
Le minbar de la mosquée du sultan Aboul-Ela protégé.
Le grand projet de sauvetage et de protection des minbars de l’ère mamelouke, lancé par le ministère du Tourisme et des Antiquités, est achevé. L’objectif de ce projet, lancé en 2018, était de créer une base de données complète des minbars mamelouks afin de les restaurer et de les protéger. « Les travaux de sauvetage ont commencé en février 2018 après approbation du comité permanent des monuments islamiques relevant du ministère du Tourisme et des Antiquités », souligne Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). Ces minbars, considérés comme des monuments historiques, sont systématiquement dégradés et détruits. « Cela fait des années que les monuments islamiques souffrent de pillage et de destruction dans le monde arabe. Depuis 2011, le nombre de pièces volées dans les mosquées égyptiennes est en augmentation. Les minbars mamelouks sont particulièrement en danger à cause de leur valeur historique et spirituelle ainsi que leur richesse architecturale », explique Osama Talaat, chef du secteur des monuments islamiques, coptes et juifs au ministère des Antiquités. Ces minbars sont de vrais chefs-d’oeuvre de l’architecture islamique. Construits généralement en bois, ils sont finement décorés de motifs géométriques et de calligraphies, avec des incrustations en ivoire, en ébène, en os de chameau et en argent. « Les matériaux utilisés dans la construction de ces minbars étaient importés spécialement de l’étranger, ce qui montre la puissance économique et politique de l’Egypte aux XIIe et XIIIe siècles », assure Omneya Abdel-Bar, membre de la Fondation égyptienne de sauvetage du patrimoine (EHRF) à l’origine d’une campagne de sauvetage de ces joyaux architecturaux. « La plupart des minbars, surtout mamelouks, sont dans un état lamentable. On y accroche toutes sortes de choses comme les calendriers et les affiches publicitaires. Les motifs décoratifs sont souvent écrasés, coupés ou détruits et pillés », se lamente Abdel-Bar.
« Notre objectif est d’avoir une base de données complète sur ces minbars dont les formes et les aspects architecturaux sont variables, et qui remontent à des ères historiques différentes. Ce sont les objets les plus volés dans les mosquées historiques et nous voulons les protéger », affirme Abdel-Hamid Al-Chérif, président de la EHRF. Le projet de sauvetage des minbars est en partie achevé. « 14 minbars mamelouks sur un total de 43 ont été restaurés jusqu’à présent et 19 autres ont été documentés. On a décidé d’entourer les minbars les plus fragiles et les plus riches de vitres en triplex afin de les protéger de toute dégradation », explique-t-il.
Le minbar de la mosquée du sultan Aboul-Ela protégé
Le projet, entamé en partenariat avec l'EHRF, le Projet du Caire historique (HCP), l’Ecole de design islamique (SIGD) et l’Organisation égypto-européenne pour la formation et le développement (EEOTD), est financé par le British Council (Cultural Protection Fund). Son coût s’élève à 100 000 L.E.
Une vitre en verre transparent a été installée autour du minbar de la mosquée du sultan Aboul-Ela (1485). Considéré comme l’un des joyaux de la période mamelouke circassienne, ce minbar a été choisi parmi une quarantaine d’autres pour être protégé après sa restauration. « C’est un minbar rare qui porte le nom de son créateur. Il a conservé ses motifs décoratifs et il est presque le seul à ne pas avoir été pillé », explique Abdel-Bar.
Trois couches transparentes de triplex, d’une épaisseur de 10 millimètres chacune, ont été utilisées pour fournir au minbar la plus grande protection possible. Cette couche de verre est située à 55 cm du minbar de manière à permettre sa restauration à l’avenir.
« Pour monter sur le minbar, l’imam doit passer par une porte en verre transparent avec deux verrous et une serrure », explique Hicham Samir, assistant du ministre du Tourisme et des Antiquités. « Le triplex réduit de 85 % les risques de vol et de sabotage sans empêcher les fidèles de voir l’imam pendant le prêche », souligne Moustapha Waziri. Et d’expliquer qu’une étude détaillée de prévention des risques a été menée au sujet d’une quarantaine de minbars remontant à l’ère mamelouke (1250-1517).
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