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Magdy Khalaf : Le patient doit consulter si la migraine commence à impacter son quotidien

Chérif Albert, Mardi, 24 décembre 2019

La migraine est un mal de tête particulier qui pèse sur la vie de ceux qui en souffrent. Le Professeur Magdy Khalaf, ancien directeur de l’hôpital Al-Matariya, où il continue d’exercer comme neurologue consultant, nous fournit quelques éclaircissements sur cette maladie.

Magdy Khalaf

Al-Ahram Hebdo : Qu’est-ce qu’une migraine ? Et comment distinguer une migraine d’un simple mal de tête ?

Pr Magdy Khalaf : Distinguons d’abord deux grandes catégories : la migraine classique (dite migraine avec aura), elle est précédée de symptômes souvent visuels comme le scotome qui se traduit par l’appa­rition dans le champ visuel de points scintillants ou de taches noires, ou encore des vomisse­ments. Ces signes avant-coureurs annoncent l’accentuation des dou­leurs migraineuses qui la plupart du temps sont unilatérales (d’un seul coté du crâne).

La deuxième catégorie est la migraine commune (sans aura), où ses signes neurologiques n’appa­raissent pas.

Dans un cas comme l’autre, il s’agit d’une céphalée vasculaire due à une dilatation subite d’une ou de plusieurs artères intracrâniennes et qui se distingue par sa douleur pul­satile, c’est-à-dire une sensation de « battements » ou de « coups de marteau » dans la tête.

— Quelles en sont les causes ?

— Plusieurs facteurs peuvent déclencher cette dilatation vascu­laire, dont la libération de subs­tances chimiques dans le cerveau ou une perturbation de l’activité élec­trique neuronale. Bien que la migraine ne soit pas d’origine hor­monale, des crises de migraines peuvent survenir ou être exacerbées chez les femmes sous contraception ou stimulation ovarienne, ou chez certaines femmes durant les règles. La migraine est en effet une maladie complexe qui implique aussi des facteurs génétiques et psycholo­giques.

Magdy Khalaf
(Photo : AFP)

— Certains aliments ou boissons peuvent-ils exacerber les crises de migraine ?

— Oui, en premier lieu les bois­sons alcoolisées au-delà de cer­taines limites, certains fromages fermentés, les mets épicés, la caféine — même si dans un premier temps elle calme la douleur, elle peut à fortes doses avoir un effet opposé. Il faut noter aussi que cer­tains médicaments sont à éviter pour les personnes prédisposées comme le Tramadol, le Sildénafil (Viagra) … il faut donc demander l’avis du médecin.

— Quand faut-il consulter et à quel médecin s’adresser ?

— Le patient doit consulter un neurologue, si les crises de migraine persistent plus de trois semaines, mais surtout lorsqu’il en sent l’im­pact sur son quotidien. Parce qu’en l’absence de traitement, la fré­quence des crises augmente au point de rendre la vie insupportable.

— Comment se fait le diagnos­tic ?

— Il faut d’abord éliminer toute autre pathologie sous-jacente notamment une maladie vasculaire, une anomalie congénitale du crâne ou des vertèbres cervicales, etc. Dans certains cas, des examens complémentaires (angiographie vei­neuse et IRM cérébrales, essentiel­lement) sont recommandés.

— Et en termes de traitement ?

— Les triptans qui ont pour effet de réduire la dilatation des vais­seaux sanguins sont utilisés pour le traitement de crises aigues. Ils peu­vent être administrés par injection sous-cutanée ou par pulvérisation nasale pour les individus souffrant de nausées ou de vomissements. Pour les cas moins sévères on pres­crit des antalgiques et des calmants. Outre le traitement de crise, il y a un traitement de fond qui comprend quatre familles de médicaments, à savoir les anti-inflammatoires non stéroïdiens, comme l’ibuprofène, les antidépresseurs, les antiépilep­tiques et les opioïdes, quoique la prescription de ces derniers soit soumise à des restrictions.

Enfin le traitement préventif consiste à observer une bonne hygiène de vie au niveau de l’ali­mentation, du sommeil, de la pra­tique du sport, etc.

— Dans quelle mesure ces médi­caments sont-ils efficaces ?

— Avec une bonne hygiène de vie 70 % des migraineux peuvent guérir. Pour les autres, un ajustement du traitement permet souvent de réduire la fréquence et l’intensité des crises, ce qui a déjà un effet non négligeable sur la vie quotidienne du patient.

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