Située à 20 km au sud du caire, dans la nécropole de Saqqara, la pyramide à degrés du roi Djoser, IIe pharaon de la IIIe dynastie pharaonique de l’Ancien Empire, a été rouverte au public après plus de 14 ans de travaux de restauration et de réaménagement de l’édifice ainsi que du total du complexe funéraire. « Nous célébrons l’achèvement du projet de restauration, qui a coûté environ 104 millions de L.E. (près de 6 millions d’euros), de la plus ancienne pyramide restante jusqu’à nos jours et nous l’offrons à l’humanité pour qu’elle puisse admirer ce génie architectural », a indiqué Moustapha Madbouli, premier ministre, lors d’une conférence de presse tenue cette semaine à l’occasion de la fin des travaux de restauration de la pyramide et de sa réouverture.
Les travaux de restauration de la pyramide à degrés ont débuté en 2006, avant d’être interrompus en 2011 pour des raisons sécuritaires suite à la Révolution du 25 Janvier. Ils ont repris progressivement deux ans plus tard, avant de s’accélérer à partir de 2015. « La pyramide était dans un état déplorable, ce qui a exigé une étude détaillée par des experts en ingénierie et en architecture, et la présence d’archéologues et d’égyptologues », a expliqué Waad Aboul-Ela, chef du secteur des projets et d’ingénierie au ministère du Tourisme et des Antiquités.
Haute d’environ 63 m, la pyramide de Djoser a été construite vers 2667-2648 av. J.-C. par le célèbre architecte Imhotep, qui l’a dotée de 6 mastabas, appelés aussi degrés, dont le premier (la base) mesure 121 mx109 m. Elle possède deux entrées, la principale se trouvant du côté nord et renfermant de nombreux tunnels serpentés de 2 à 5 km de long menant à la chambre funéraire du roi. Alors que la deuxième entrée, qui est du côté sud, n’a été utilisée que pendant la XXVIe dynastie. On y trouve un tunnel renforcé de colonnes pour éviter son écroulement. Celui-ci mène au puits funéraire, où l’on peut admirer le sarcophage de Djoser.
La chambre funéraire du roi est d’une forme carrée de 10 m des côtés et de 8 m de hauteur. Elle renferme le sarcophage géant du roi Djoser en granit rose de la ville d’Assouan, en Haute-Egypte. Cette chambre se trouve au fond du puits funéraire, creusé à 28 m de profondeur, au centre de la pyramide. « Pour y accéder, nous nous sommes débarrassés de près de 500 m3 de débris pour arriver au sarcophage du roi Djoser, qui était divisé en 32 blocs numérotés, ce qui a facilité son anastylose », a expliqué Aboul-Ala, ajoutant que l’état lamentable du puits ainsi que de quelques tunnels non seulement menaçait les travaux, mais mettait aussi la vie des restaurateurs en danger. « Les restaurateurs ont pu renforcer les murs et le puits par des étais et les pierres du plafond par du mortier en calcaire, et ont aménagé un éclairage moderne. L’immense espace vide au coeur de la pyramide était l’endroit le plus fragile de tout l’édifice », a indiqué Sabri Farag, directeur de la nécropole de Saqqara.
Des divergences à surmonter
Les travaux de restauration couraient en parallèle à l’extérieur de la pyramide et à l’intérieur. Les problèmes étaient nombreux et les points de vue entre les spécialistes divergeaient parfois. « Les uns considéraient le sable entassé sur les degrés du mastaba comme une couche protectrice des blocs, alors que d’autres étaient pour le nettoyer », a expliqué Aboul-Ela, ajoutant qu’après l’analyse des pierres de la pyramide, les restaurateurs ont découvert que cette couche de sable causait l’effritement des pierres. « Il fallait donc se débarrasser de cette couche et remplir le vide entre les pierres de la pyramide », a-t-il précisé.
Les travaux consistaient également à consolider les surfaces des degrés, exposées aux pluies, par du calcaire, et ce, en tenant compte de l’inclination de la pierre pour éviter l’accumulation de l’eau. Par ailleurs, le placement des échafaudages en métal du côté sud-est de la pyramide pendant une très longue durée avait suscité une vraie polémique en 2014 — d’aucuns craignant qu’elles n’abîment la pierre —, au point qu’un comité de l’Unesco s’était rendu en urgence au Caire pour inspecter et discuter l’affaire avec les responsables du ministère des Antiquités. « On a été obligé en ce temps-là d’installer ces échafaudages, car ce côté de la pyramide était susceptible de s’écrouler à cause de l’érosion et des tremblements de terre de 1985 et 1992, après lesquels quelques pierres de la pyramide se sont déplacées ou cassées. Par des moyens mécaniques et techniques, on a pu les remettre à leur place d’origine, et depuis, on a enlevé les barres métalliques », a souligné l’ingénieur du projet, Hassan Fahmy. Ce dernier assure que la pyramide se trouve aujourd’hui dans un état plus que satisfaisant.
En guise de conclusion, si tous les rapports de l’Unesco sur l’état de la pyramide de Djoser ont été négatifs avant 2015, accusant même la restauration de ne pas répondre aux critères mondiaux, Khaled El-Enany, ministre du Tourisme et des Antiquités, a assuré que depuis 2018, l’organisation salue les travaux et approuve toutes les mesures de restauration effectuées.
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