L'assassinat du procureur général Hicham Barakat, fin juin, a incité le gouvernement à promulguer une nouvelle loi antiterroriste.
Outre les clauses de la loi antiterroriste, le syndicat des Journalistes se prépare à une autre bataille, celle du projet de loi relatif à la presse et aux médias. Ce projet, actuellement en préparation, vise à adapter la législation actuelle à la nouvelle Constitution.
Deux comités travaillent parallèlement sur le projet, un gouvernemental et l’autre formé par le syndicat des Journalistes. Tandis que le gouvernement annonçait qu’il travaillait sur le projet, le syndicat des Journalistes a estimé que le droit de rédaction de la loi lui revenait exclusivement. Résultat : la tension est montée entre les deux camps.
« Le gouvernement avait préparé un projet de loi sans consulter le syndicat, mais il n’a pas osé le dire », dit Karem Mahmoud, président de la commission des lois au syndicat des Journalistes. Le chef du gouvernement, Ibrahim Mahlab, s’était réuni avec Diaa Rachwan, alors chef du syndicat, et Galal Aref, chef du Conseil suprême de la presse, et leur a dit que le comité gouvernemental, qui travaillait sur le projet, avait un rôle « purement consultatif ». Selon Mahmoud Kamel, membre du conseil du syndicat des Journalistes, l’annonce du gouvernement est intervenue lorsque le projet de loi préparé par le Syndicat a pris du retard.
Le comité du Syndicat est formé de cinquante membres : six représentants du syndicat des Journalistes, six du Conseil suprême de la presse, six du syndicat des Médias en cours de fondation, six des médias officiels et privés, ainsi que des représentants du syndicat public des Travailleurs de l’imprimerie et de la publication.
Le comité compte aussi des figures publiques, des juristes, le chef de l’Union des écrivains, des représentants de la société civile et des professeurs de communication de masse. « Ce comité a terminé son travail dimanche 12 juillet. Le syndicat va à présent appeler le gouvernement à former un comité commun qui regroupera les représentants des deux comités (celui du gouvernement et celui du syndicat) et ce comité commun sera responsable, conformément à une décision de Mahlab, de rédiger le texte final de la loi, en conciliant les deux versions du projet », affirme Karem Mahmoud. Une fois prêt, le nouveau projet devra attendre les élections parlementaires.
Le projet en question doit en principe accorder une plus grande indépendance aux médias. Le Conseil suprême de la presse (en charge de la presse dans la loi actuelle) devrait être annulé et remplacé par l’Autorité nationale de la presse. Idem pour l’Union de la radiotélévision qui sera remplacée par l’Autorité nationale des médias. Enfin, un conseil suprême des médias sera créé et chargé de la gestion des médias audiovisuels et de la presse écrite et électronique. « Si un citoyen se plaint d’un journal pour diffamation par exemple, ce conseil doit procéder à des investigations et imposer des sanctions à ce journal s’il est coupable », explique Karem Mahmoud. « La mission du conseil sera de garantir la liberté de la presse et des médias audiovisuels, et de protéger leur indépendance et leur objectivité. Il établira les critères à même de garantir le professionnalisme et l’éthique de ces médias et à même de protéger la sécurité nationale », ajoute Karem Mahmoud.
Mais ce n’est pas tout. Karem Mahmoud ajoute que le projet englobera aussi des propositions d’amendement du code pénal en ce qui a trait aux peines de prison dans les délits d’opinion. Selon l’article 71 de la Constitution : « Aucune peine restreignant la liberté ne peut être imposée dans les délits de publication. La loi définit en revanche les peines en cas d’incitation à la violence, de discrimination et d’atteinte à l’honneur », affirme Karem Mahmoud. Et de conclure : « La bataille sera longue ».
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