Mon crime a été d’être présent au mauvais moment, au mauvais endroit, lorsque les forces de l’ordre ont fait irruption dans la mosquée d’Al-Fatah, le 16 août. Pensant que je suis pro-Morsi, ils m’ont arrêté alors que je n’ai rien à avoir avec les Frères musulmans.
Les policiers m’ont fait monter dans un fourgon et m’ont battu pour me forcer à faire des aveux. Ils m’ont donné des coups de pied, des coups de poing, m’ont tiré les cheveux et giflé au visage. Durant l’interrogatoire, quelqu’un m’a demandé si je préférais être traité comme un animal ou un être humain. J’ai répondu : « Comme un être humain ».
J’avais les mains liées et les yeux bandés. L’agent chargé de l’enquête m’a fait subir des électrochocs. Puis, il a saisi ma tête et l’a cognée à plusieurs reprises contre le mur, jusqu’à ce qu’un second agent soit arrivé et m’ait fait la même chose. Il m’a demandé de me coucher par terre, puis s’est mis à me donner des coups de pied jusqu’à ce que j’aie perdu connaissance. L’interrogatoire a duré une heure, puis ils m’ont livré à un policier qui m’a emmené dans une cellule sombre dans un sous-sol sans fenêtre, ni lumière. Là, je suis resté 12 heures environ.
Ensuite, ils m’ont emmené dans une prison pour adultes, j’ai assisté à des scènes horribles. Il y avait beaucoup de violence, de torture et de viol. Les policiers jetaient de l’eau lorsque les détenus perdaient connaissance. J’ai cru qu’ils allaient mourir après toutes ces séances d’électrochocs. J’ai passé 45 jours en prison. Tous les jours, je subissais des interrogatoires.
L’un des agents a eu pitié de moi. Il m’a laissé téléphoner à ma mère à plusieurs reprises avec son propre cellulaire et en cachette. L’homme en question n’était pas un ange puisqu’il participait aux séances de torture. Mais mon cas l’a rendu un peu plus humain, en raison de mon jeune âge, sans doute. Grâce à lui, j’ai pu dire à ma mère que j’étais encore en vie.
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