Après dix mois seulement de restauration et de travaux de sauvetage, la mosquée d’Al-Aqmar, située dans la rue Al-Moez Li Dine Allah, dans le quartier cairote d’Al-Gamaliya, est prête à accueillir les fidèles. Le ministère du Tourisme et des Antiquités a rouvert ses portes aux prières comme à la visite. « Financés par la communauté indienne d’Al-Bahara, les travaux de restauration de ce joyau islamique ont commencé en octobre 2022 », souligne Mostafa Waziry, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), lors de la réouverture de la mosquée, ajoutant que le coût total du projet est de 14 millions de L.E.
Construite en 1125 sous Al-Amer Bi Ahkam Allah, 7e calife fatimide d’Egypte, la mosquée d’Al-Aqmar se caractérise par l’architecture de sa façade, renfermant une grande variété de décorations. C’est cette façade qui l’a rendue l’une des plus belles mosquées de la période fatimide et l’un des plus anciens exemples de petites mosquées égyptiennes. Sa cour intérieure ne fait que 10 x 10 m. Elle est bordée d’inscriptions coraniques en caractères coufiques, tandis que sa façade suit l’alignement de la rue.

Selon Abou-Bakr Abdallah, directeur exécutif du secteur des monuments islamiques, coptes et juifs au ministère des Antiquités, les travaux de restauration ont consisté à nettoyer la façade, les colonnes en marbre et la qibla. « Le plus difficile a été le drainage de l’eau souterraine qui est très problématique dans un quartier populaire », explique-t-il. De même, les travaux ont inclus le changement du système d’éclairage, ainsi que l’infrastructure et la peinture des murs. « L’élimination des suies qui couvraient les colonnes a été très difficile. On a dû couvrir les fenêtres de fils pour empêcher l’entrée des oiseaux », explique Hicham Samir, assistant du ministre du Tourisme et des Antiquités.
Pour sa part, Abdel-Réhim Rihan, membre du comité des antiquités au Conseil supérieur de la culture, indique que « Al-Aqmar » signifie en arabe « le brillant ». Cette appellation n’est pas due seulement à l’architecture de la façade ouest du bâtiment qui est sans doute son élément architectural le plus intéressant, mais aussi à la couleur blanche de cette façade qui est l’une des plus anciennes façades en pierre de style islamique, décorée dans un style riche et varié.

Sculptures symétriques et colonnes spiralées
Des sources historiques précisent que l’architecture fatimide mélangeait la pierre et la brique. La façade d’entrée est décorée de sculptures symétriques comprenant divers éléments dont des coquilles, des niches en arc appuyées sur des colonnes spiralées et des vases. « Al-Aqmar, Al-Anwar et Al-Azhar sont des noms donnés à cette mosquée, qui brillait le soir comme le clair de lune en raison des pierres blanches utilisées pour la première fois dans la construction des mosquées », explique Abdel-Réhim Rihan. Il raconte qu’à l’ère ayyoubide, la négligence a frappé la mosquée et il a fallu attendre l’année 1396 pour qu’elle soit rénovée par le sultan Al-Zafir Seifeddine Barqouq, qui a restauré le minbar et le minaret en maintenant les motifs architecturaux fatimides. « Et c’est le prince Soliman Agha Al-Sélehdar qui a rénové la mosquée en 1821 pendant l’ère alide. Tandis que le comité arabe de sauvegarde des monuments a pu, en 1821, se débarrasser des empiétements devant la magnifique façade pour qu’elle soit vue de toutes parts », ajoute Rihan.
Selon Abou-Bakr Abdallah, la mosquée a été quasi détruite et volée au XXe siècle, mais suite aux travaux du CSA, la mosquée, ainsi que la façade ont alors retrouvé leur beauté d’antan. La maintenance de cette magnifique mosquée d’Al-Aqmar est indispensable afin de préserver sa fabuleuse architecture. La mosquée est l’un des plus anciens exemples dans le monde islamique de bâtiment à plan triangulaire conçu pour s’adapter au tissu urbain environnant.
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