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Hesham Tawfik: L'objectif des IPO est l'amélioration de la performance des entreprises

Névine Kamel, Mardi, 01 janvier 2019

Hesham Tawfik, ministre du Secteur des affaires, détaille à l’Hebdo la stratégie du secteur pour les 18 mois prochains notamment l'introduction des entreprises en bourse.

Hesham Tawfik,

Al-ahram hebdo : Depuis votre nomination en juin 2018, vous avez dessiné une nouvelle stratégie pour le secteur public des affaires. Quelles en sont les grandes lignes? Et qu’est-ce qui a été réalisé jusqu’à présent ?

Hesham Tawfik: Nous possédons 121 entreprises dépendant de 8 compagnies holding. Certaines d’entre elles sont en faillite depuis des années, ce qui néces­site certainement une restructuration. Nous avons choisi 26 entreprises ayant accumulé des pertes estimées à 6,7 mil­liards, soit environ 90% de la totalité des pertes. Nous avons analysé les rai­sons des pertes pour décortiquer les points de faiblesse et de force qui nous ont aidés à faire notre plan de restructu­ration. Outre les 26 entreprises en faillite, nous avons des secteurs qui ont réalisé des profits, mais qui ont néan­moins besoin de nouveaux plans pour promouvoir davantage leurs perfor­mances et leurs revenus. Dans la pre­mière phase, nous focalisons sur 40 entreprises des 121. Nous avons effecti­vement mis en marche le plan d’action avec l’aide de consultants locaux et régionaux, une aide qui est primordiale pour étudier les entreprises au cas par cas. La prochaine phase sera de les sou­mettre à des adjudications publiques.

— Qu’en est-il du financement? Le ministère a recensé des énormes superficies de terrains non exploités, quel est le plan les concernant ?

— Nous allons exploiter les biens immobiliers du secteur. Ceci inclut un nombre d’égrenages de coton outre les terrains non exploités. Nous possédons 25 égrenages. Nous n’avons pas besoin de tout ce nombre, surtout avec la nou­velle machinerie. Le nombre d’égre­nages sera réduit à 11 et les revenus des terrains des 14 autres égrenages non exploités dépasseront 25 milliards de L.E. Quant aux terrains non exploités, ils sont au nombre de 200 et nous entre­prenons les mesures avec l’aide du gouvernement pour qu’on puisse les vendre aux plus hauts prix après avoir changé la nature de l’exploitation des terrains. La plupart de ces terrains sont exploités à des fins commerciales et nous allons les transformer en des lots urbains dotés de services. Le finance­ment proviendrait de la vente de ces biens immobiliers.

— Quand ces terrains seront-ils vendus et quand la première adjudi­cation aura-t-elle lieu ?

— Les terrains seront soumis à une vente aux enchères à travers les entre­prises sous la supervision du ministère. Mais ceci ne se fera qu’en changeant la nature de l’exploitation des terrains. Nous avons mis sur pied un départe­ment qui travaille sur cette particularité. Nous avons eu recours à des évaluateurs immobiliers pour que la vente aux enchères soit conduite le plus tôt pos­sible, soit au deuxième trimestre de 2019. Nous aurons besoin d’un an et demi pour mener à bien les opérations de vente. La plupart des terrains seront vendus, mais d’autres seront exploités avec la participation des promoteurs immobiliers.

— Le ministère a déployé d’énormes efforts dans le dossier du règlement de la dette de ces entreprises, où en est-on ?

— Le total de la dette des entreprises en faillite redevables aux organismes souverains est une dette accumulée, mais fixe voilà des années, estimée à 35 milliards de L.E., dont les plus impor­tants sont les ministères du Pétrole et de l’Electricité la Banque nationale de l’in­vestissement et les Organismes des impôts fonciers et immobiliers. Nous avons des protocoles de règlement avec trois organismes avec une hauteur de 23 milliards de L.E., qui sont les ministères du Pétrole et de l’Electricité, la Banque nationale d’investissement. Nous sommes en train de conclure des proto­coles en vertu desquels les dettes seront versées en échange de lots de terrains. En ce qui concerne les nouveaux enga­gements, ils seront effectués en espèces. Une fois que la dette sera rééchelonnée et remboursée, les entreprises pourront regagner leur élan de manière à satis­faire leurs engagements et à améliorer leurs statuts financiers.

— Le dossier des IPO (introduction d'actions d'entreprises publiques en Bourse) est prioritaire. Mais, les conditions présentes des marchés émergents et l’état de la Bourse ont été un obstacle. Quand comptez-vous relancer les IPO? Et quelles sont les limites des prix des actions d’Eastern Company, la première entreprise concernée ?

