Une importante caravane médicale pluridisciplinaire au profit des habitants d’Assiout se déplace de village en village et sillonne les zones les plus éloignées. Cette caravane mobile est convertie et aménagée en un centre médical mobile afin de fournir un service de soins de santé facile d’accès pour les gens qui habitent dans les régions rurales et éloignées du sud. Des centaines de personnes font la queue. Elles attendent pour une consultation. Celles qui nécessitent une hospitalisation ou une prise en charge chirurgicale sont orientées vers les hôpitaux les plus proches. Une équipe médicale composée d’une trentaine de médecins généralistes et spécialistes effectue des consultations gratuites, et les médicaments sont délivrés gratuitement sur ordonnance. Cette caravane médicale fournit aussi des prestations dans le domaine du dépistage du diabète et de l’hypertension artérielle, ainsi que de la détection précoce du cancer du sein et du col de l’utérus.
Une initiative qui tombe à pic alors que dans les villages et faubourgs éloignés situés dans le gouvernorat d’Assiout, les habitants ont un accès restreint aux soins. Quelques cas seulement se présentent au centre de santé qui fournit uniquement des soins de santé primaires. Comme les autres, Oum Nagah, 50 ans, habitante du village de Chanalkil, à Assiout, est venue s’y faire soigner. « C’est une initiative salutaire pour nous les démunis. Cela fait trois mois que je suis malade et, faute de moyens, je n’ai pas pu me rendre à l’hôpital », témoigne cette patiente, satisfaite d’avoir reçu des prestations de soins gratuits. Elle poursuit: « Je ne peux pas me permettre de prendre un rendez-vous médical chez un praticien privé, car cela coûte cher, pas moins de 200 L.E. la consultation. Ici, il suffit seulement de se présenter tôt le matin, à 7h par exemple, pour s’inscrire sur la liste accrochée à la porte. Et tout est gratuit: consultations, analyses, médicaments, etc. ».
La caravane médicale, qui entre dans le cadre de l’initiative intitulée Haya Karima (vie décente), a pour objectif d’apporter aide et assistance aux personnes démunies. La première phase avait été lancée en 2019 et la deuxième au début du mois d’octobre 2020 par le ministère de la Solidarité sociale. Et l’initiative doit se prolonger jusqu’en 2025.
Point de départ: Assiout
Au cours de cette deuxième phase, des unités médicales mobiles vont couvrir 375 villages situés dans 11 gouvernorats, dont Assouan, Assiout, Louqsor, Béheira, Daqahliya, Qalioubiya, Minya, la Nouvelle Vallée, Sohag, Qéna et Matrouh où le taux de pauvreté dans certaines régions dépasse les 70%. « Nous avons commencé par Assiout car c’est le gouvernorat où le taux de pauvreté est le plus élevé. 40713 habitants pourront bénéficier de soins gratuits fournis par 102 caravanes médicales mobiles. Arrive en seconde position le gouvernorat de Sohag avec 101 caravanes médicales qui présenteront leurs services à 38931 habitants, et le gouvernorat de Qéna vient en 3e position avec 31 caravanes pour couvrir les besoins de 11758 habitants », précise Dr Névine Al-Qabbag, ministre de la Solidarité sociale. Et d’ajouter: « L’accès difficile aux soins, surtout dans les villages de Haute-Egypte, où les structures sanitaires manquent, fait que ces régions restent particulièrement isolées. C’est dans ce contexte d’isolement que notre initiative Haya Karima a été sollicitée pour lancer des caravanes médicales mobiles dans ces régions éloignées ».
En fait, ces caravanes médicales mobiles font le tour de plusieurs gouvernorats. Placées sous les auspices de la ministre de la Santé et de la Population, Dr Hala Zayed, de la ministre de la Solidarité sociale, Névine Al-Qabbag, et du gouverneur d’Assiout, Essam Saad, en coordination avec 23 ONG, ces caravanes fournissent des prestations médicales gratuites en médecine générale, gynécologie, pédiatrie, cardiologie, oto-rhino-laryngologie, ophtalmologie, gastro-entérologie, dermatologie et des soins dentaires. Et même des tests de laboratoire et d’imagerie médicale y sont réalisés. Deux ambulances sont mises à la disposition des malades pour faciliter leur transport. Et, pour assurer la réussite de cette initiative, l’équipe médicale dispose de tous les équipements biomédicaux nécessaires, tels un appareil d’ophtalmologie, un cardiogramme, trois appareils d’échographie et une unité mobile de médecine dentaire.
Priorité aux personnes non assurées
Il s’agit de la plus grande initiative du genre jamais réalisée avec un budget prévisionnel s’élevant à 8,52 millions de L.E.
Les habitants ainsi que les malades saluent à l’unanimité cette initiative, vu le manque de médecins spécialistes dans ces régions éloignées et le coût élevé des examens cliniques pour les personnes qui présentent des symptômes de maladies chroniques. Agé de 40 ans, Mohamad travaille comme chauffeur et habite à Ezbet Tassa, située dans le gouvernorat d’Assiout. Il raconte son histoire. « J’ai eu un grave accident de circulation en 2016 et j’ai perdu l’usage de mes deux jambes suite à une erreur chirurgicale. Je ne pouvais plus travailler et j’ai été privé de mes sources de revenus, alors que j’ai quatre enfants à nourrir. C’est grâce à Haya Karima que j’ai réussi à marcher de nouveau. Le chirurgien de l’initiative m’avait fait subir une autre intervention qui a réussi cette fois-ci », témoigne-t-il avec allégresse.
