La main votive, présentée pour satisfaire les divinités. (Photo : Ministère du tourisme et des antiquités)
La mission égypto-française du Département des antiquités submergées du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), en coopération avec l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine (IEASM), vient de découvrir les vestiges d’un temple submergé dédié à la divinité grecque Aphrodite qui date du Ve siècle av. J.-C., soit 200 ans avant l’arrivée d’Alexandre le Grand en Egypte et la fondation de la ville d’Alexandrie. Les membres de la mission opéraient à 7 km de la baie d’Abouqir à l’est d’Alexandrie. Ils plongeaient au moins à 7 mètres de profondeur dans la Méditerranée pour atteindre la ville submergée de Thônis-Héracléon, où ils ont fait leur découverte.
« C’est la première fois que l’on découvre un temple dédié à la divinité Aphrodite à cet emplacement », souligne Islam Sélim, directeur du Département des antiquités submergées au CSA, assurant qu’une telle trouvaille est attendue depuis longtemps. « Après le déclin du quai est et la perte de sa valeur économique, cette région de la ville submergée Thônis-Héracléon était consacrée à l’irrigation des temples dédiés aux différentes divinités et un endroit de refuge pour les citoyens qui venaient en quête de bénédiction. Ce temple, dédié à une divinité grecque, a été érigé par la communauté grecque qui vivait dans cette région pour pratiquer leur culte », explique-t-il.
Les pièces trouvées sont en bon état de conservation.
La mission a découvert les vestiges de certains bâtiments en argile consolidés de supports architecturaux en bois ; des bases de bâtiments ont également été trouvées. Etant donné que la ville de Thônis-Héracléon se trouvait sur l’embouchure de l’ancienne branche canope du Nil, « il est impossible de trouver des bâtiments complets, à cause des tremblements de terre très forts qui ont secoué la région pendant le IIe siècle avant notre ère, causant la disparition complète de la ville sous les eaux de la Méditerranée », reprend Sélim.
La mission a également mis au jour les dépôts et les casiers de conservation des offrandes et des céréales. « Nous avons trouvé des bijoux en or comme les boucles d’or en forme de tête de lion, l’oeil d’oujat, un pendentif, des vases d’albâtre qui étaient utilisés dans la conservation des flacons de parfums et des crèmes de maquillage », souligne Franck Goddio, président et fondateur de l’IEASM . En fait, toutes les trouvailles archéologiques appartiennent à la divinité de la beauté et de la féminité grecque Aphrodite. Parmi les trouvailles les plus distinguées figure un groupe de récipients en argent qui étaient utilisés dans les rituels religieux et funéraires.
Les pièces trouvées sont en bon état de conservation.
La mission a aussi découvert des pièces en céramique importées de la Grèce, des pièces archéologiques en bronze, à l’instar d’une cruche de bronze en forme de canard, également un poing en calcaire. « Le poing était l’une des fameuses offrandes à cette époque lointaine que présentent les pieux pour que la divinité réalise leurs souhaits ou leur évite les faits nocifs », explique Sélim.
Les pièces trouvées sont en bon état de conservation.
Malgré ces découvertes, la cité Thônis-Héracléon, qui a existé du VIIIe siècle av. J.-C. jusqu’à l’âge ptolémaïque, reste encore un site vierge aux yeux des archéologues. Les premiers indices archéologiques de cette cité ont apparu en 1943 grâce au prince Omar Tosson. « Le prince avait fait des relevés et a indiqué des repères que nous avons suivis et d’où on a dégagé certaines pièces », reprend Sélim, soulignant qu’il est encore trop tôt de déterminer les dimensions du temple découvert. « Notre mission y fonctionne depuis 1998. Et chaque saison se termine par de nouvelles questions à répondre », conclut-il.
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