainsi nécessaire dans un contexte où les risques imprévisibles sont à redouter.

Mais l’idée d’assurer les musées se heurte à plusieurs obstacles dont le versement de la prime d’assurance et la fixation de la valeur des pièces, qui restent jusqu’à présent des questions non tranchées.

Selon le chef du département de financement au sein du ministère des Antiquités, Mohamad Sami, « c’est une première d’assurer un musée en Egypte, il faut bien étudier l’affaire. Il est aussi important de préciser la valeur des pièces: est-ce qu’elle sera fixe ou variante? Les clauses et les conditions d’une telle police ne sont pas encore fixées. Elles exigent un temps suffisant pour en discuter ».

Le sujet d’une assurance pour les musées se veut nouveau dans un pays regorgeant de monuments et de pièces antiques sans pareils. Pourtant l’idée paraît étrange: Comment fixer la valeur des anti­quités ainsi que la prime d’assurance? Les compa­gnies d’assurances assumeront-elles la couverture nécessaire en cas de risque? A présent, il n’a pas été décidé si les musées seraient couverts par une assurance tous risques. L’idée est encore à ses débuts.

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