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Rania Sobhy : Les complications des chirurgies au laser sont souvent dues à la mauvaise sélection des patients opérables

Chérif Albert, Mardi, 10 décembre 2019

Démarche simple mais délicate, la correction au laser des troubles de la vision est la solution idéale pour ceux qui veulent se débarrasser de leurs lunettes. Dr Rania Sobhy, professeure d’ophtalmologie à l’Université du Caire, explique les différentes techniques de cette opération et les conseils à suivre avant et après.

Rania Sobhy

Al-Ahram Hebdo : Quels sont les troubles visuels qui peuvent être traités par la chirurgie au laser ?

Dr Rania Sobhy : La chirurgie réfractive, qui concerne les troubles de la vision, permet notamment de traiter la myopie (vision floue de loin), l’hypermétropie (vision floue de près), la presbytie (perte de la capacité à voir de près avec l’âge) et l’astigmatisme (vision déformée de près comme de loin).

— Existe-t-il différents types de chirur­gie ?

— Les quatre techniques de chirurgie réfrac­tive qui sont les plus pratiquées aujourd’hui sont la PRK, le LASIK, le Femto-LASIK et le Femto-SMILE.

— Qu’est-ce qui distingue chacune de ces techniques ?

— Le PRK est la technique la plus ancienne, et elle reste celle qui risque le moins de produire une ectasie cornéenne post-chirurgicale (bombement de la cornée). Son inconvénient, c’est que la réhabilitation est relative­ment plus longue, pendant les 3 à 5 jours suivant l’opération, le patient souffre de douleurs ocu­laires, de rougeur et de larmoie­ment, et parfois d’une vision trouble qui peut durer plus long­temps. Aussi, c’est une technique qui a ses limites, elle n’est pas possible en cas de myopie et d’hypermétropie au-delà de +/-5 dioptries et des astigmatismes au-dessus de 2 dioptries.

La deuxième technique, c’est le LASIK. Son avantage par rapport à la PRK, c’est que la douleur et le larmoiement disparaissent le lendemain de l’opération. En plus, la récupération visuelle est très rapide, seulement quelques heures après l’opération. L’inconvénient du LASIK, c’est qu’une cornée trop plate ou trop convexe ne s’y prêterait pas bien, aussi des incidents de découpes imprécises nous ont amenés au Femto-LASIK qui, de plus, a per­mis d’inclure des cas qui n’étaient pas opé­rables au LASIK.

Enfin, la technique Femto-SMILE est aujourd’hui la technologie la plus avancée. Elle permet d’opérer les cas à cornée mince, et elle présente moins de risque de sécheresse des yeux après l’opération.

— Est-ce que le patient participe au choix de la technique utilisée ?

— Concernant le choix de la technique opé­ratoire, plusieurs facteurs entrent en considéra­tion, comme l’épaisseur de la cornée, la sévé­rité du problème visuel, etc. Après l’examen du patient, le médecin lui propose les options qui lui conviennent. Le patient a donc souvent une marge de choix.

— Et qu’est-ce qui gouverne les préfé­rences des patients ?

— Chaque technique a ses avantages et ses inconvénients, notamment en ce qui concerne le délai de récupération qui va d’une heure à plusieurs jours, et les précautions postopéra­toires qui varient aussi … Il y a aussi le coût de l’opération qui varie sensiblement selon la technique utilisée.

— Quel est le taux de réussite de ces opé­rations ?

— Le taux de réussite est de l’ordre de 99 %, toutes techniques confondues. C’est une chirurgie simple, et ses complications sont le plus souvent dues à la mauvaise sélection des patients opérables.

— Quelles sont les conditions pour être un bon candidat à la chirurgie au laser ?

Les complications des chirurgies
Le patient doit s’adresser à un spécialiste de la cornée. (Photo : Reuters)

— Le médecin doit d’abord réaliser un examen préopératoire complet, dit « d’éligibilité » à la chirurgie laser. Il examine l’acuité visuelle, l’état de la rétine et de la cornée. Il s’agit de dépis­ter les yeux qui risqueraient d’être fra­gilisés par l’opération et d’éviter ainsi le risque de complications postopéra­toires. Il est formellement interdit de procéder à l’opération lors de cette pre­mière visite, qui sera réservée à l’exa­men du patient.

Les conditions d’éligibilité sont déterminées d’abord par les dimen­sions de la cornée qui doivent se situer dans des limites sûres, ensuite, par la stabilité des valeurs de correction au cours des deux dernières années, ce qu’on appelle la réfraction stable. Enfin, le patient doit être âgé de 18 ans au minimum et ne souffrir d’aucune maladie oculaire.

— Pourtant, il semblerait que cette opération soit prise un peu à la légère …

— Malheureusement, dans beau­coup de centres médicaux, ces chirur­gies sont pratiquées par des non-spé­cialistes, ce qui entraîne souvent des drames pour les patients. Le patient doit donc s’adresser à un ophtalmolo­gue spécialiste de la cornée et de chirurgie réfractive, ce qui, en Egypte, signifie un médecin ayant un doctorat. Le patient doit bien s’informer sur l’appareil utilisé ainsi que sur l’hôpital ou le centre médical où il sera opéré : un établissement accrédité par le JCI (Joint Commission International) pourrait être un indice rassu­rant.

— Ces démarches faites, existerait-il tou­jours des risques de complications postopé­ratoires ?

— Oui, cela concerne entre 1 et 2 % des cas. Une régression peut avoir lieu chez les personnes dont la vue est au-delà de 8 ou 9 dioptries de myopie. Ou une mauvaise correc­tion optique de l’ordre d’un quart de dioptrie. Dans ces cas, un retraitement suffit pour cor­riger le problème.

— A quoi ressemblent les premiers jours après l’opération ? Quelles sont les précau­tions à prendre ?

— On prescrit des collyres et un antibio­tique pour une dizaine de jours, ainsi qu’une dose de cortisone qui sera réduite graduelle­ment. Il est très important de voir le patient les 1er, 3e, et 5e jours après l’opération. Si après 5 jours, tout va bien, on dit au patient de reprendre sa vie normale.

Le jour de l’opération, il y aura des larmoie­ments, mais dès le lendemain, le patient arrive à la clinique tout sourire, il a commencé une nouvelle vie sans lunettes. Il peut déjà reprendre le travail et utiliser l’ordinateur. Pour la piscine et la natation, elles ne sont pas conseillées avant deux semaines. Le plus important dans tout cela c’est de ne pas se frotter les yeux et de ne pas dormir à plat ventre.

— Finalement, dans quelle mesure la chirurgie au laser est conseillée ?

— La chirurgie de correction de la vue n’est pas quelque chose qu’on recommande, une personne qui n’a pas de problème avec ses lunettes ne doit pas être poussée à la subir. Après tout, ce sont des chirurgies d’ordre esthétique, le patient décide d’y aller ou pas pour des raisons qui le concernent. Certains sont plus motivés que d’autres, comme les sportifs, les pilotes, les jeunes qui vont faire leur service militaire, ou simplement les gens qui ne tolèrent pas les lentilles de contact ….

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