Ces caravanes médicales sont encadrées par un staff médical de 38 personnes dont 30 médecins (spécialistes et généralistes) et 8 infirmières. Le Dr Abdel-Wahab Abdel-Samad, ophtalmologue, confie faire tout son possible pour prendre en charge le maximum de malades qui se présentent. « Notre cible prioritaire, ce sont les personnes âgées, les femmes, les enfants et tous ceux qui ne disposent pas de couverture d’assurance maladie. Durant les deux premiers jours, nous avons reçu entre 500 et 700 personnes qui habitent différents villages », dit-il.
Lors de cette mission médicale, un cas de tumeur diagnostiqué sur le visage a été traité par chirurgie à l’hôpital d’Assouan. Deux malades ont subi des interventions chirurgicales délicates à Minya et se portent bien et 160 personnes ont subi des opérations de la cataracte à Béni-Souef. Un programme dont l’action a été couronnée d’un large succès à Qalioubiya. Ces caravanes médicales
mobiles relancées au début du mois d’octobre 2020 travaillent en collaboration avec les hôpitaux publics, les directorats de santé, les autorités locales ainsi que les ONG avec des médecins et des spécialistes qui interviennent bénévolement.
Cette mission d’offrir des soins de santé gratuits aux populations démunies fait partie d’un programme de soins qui a été lancé en octobre 2019 (1re phase) dans différentes régions défavorisées du pays, notamment celles du sud, en vue de leur épargner les déplacements vers des structures sanitaires éloignées.
Sensibilisation au Covid-19
Durant la première phase de ce même programme mis en place, 111711 bénéficiaires ont profité des 284 caravanes médicales lancées à travers les 11 gouvernorats où le besoin en renfort de soins de santé se faisait cruellement sentir. « Ces caravanes ont procédé à une série de consultations et d’interventions chirurgicales dont 56273 opérations de la cataracte, 795 consultations ophtalmiques et 1826 interventions chirurgicales graves. 17000 paires de lunettes de correction ont été distribuées aux élèves, ainsi que 650 appareils et supports artificiels pour handicapés, sans oublier les 450 personnes qui ont reçu des prestations gratuites dans le domaine de dépistage du diabète », déclare Khaled Abdel-Fattah, responsable de l’initiative Haya Karima auprès du ministère de la Solidarité sociale. « Ces caravanes médicales sont dotées d’un laboratoire pour passer divers examens biologiques. Pour cette 2e phase, nous avons introduit la sensibilisation à la pandémie de Covid-19 et des tests PCR en cas de besoin », ajoute avec précision Khaled Abdel-Fattah, en soulignant que c’est la plus importante initiative jamais réalisée avec un budget prévisionnel estimé à 8,52 millions de L.E. au total, dont 83% de l’argent a été versé par le ministère de la Planification, le ministère de la Solidarité sociale et le ministère de la Santé, et le reste, soit 17%, a été versé par des ONG.
Aujourd’hui, les caravanes médicales mobiles poursuivent leur périple à travers d’autres zones défavorisées et d’autres villages et faubourgs éloignés en Haute-Egypte, selon les organisateurs.
Les infirmières travaillant dans ces unités mobiles fournissent un ensemble de services médicaux qui permettent de combler le manque de services de santé dans les régions éloignées. Les services incluent également des conseils médicaux, de petites opérations et la surveillance de la tension artérielle.
Et pour que cette initiative soit profitable pour tous, les membres de la mission médicale ont organisé une large campagne de sensibilisation pour éviter les risques de propagation du coronavirus parmi les habitants, surtout les enfants et les personnes âgées. Plusieurs caravanes ont été mobilisées à cet effet. « Nous avons prodigué des conseils aux mamans et aux enfants pour limiter les risques de contamination au Covid-19 et ce, en respectant les mesures de distanciation sociale, en utilisant du gel alcoolisé et en se lavant les mains avec du savon », énumère l’un des organisateurs, et ce, en distribuant des masques, des affiches, des dépliants de sensibilisation et des produits désinfectants, tout en rappelant aux familles les symptômes du virus.
Et ce n’est pas tout. Les bénévoles et les spécialistes expliquent aux habitants de différents villages l’importance de l’hygiène pour la santé de l’individu. Le programme de cette caravane comprend également des campagnes de sensibilisation sur la prévention des maladies et l’éducation à la santé. Autant de services bien accueillis par les habitants qui pensent que la caravane a un impact positif sur leur vie sanitaire. « Une action de solidarité dont bénéficie un grand nombre de malades qui manquent de moyens, surtout ceux qui résident dans des zones défavorisées et à laquelle participent de jeunes médecins bénévoles. Ces derniers exhortent les pouvoirs publics à multiplier ce genre d’initiative », conclut Rahma Mohamad, directrice de l’ONG Raeï Masr ,
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