
Le bas-relief déterré au temple de Kom Ombo. (Photo : ministère des Antiquités)
La mission archéologique égyptienne du ministère des Antiquités opérant au temple de Kom Ombo au nord d’Assouan vient d’annoncer la découverte d’un bas-relief en calcaire sur lequel apparaissent le portrait et le nom de Philippe III Arrhidée, le demi-frère du grand conquérant Alexandre Le Grand. En fait, cette découverte change une évidence importante dans l’histoire de la reconstruction de ce temple. «
Contrairement à ce qui est connu, ce bas-relief pourrait témoigner que ce temple a été reconstruit à l’époque grecque et non pas à celle ptolémaïque », souligne Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes.
L’histoire de cette découverte commence lors du projet lancé par le ministère des Antiquités dans le but de réduire le niveau de l’eau souterraine du temple. Dans la région nord-ouest du temple, tout près de la chapelle du dieu Sobek, la mission a trouvé ce bas-relief qui est de taille moyenne, et qui porte des inscriptions hiéroglyphes évoquant le nom de Philippe Arrhidée, de même que des prières à Sobek, dieu crocodile qui est considéré comme le dieu de la ville de Kom Ombo et dieu du Nil. « Sur la partie supérieure du bloc se trouve la déesse Nekhbet, la déesse protectrice de la Haute-Egypte et de la royauté du sud, alors que la partie inférieure montre le roi Philippe portant la couronne rouge de la Basse-Egypte », explique Waziri, ajoutant que l’importance de cette découverte réside dans le fait que ce bas-relief révèle un nouvel épisode de l’histoire de la reconstruction de ce temple connu pour être un temple ptolémaïque qui daterait du Ier siècle av. J.-C. Même opinion partagée par Aymane Achmaoui, directeur du secteur des antiquités égyptiennes au ministère des Antiquités, qui estime que cette découverte a une grande importance historique et pourrait changer beaucoup de choses. « C’est la première fois que l’on découvre des preuves sur le fait que ce temple a été utilisé à l’époque hellénistique », dit-il. Et d’ajouter que la découverte apporte des éclaircissements sur l’histoire hellénistique de l’Egypte qui a commencé par la conquête d’Alexandre Le Grand en 332 av. J.-C. et a pris fin en 30 av. J.-C.
En fait, juste avant cette découverte, il était connu pour les archéologues que la reconstruction du temple de Kom Ombo a été faite par Ptolémée V en 181 av. J.-C. et le premier roi de l’époque ptolémaïque mentionné sur le monument est Ptolémée VI, le dernier étant Ptolémée XII. Ensuite, le temple a été agrandi et enrichi au cours des siècles jusqu’à l’époque romaine. Comme la plupart des temples de cette région, le temple de Kom Ombo est venu remplacer un autre plus ancien, puisque les archéologues ont trouvé, lors de différentes saisons de fouilles, des éléments architecturaux qui remontent à l’époque du roi Amenothep Ier de la XVIIIe dynastie, soit du Nouvel Empire, en plus d’une statue représentant l’une des épouses du roi Thoutmosis III, toujours de la XVIIIe dynastie.
Atelier de menuiserie
Toujours à Assouan, et plus précisément au nord, sur l’île Eléphantine, une mission archéologique suisse a mis au jour, après plusieurs saisons de fouilles, un atelier artisanal. « C’est un atelier de menuiserie où on a trouvé deux hachettes à double face et un bâton en bois », affirme Cornelius von Pilgrim, directeur de la mission archéologique suisse. Et d’ajouter que ce type de hachette a vu son apparition au cours de la XVIIIe dynastie, plus précisément à l’époque du roi Thoutmosis III et les premières années de l’époque du roi Amenhotep II.
Selon Von Pilgrim, l’une de ces hachettes, qui a probablement été utilisée comme outil de construction, est fortement rongée et est dans un mauvais état de conservation. « La seconde hachette est en fait la plus importante non seulement parce qu’elle est dans un état meilleur que la première, mais parce qu’elle a l’aspect des haches syriennes, étant ainsi la première en son genre découverte en Egypte jusqu’à présent », assure le directeur de la mission. Il ajoute que deux pièces presque identiques avaient été trouvées dans un sanctuaire de la strate VIII à Beth Shan (Palestine du nord) et dans une tombe à Ugarit (en Syrie), ce qui explique que ce type de hachettes était très répandu dans le Levant et la Syrie. Cependant, la hache syrienne peut avoir trouvé son chemin en Egypte pendant les contacts directs, ou les conflits, entre l’Egypte et le Mitanni pendant cette période. « La découverte de cette hache syrienne à Eléphantine pourrait ajouter à l’étude des relations entre l’Egypte et le Mitanni durant la période thoutmoside », conclut Von Pilgrim.
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