Le tourisme de plongée attire des milliers de touristes chaque année.
Les récifs coralliens riches et diversifiés de la mer Rouge offrent un paysage sous-marin hors pair. Ces forêts de coraux multicolores, qui comptent près de 209 espèces rien qu’en Egypte et où nichent plus de 1 000 genres de poissons aux couleurs chatoyantes, attirent les plongeurs qui viennent des quatre coins du monde. Les amateurs d’activités nautiques qui pratiquent la plongée sousmarines, la plongée avec tuba et les excursions en bateau à fond de verre viennent pour découvrir et contempler cet univers fabuleux.
Or, toute cette richesse naturelle est menacée par le réchauffement climatique, ce qui aura un impact négatif sur le secteur du tourisme. Il risque ainsi de perdre une grande partie de son revenu provenant de ce genre important de tourisme qui rapporte à l’Egypte environ 7 milliards de dollars par an. « L’Egypte risque de perdre plus de 90 % de son revenu du tourisme lié aux récifs coralliens d’ici 2100. Les coraux sont des écosystèmes fragiles menacés de disparition partout dans le monde à cause du changement climatique, des tempêtes, de la pollution ou encore de la surpêche », avertit Khaled Allam, expert du projet de renforcement de l’Organisation et de la gestion des réserves naturelles égyptiennes et auteur d’une étude présentée en marge de la 26e conférence des Nations-Unies sur le changement climatique.
D’après l’étude, les récifs coralliens vivent et prospèrent à des températures comprises entre 25°C et 40°C, et si la température dépasse cette limite, les récifs blanchissent et finissent par mourir. En outre, les activités humaines ont également un impact négatif sur le développement des récifs de la mer Rouge. Il s’agit notamment des méthodes de pêche illégales et destructives, des développements côtiers non durables qui causent la pollution dans les zones de récifs coralliens, ainsi que la surcapacité du tourisme sur un site.
Les récifs coralliens de la mer Rouge, une richesse naturelle à ne pas rater.
Plus de risque sur le tourisme que sur l’environnement
« Bien que la situation des récifs coralliens en Egypte ne soit pas la pire parmi la liste des pays touchés par la hausse des températures dans le monde, on pense qu’elle sera gravement affectée en termes d’économie, car l’Egypte se classe au premier rang mondial en termes de pays disposant des revenus les plus élevés du tourisme de plongée », alerte Allam. Ainsi, le risque que courent les récifs coralliens en Egypte inquiète plus les professionnels du tourisme que les scientifiques. « Si les coraux disparaissent, ça serait catastrophique pour nous tous. On risque de perdre notre gagnepain », lance Mohamad Abdel- Aziz, instructeur de plongée à Charm Al-Cheikh. Pour sa part, Islam Mohsen, 37 ans, lui aussi instructeur de plongée, déplore les effets du réchauffement climatique qui se voient actuellement clairs à la mer Rouge. « On voit le corail, sous nos yeux, se décolorer et devenir tout blanc », se lamente-t-il. En fait, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) avait prévenu en 2018 ce scénario catastrophique. Il avertit dans un rapport que sans mesures radicales pour stabiliser la hausse des températures, 70 à 90 % des récifs coralliens disparaîtront dans les décennies à venir. Il s’agit d’un phénomène universel, puisque le rapport du Status of Coral Reefs of The World 2020, publié par le Programme des Nations- Unies pour l’environnement (UNEP), rapporte qu’en 1998 seulement, 8 % des coraux du monde ont disparu. Durant les 20 années suivantes, 14 % ont blanchi. Le Fonds mondial pour la nature (WWF — une organisation internationale non gouvernementale) avertit qu’entre évaporation galopante, températures qui grimpent inexorablement et suractivités humaines, les coraux s’éteignent plus vite, et deux tiers sont aujourd’hui gravement menacés.
Une richesse sous-marine qui risque de disparaître.
D’après Nasser Kamel, secrétaire général égyptien de l’Union pour la Méditerranée, certaines régions du monde sont plus en danger que d’autres. « La mer Rouge connaît un réchauffement 20 % plus élevé que la moyenne mondiale ». Face à de tels enjeux, et en attendant des décisions mondiales fortes, les plongeurs de Charm Al-Cheikh ont réduit leurs activités pour essayer d’enrayer ce phénomène qui menace aussi leur gagne-pain. Outre ces précautions, l’Office égyptien du tourisme a installé des bouées de mouillage pour les bateaux loin des zones des récifs fragiles, afin de ne pas les détériorer. Et une grande campagne de sensibilisation a été lancée pour les employés des 269 centres de plongée existant à Charm Al-Cheikh, afin qu’ils soient mieux informés des dangers qu’encourent les récifs coralliens, et donc le tourisme de plongée.
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