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5 000 ans de navigation en 200 pages

Doaa Elhami et Dalia Farouq, Lundi, 30 octobre 2017

Les voyages dans l'Egypte Ancienne est le thème d'un livre de l'expert touristique Mohamad Ahmad intitulé Le Tourisme et les Voyages dans l’Egypte Ancienne. La version française est un best-seller en France.

5 000 ans de navigation en 200 pages

« (...) Prends des vacances et ne t’en lasse pas ... ».

Une citation du papyrus Harris conservé au Musée égyptien du Caire qui reflète l’importance accordée aux voyages de loisirs en Egypte Ancienne. « Ce conseil semble vouloir encourager les Egyptiens à faire plus de voyages pour le plaisir et faire du tourisme », affirme Mohamad Yéhia Zakariya Ahmad, expert touristique, dans son livre Le Tourisme et les Voyages dans l’Egypte Ancienne traduit par Didier Détune. Cet ouvrage explique en détail les différents types de voyages que les Egyptiens avaient l’habitude de faire il y a 5 000 ans, leurs motifs, leurs moyens de transport, les routes utilisées et encore leurs destinations favorites.

En effet, le livre, réparti en 8 chapitres, répond à plusieurs questions et traite beaucoup d’idées en relation avec le voyage. « Les Anciens Egyptiens connaissaient-ils les voyages ? » est la question initiale du livre qui dévoile plusieurs secrets en relation avec le tourisme et les voyages. En effet, l’Egypte Ancienne a connu les voyages au moins à partir de l’époque prédynastique (5000 et 3300 av. J.-C.). Bien qu’ils aient été primitifs à l’époque, les voyages étaient indispensables. « Les Anciens Egyptiens accordaient aux voyages une grande priorité. Ils venaient après les autres besoins essentiels comme la nourriture, la boisson et l’habillement », dit l’auteur dans son ouvrage. Dès l’aube de l’Histoire, les Egyptiens ont connu les voyages d’agrément et de plaisir. La femme accompagnait son mari dans les voyages commerciaux et les expéditions de chasse. Le bateau était un moyen de transport et de commerce.

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Barque solaire de Chéops, l'un des très anciens moyens de transport.

D’ailleurs, les récents travaux archéologiques à Abydos, effectués par Kasia Szpakowska de l’Université de Swansea University, assurent que la vie simple des Egyptiens, ainsi que le désir de voir d’autres communautés étaient un motif pour voyager. Les civilisations des deux royaumes, celui du Delta et celui de la Haute-Egypte, étaient influencées par les civilisations des alentours. La civilisation de la Basse-Egypte avait des relations avec les peuples de la Palestine, de la Syrie et de la Méditerranée et avec les peuples d’Afrique du Nord.

Tandis que la Haute-Egypte était en contact avec les cultures africaines au sud et les Sumériens à l’est par la mer Rouge. Après l’unification et la fondation de l’Etat égyptien, les voyages ont évolué jusqu’à la fin du Nouvel Empire en passant par l’Ancien Empire, la première période intermédiaire, le Moyen Empire et la IIe période intermédiaire. Les Egyptiens de cette époque lointaine avaient installé alors un fort système de transport constitué de routes et de voies de navigation, à travers le Nil et ses canaux, et en exploitant la mer Rouge et la Méditerranée.

Si l’auteur du livre parle, dans le premier chapitre, du voyage en général chez les Anciens Egyptiens, il s’adresse dans les deuxième et troisième chapitres aux égyptologues et aux spécialistes. Le deuxième chapitre est théorique. On y trouve le vocabulaire hiéroglyphique du tourisme et des voyages utilisé à cette époque lointaine, ses définitions, ses sens et ses synonymes. Le troisième chapitre met le lecteur sur le terrain et le transporte dans un voyage à cette époque reculée à travers le Nil et les routes de cette époque. En effet, la situation géographique de l’Egypte a permis à ses citoyens de voyager en direction de l’ouest pour aller dans le Désert occidental, les oasis et en Libye, et aussi en direction de l’est, vers le Liban, la Syrie, l’île de Crète et de la Palestine.

Les voyages internes étaient étroitement liés au fleuve du Nil. Ainsi on lit sur les parois de la tombe d’Aye à Tell Al-Amarna en Moyenne-Egypte, le grand hymne à Aton : Les bateaux font voile vers le nord, vers le sud également, Les routes s’ouvrent quand tu te lèves Le poisson dans le fleuve file devant toi Tes rayons sont au milieu de la mer.

La plus ancienne route au monde

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Scène de chasse et de pêche de la tombe de Ptah Hotep et Akelhétep à Saqqara.

L’Egypte avait un système de circulation fluide avec une bonne infrastructure qui permettait aux gens de voyager plus facilement. « L’Egypte a toujours la plus ancienne route pavée au monde, celle de Widan Al-Faras, d’environ 12 km de long, elle va de la zone des carrières de Widan Al-Faras jusqu’au lac Moeris (Fayoum aujourd’hui). Cette route traversait les déserts de l’ouest et était utilisée pour transférer les pierres extraites des carrières ainsi que pour voyager », lit-on dans le livre. Le réseau routier couvrait les quatre coins de l’Egypte, au Désert occidental et les oasis et leurs environs comme dans la péninsule du Sinaï et les ponts de la mer Rouge.

L’Egypte avait aussi des routes spéciales pour les fêtes comme la fête annuelle d’Opet que les Egyptiens célébraient le 2e mois de la saison des inondations. Ils utilisaient le chemin des béliers qui reliait les temples de Louqsor et de Karnak.

Les Egyptiens avaient leurs destinations préférées comme la Nubie, Assouan, Pount et d’autres régions du continent africain, d’où ils rapportaient l’ivoire, l’encens, l’ébène et les peaux d’animaux. D’ailleurs, la côte phénicienne (Liban, Syrie et Byblos) était une importante destination pour l’Egypte Ancienne du point de vue du commerce et des échanges culturels. Le quatrième chapitre du livre emmène le lecteur vers un autre niveau de voyage. Ce sont les récits de voyages dans la littérature et les récits de l’Ancienne Egypte. Le lecteur y découvre le voyage symbolique vers l’au-delà et la navigation céleste et ténébreuse.

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Scène de pêche du mastaba de Kagemni à Saqqara.

L’auteur montre comment ce voyage est décrit sur les parois de diverses tombes égyptiennes. Des voyages légendaires sont racontés dans le fameux conte de Sénouhé et ses interprétations retracées sur divers documents et papyri conservés dans les grands musées du monde.

Un autre art descriptif des voyages et du tourisme des ancêtres est celui représenté à travers les scènes et peintures qui ornent les parois des tombes et des temples. Cet art est le sujet du cinquième chapitre où l’auteur parle des plus anciennes scènes, celles du pèlerinage et des visites sacrées qui ornent les parois des tombes des notables datant de l’Ancien Empire.

Mohamad Ahmad n’a pas oublié de décrire les détails des préparatifs des voyages. Dans le septième chapitre, il explique alors les composants des voyages à partir des cartes routières, les lieux d’hébergement, les moyens de transport, la durée du voyage, la gastronomie, les boissons et bien d’autres. Quant au huitième et dernier chapitre, il offre la conclusion de cette longue navigation de 5 000 ans étalée sur 200 pages.

Enfin, sur la couverture, on trouve la scène du voyage de Pashedou à Abydos. Un voyage de navigation qui met en exergue l’importance du Nil dans le transport et le voyage.

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