6 000 pièces antiques font l’objet de la nouvelle scénographie antique et moderne du Musée gréco-romain d’Alexandrie, retraçant l’histoire des relations des Egyptiens avec les Grecs et les Romains, ainsi que les influences réciproques surtout sur leurs modes de vie. « MoYΣEIoN », qui veut dire musée en grec, est gravé sur la façade du musée, en forme de temple antique. Sur une superficie de 4 500 m2, le Musée gréco-romain ouvre ses portes au public après 18 années de clôture dont 5 consacrées à son développement. « Le projet de développement du musée comprend le renforcement des anciens murs avec du bois, la restauration de la façade classique, le travail de peintures murales de l’extérieur et de l’intérieur, ainsi que le développement des systèmes d’éclairage et de surveillance », explique Sami Al-Chanchoury, superviseur de la restauration du Musée gréco-romain, ajoutant que l’isolation des murs sauvera en même temps l’édifice antique, ainsi que les pièces archéologiques, soit celles exposées ou celles stockées.
Avec un coût de 567 millions de L.E., la réhabilitation du musée est considérée comme étant l’un des plus grands projets de restauration en Egypte. Bien que la restauration et le déplacement des pièces n’aient duré qu’un an et 4 mois, le choix des pièces, ainsi que la muséologie et la création des deux nouveaux étages ont duré longtemps. « On a affronté beaucoup de défis lors de ce projet. Citons à titre d’exemple la reconstruction du temple de Sobek à l’intérieur du musée », souligne-t-il, expliquant que les grandes pièces du temple étaient autrefois exposées dans le jardin du musée, alors que les plus petites étaient conservées dans 86 grandes caisses dans les entrepôts avant la fermeture du musée en 2005. De même, le déplacement de quelques statues colossales était un grand défi, à l’exemple du colosse du Patio, autrement dit la place de la Reine. « Cette statue représente une reine ptolémaïque incarnant la déesse Isis, elle pèse près de 25 tonnes et fait 11 m de haut. Son déplacement était un défi majeur », dit Sobhi Achour, membre du comité scientifique de la muséologie du musée, racontant que cette statue colossale avait été découverte engloutie par l’Egyptien Kamel Aboul-Saadat dans les années 1960. « Le piédestal original de ce colosse qui faisait à peu près 2 m de haut avait disparu. Alors le comité de restauration a refait un autre avec des matériaux adéquats », indique Al-Chanchoury. Il souligne que l’équipe des restaurateurs s’est mise d’accord sur la nécessité de préserver l’environnement au sein du musée.
(Photo : Ibrahim Mahmoud)
La vie avant Alexandre le Grand
Le circuit de visite débute de la salle n°1 à droite de la porte d’entrée. « La vie avant Alexandre le Grand » est le thème dominant. Deux stèles en granite noir provenant du Musée égyptien sont à l’accueil. « Ces stèles montrent, d’une part, la relation entre la Grèce et l’Egypte, surtout dans le domaine du commerce et, d’autre part, la présence de quelques Grecs en Egypte avant même l’arrivée d’Alexandre le Grand », raconte Achour. 44 vitrines, dont 24 au rez-de-chaussée et 20 au 2e étage, font le total des petites pièces exposées, telles que les uniques têtes d’Alexandre le Grand décorant la salle n°1, des pièces de monnaie portant les effigies des empereurs et des reines pendant les ères grecque, romaine et perse sont exposées au 2e étage, ainsi que les statuettes de Tanagra.
La reine ptolémaïque incarnant la déesse Isis.
Muséologie originale
Les couleurs des murs sont remarquables, la peinture grise dominant dans la salle 1, puis le visiteur passe à un pavillon en couleur bleue qui marque le passage à l’ère ptolémaïque. Statues, ustensiles variés et plaques en mosaïque font partie des salles de cette époque. Le son joue aussi un rôle important dans la visite du musée. On entend le son de l’eau de mer, ainsi que les murmures des archéologues qui marquent la découverte des pièces submergées, à l’est d’Alexandrie, tout près de la forteresse de Qaïtbay. Ces sons dominent les autres salles toujours peintes en bleu. « La muséologie dans ce musée est spéciale. On a non seulement exposé les pièces de façon différente mais en plus, on a équipé quelques salles d’écrans où l’on expose des vidéos montrant les processus de la découverte de quelques pièces », explique Ali Dahi, chef de l’administration centrale des affaires muséales et membre de l’équipe de la scénographie, indiquant que le comité muséologique vise à raconter différemment l’histoire de cette civilisation.
Les maisons des citoyens grecs et romains en Egypte sont également montrées différemment. « On a utilisé quelques pièces funéraires, des statues et des pierres tombales, ainsi que des meubles funéraires pour faire l’anastylose d’une maison ordinaire de cette époque », explique Dahi.
Colosse rare en porphyre rouge de l’empereur romain Dioclétien (au centre).
Les figurines de Tanagra sont parmi les pièces exceptionnelles du musée. Celles-ci, faites en terre cuite, ont apparu en Grèce entre les IVe et IIIe siècles av. J.-C. « C’est un art très fin représentant des femmes en vêtements drapés. Vu leur grand nombre et leur variation, on a préféré les entasser dans une seule vitrine afin de refléter les modes vestimentaires de l’époque », estime Yasmine, conservatrice de la section des figurines au Musée gréco-romain.
Plus loin, le visiteur se retrouve dans des salles peintes en rouge marquant le passage vers l’ère romaine. « On a choisi le rouge pour marquer les pièces remontant à l’ère romaine. La façon chronologique est mêlée avec une exposition thématique qui montre les modes de vie, l’art, les cultes et les croyances de l’époque, ainsi que la préparation pour la vie de l’au-delà », développe Dahi, montrant que les décors, l’éclairage, les pancartes et les pièces montrent l’idée muséale d’une façon originale.
Enfin, le 1er étage du musée regroupe les salles éducatives, les archives et la salle Gypsoteca qui comprend des répliques des trésors égyptiens se trouvant dans des musées étrangers. Le musée est aussi muni d’une salle de conférences, ainsi que d’une bibliothèque renfermant 12 400 livres multilingues dont une partie comprenant des éditions rares. « Le Musée gréco-romain organisera des ateliers et diverses activités pour attirer les enfants », conclut le chef de l’administration centrale des affaires muséales.
Infos pratiques
Horaires d’ouverture : tous les jours de 9h à 17h
Guichet fermé à 16h30
Prix des billets
40 L.E. pour adulte égyptien ou arabe
20 L.E. pour étudiant égyptien ou arabe
300 L.E. pour adulte étranger
150 L.E. pour étudiant étrange
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