Les projets de connexion électrique assurent une gestion économique idéale de l’énergie électrique tout au long de l’année.
Bénéficiant d’un emplacement idéal entre trois continents : l’Afrique, l’Asie et l’Europe, l’Egypte multiplie les projets régionaux et internationaux de connexion électrique et routière avec maints continents et pays. Les projets de connexion électrique assurent une gestion économique idéale de l’énergie électrique tout au long de l’année et permettent de mieux répartir l’électricité entre les pays en fonction des projets de développement dans chaque pays. Consciente de ces enjeux, l’Egypte a déjà établi des connexions électriques avec la Jordanie et la Libye.
Selon le ministre de l’Electricité, Mohamad Chaker, le ministère étudie actuellement l’augmentation de la capacité des liaisons électriques avec la Jordanie à 3 000 MW, ainsi que l’établissement de deux nouvelles stations de conversion dans les deux pays.
L’électricité bon marché
C’est dans le cadre de cette dynamique qu’au cours du premier semestre 2019, la première phase de la liaison électrique entre l’Egypte et le Soudan devrait être opérationnelle. « La première phase du projet de connexion électrique entre le Soudan et l’Egypte sera achevée d’ici fin janvier 2019 », a déclaré Ayman Hamza, porteparole du ministère de l’Electricité et des Energies renouvelables, suite à une rencontre avec le ministre soudanais de l’Eau, de l’Irrigation et de l’Electricité, Kedir Kesem, au Caire. Hamza a ajouté que cette liaison était d’environ 100 km de long et que la ligne de transport de la première phase d’une capacité de 220 kV serait portée à environ 500 kV lors de la deuxième phase.
Sameh Noamane, professeur de génie électrique à l’Université du Caire, trouve que la liaison électrique entre l’Egypte et le Soudan assure les intérêts mutuels des deux pays. Souffrant d’une pénurie d’électricité (seuls 35 % des Soudanais ont accès à l’électricité), le Soudan importe ses besoins d’Ethiopie à des prix élevés, étant donné la distance entre les deux pays. La liaison électrique avec l’Egypte lui permettra d’obtenir ses besoins énergétiques d’un pays proche et à des prix raisonnables. Pour l’Egypte, la rentabilité de ce projet réside dans la vente du surplus de production électrique, d’autant plus que la ligne avec le Soudan facilitera à l’avenir la liaison électrique avec d’autres pays africains qui ont besoin d’électricité comme l’Erythrée et le Tchad », estime Noamane.
Une économie de 3 000 MW
Outre le Soudan, un projet de raccordement électrique entre l’Egypte et l’Arabie saoudite est en cours. La première phase devrait débuter au premier semestre 2019 et commencera à fonctionner en 2020 avec une capacité de 1 200 MW. Le projet vise à échanger 3 000 MW en période de pointe grâce à un câble sous-marin de 16 km de long et d’une capacité de 500 kV. La mise en service de l’ensemble du projet est prévue pour 2021. Noamane estime qu’il s’agit d’un modèle idéal de connexion électrique en raison de la différence entre les deux pays en termes d’heures de pointe, ce qui permettra de sauver environ 3 000 MW pour les deux pays. « Une fois mis en vigueur, ce projet permettra à l’Egypte d’intégrer le réseau régional en place depuis 2009 et qui englobe le Koweït, l’Arabie saoudite et Bahreïn. Un premier noyau pour la création d’un marché arabe commun de l’électricité au nord de l’Afrique. Un fait qui soutient l’aspiration de l’Egypte à devenir un centre régional d’exportation de l’énergie et renforce la coopération entre les pays arabes en matière d’énergie », souligne l’expert. L’Egypte compte aussi se connecter au réseau électrique européen via des câbles maritimes d’une longueur totale de 1 707 km devant la relier à Chypre et à la Grèce.
Ce câble a une capacité de 2 000 MW. Le projet est en cours ainsi que les études économiques relatives à la construction, l’exploitation, la maintenance et l’assurance. Les contrats devraient être signés au cours du premier semestre 2019. Ce qui n’empêche pas que le projet soit bien avancé.
L’Egypte, centre régional de fourniture électrique
Gamal Al-Qalioubi, expert énergétique, explique que la liaison électrique entre le nord et le sud de la Méditerranée absorbera l’énorme production d’électricité issue des nouveaux projets hydroélectriques et d’énergie propre en Egypte. « La Grèce a intérêt à établir cette liaison électrique avec l’Egypte qui dispose d’un surplus de production d’électricité. Soulignons également que l’Union européenne cherche des fournitures électriques et pourrait acheter l’électricité de l’Egypte à travers ce câble qui se prolongera en Europe », explique Al-Qalioubi. Il ajoute que le transport de l’électricité africaine vers l’Europe à travers Chypre et vers l’Asie à travers l’Arabie saoudite ouvre de nouveaux horizons de coopération pour l’Egypte sur les trois continents. Ces projets électriques permettraient à l’Egypte de devenir un centre de fourniture électrique entre l’Europe, les pays arabes et l’Afrique.
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