Al-Ahram hebdo : Quel est votre plan pour développer les spectacles son et lumière, surtout qu’il n’ont pas changé depuis leur création ?
Sameh Saad: La compagnie de son et lumière a été fondée en 1962 et dépend du secteur des affaires publiques. Sa mission est de présenter des spectacles dans différents sites archéologiques en Egypte et retracer leur historique, et ce, en 12 langues différentes, avec des effets de lumière. Nous présentons actuellement nos spectacles dans 5 sites : le plateau des pyramides, les temples de Karnak, de Philae, d’Abou-Simbel et celui d’Edfou. Il est vrai que ces spectacles n’ont pas changé depuis leur création, malgré les évolutions technologiques en matière de son et lumière et des spectacles multimédias. Il y avait un plan pour développer ces spectacles en 2009, mais à cause des perturbations qui ont eu lieu en Egypte à partir de 2011, ce plan a été interrompu faute de financement. En fait, ce genre de spectacle est très coûteux, à cause des équipements, des logistiques utilisées, du scénario, de l’enregistrement du son par des acteurs de renom, etc. Il aurait été vraiment compliqué de développer ces spectacles, surtout avec la chute du tourisme. Mais voilà, on commence par un projet pilote pour développer le spectacle du plateau des pyramides. En fait, c’est le site archéologique le plus important et le plus emblématique de la civilisation égyptienne. Le projet consiste à produire un spectacle plus éblouissant en utilisant les technologies les plus sophistiquées, tels le laser et le 4D, en plus de l’aménagement de la région toute entière du point de vue services, comme les restaurants, les cafés, les bazars, etc.
— Mais comment avez-vous surmonté le problème du financement ?
— Pour réaliser ce grand projet dont le budget est d’environ 50 millions de dollars, on a eu recours à un partenariat avec le ministère des Antiquités ainsi qu’avec une société égyptienne spécialisée dans ce domaine, qui est Orascom prisme pyramids. D’ici au mois de mai prochain, les travaux seront entamés sur le terrain.
— Qu’en est-il des autres sites archéologiques ?
— Nous travaillons étape par étape, surtout avec le manque de financement à cause des pertes réalisées depuis 2011, et qui ont atteint 52 millions de L.E. Ainsi, on essaye de penser différemment et de trouver des partenaires pour le financement. Le son et lumière est un projet avant tout à but culturel. Nous cherchons une coopération avec la France, connue pour son égyptomanie, pour développer le son et lumière du temple d’Abou-Simbel. Ils vont donc sauver ce temple pharaonique pour la seconde fois, comme l’ont fait leurs prédécesseurs lorsqu’ils ont lancé une campagne de sauvetage de ce site après la construction du Haut-Barrage. A noter que la ville de Lyon est très connue pour les technologies des lumières et des designs des spectacles multimédias.
— Comment commercialisez-vous les spectacles son et lumière ?
— On fait le marketing des spectacles à travers des agences de voyage. Mais lorsque j’ai pris la responsabilité de la société, j’ai fait un questionnaire qui sera distribué aux agences de voyages, afin de connaître leur avis vis-à-vis des horaires et des langues dans lesquelles les spectacles sont donnés. On pourrait donc modifier les jours et les langues selon la clientèle. Sans oublier qu’on accorde des réductions aux grands groupes. En outre, à partir du mois de février, nous mettrons en service une navette qui fait le tour des hôtels, surtout à Assouan, pour emmener les touristes qui désirent assister à nos spectacles. Dans le même contexte, nous révisons actuellement la liste des prix des différents spectacles, surtout pour les cérémonies privées. En fait, ces cérémonies sont lucratives et considérées comme une publicité gratuite pour les antiquités, voire pour le tourisme égyptien, comme le dernier concert qui s’est tenu le jour de l’An au pied des pyramides et qui était animé par le DJ international David Vandetta. On a encore beaucoup de réservations pour de tels spectacles, comme la cérémonie de Valentin. La tenue de l’opéra Aïda de Verdi au début du mois de mars prochain sera aussi l’une des plus grandes cérémonies cette année.
— Est-ce que les spectacles son et lumière contribuent à la promotion du tourisme en Egypte ?
— Certainement, surtout lorsqu’on organise des cérémonies qui sont diffusées à travers les médias internationaux. C’est la meilleure publicité gratuite pour le tourisme égyptien. Ainsi, on va mettre des Webcams, afin de diffuser en direct des spectacles son et lumière sur notre page Internet, de même que sur le site Web de l’Organisation de la promotion touristique et sur l’application « Son et lumière » qui sera en service dans quelques semaines. On commencera par le Plateau des pyramides. En plus, on va munir nos sites d’un service Internet Wi-Fi, afin que les touristes puissent diffuser le spectacle en direct pour le mettre au fur et à mesure sur leur page Facebook.
— Pourquoi n’existe-t-il pas de spectacles son et lumière dans un monument islamique, comme la Citadelle de Saladin ou la rue Al-Moëz ?
— A cause du coût élevé de la création d’un spectacle. Celui-ci varie entre 5 et 6 millions d’euros. En plus, c’est un projet à but culturel et non lucratif. C’est l’Etat qui doit financer un tel projet, mais il ne possède pas les fonds à l’heure actuelle. Nous avons quand même éclairé des parties de la citadelle en coopération avec le ministère des Antiquités.
— Quel est votre plus grand défi à l’heure actuelle ?
— Notre plus grand défi est celui de la chute du nombre de touristes, surtout ceux qui sont intéressés par le tourisme culturel. Le problème aussi est que cette année, nous avons un grand projet à réaliser et qui constitue une révolution dans la conception du son et lumière en Egypte, puisqu’il se tiendra à Hurghada, loin des sites historiques. En fait, c’est une idée qui remonte à plus de dix ans et qu’on a arrêtée pour plusieurs raisons. Mais cette fois, nous sommes déterminés à la réaliser. Ce projet consiste à créer toute une cité de divertissement, où sera présenté un spectacle son et lumière qui relate l’histoire de l’Egypte depuis les époques anciennes jusqu’à l’ère contemporaine. Dans cette cité qui sera conçue sur le modèle de Disneyland, il y aura tous les services et les moyens d’attraction et de divertissement, surtout ceux électroniques, virtuels et interactifs. Cette cité de 42 000 m2 fera de la ville d’Hurghada un centre d’attraction mondial. On négocie avec plusieurs investisseurs pour mettre en place un partenariat dans ce projet, dont on espère mettre la première pierre avant la fin de cette année.
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