— Nous sommes en pleine saison de fêtes et puisque le principal client d’Eastern Company est étranger, il nous est difficile de s’adresser à lui avant la mi-janvier 2019. La limite des prix par action pour cette entreprise est de 18,70 L.E. Actuellement, l’action dépasse les 17 L.E. Cependant, il ne faut pas que le prix de l’action atteigne le niveau maxi­mum qui est 18,70 L.E. pour redes­cendre plus tard. Il doit se stabiliser à ce niveau. Dès que le prix de l’action sera stabilisé, la Banque d’investissement pourra lancer l’offre.

— Le ministère des Finances est actuellement en besoin de fonds avec le retard du versement de la 5e tranche du prêt du FMI, initialement prévu en décembre 2018. Est-il donc question de hâter le programme des IPO censé prendre fin dans 18 mois ?

— Nous n’avons pas besoin de fonds. Ceux qui seront collectés par les opéra­tions d’offres publiques ne sont qu’une goutte d’eau. L’objectif derrière les appels de soumission en Bourse n’est pas le côté financier. Mais il est surtout question d’améliorer la performance des entreprises à travers une participation plus active du secteur privé outre l’acti­vation de la Bourse. L’essentiel est que ces fonds soient tournés vers les compa­gnies holding pour répondre aux besoins des entreprises qui leur sont dépen­dantes. Il existe une autre dimension. Que le ministère des Finances collecte ces fonds au cas où les compagnies hol­ding n’en ont pas besoin.

— Le constructeur automobile national Al-Nasr est l’un des dossiers les plus importants actuellement en discussion, surtout avec le rêve de relancer la construction automobile. Avez-vous des offres actuellement ?

— Nous faisons notre mieux pour choisir un partenaire international comme le cas du Maroc. Nous parlons avec les ministères du Commerce et de l’Industrie pour parvenir à un partenaire international et nous avons pour objectif essentiel l’exportation. Nous n’avons pas encore d’offres sérieuses. Il existe aujourd’hui une volonté de faire de l’Egypte une base pour la fabrication et l’exportation. Nous parlons aujourd’hui d’un nouvel objectif. Au lieu d’assem­bler, nous voulons ajouter un avantage compétitif local, et ceci ne se fera pas sans une nouvelle orientation vers les marchés étrangers. Et donc là, nous avons réorienté notre visée d’attirer l’investisseur qui cible également les marchés extérieurs et non seulement le marché interne. Al-Nasr peut servir de base à cet investisseur et partenaire, d’autant qu’il y a une demande sur l’Egypte en ce qui concerne la fabrica­tion automobile.

Nous parlons d’un projet énorme de fabriquer au moins 50000 véhicules par an pour promouvoir l’industrialisation, les opportunités d’emploi ainsi que la hausse des taux de croissance et des exportations. Le constructeur automo­bile Al-Nasr, bien que ses pertes annuelles soient estimées à 12 millions de L.E., est un vrai joyau et nous devons le préserver pour les opérations des par­tenaires étrangers, car il détient un large potentiel pour la fabrication et l’expor­tation.

— Sur quels critères vous basez-vous pour choisir le partenaire étran­ger ?

— Les critères sont essentiellement techniques. Les contrats seraient à base de partenariat et de partage des revenus à 50%. Par exemple, l’objectif actuel est de produire 100 véhicules. Si 3000 ou 5000 seulement sont produits, on mettra fin au partenariat et nous perce­vrons une amende, tel que stipulé dans le contrat.

— Où en est le plan de restructura­tion du secteur textile?

— Ce secteur accumule des pertes de 2,7 milliards de L.E. concentrées dans 8 entreprises d’un total de 23. Et ces pertes sont les plus importantes de toutes les compagnies holding dépen­dant du ministère. Raison pour laquelle nous avons commencé par ces entre­prises qui réunissent 60% des usines que nous possédons. Nous voulons fina­liser ce plan dans 18 mois, car nous voulons produire et récolter des rende­ments à partir de Mahalla, Kafr Al-Dawwar, Hélouan et Damiette. Outre cela, un plan de fusion visant à regrouper toutes les entreprises sous 11 seulement au lieu de 23. Le plan de restructuration est estimé à 25 milliards de L.E.

— Qu’en est-il de la Compagnie égyptienne de fer et d’acier ?

— Le consultant que nous avons dési­gné nous a présenté un nombre de recommandations au niveau de l’éva­luation de l’état des fours. Nous avons commencé à travailler avec la plus haute capacité de production, soit 420 tonnes par an. Nous arrêterons en jan­vier pour que le consultant reprenne ses évaluations. J’espère que ces fours ne seront pas endommagés pour qu’on puisse ensuite ouvrir la porte aux adju­dications. Nous n’accepterons pas d’offres directes, mais tout sera accom­pli à travers des adjudications, malgré les offres qui nous viennent de certaines compagnies, parmi lesquelles une entre­prise russe, de vouloir intégrer les opé­rations de restructuration. La Compagnie égyptienne de fer et d’acier ne sera pas liquidée, car elle est stratégique pour l’Etat. L’avenir de cette entreprise sera tranché en février prochain

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