Le ministère des Antiquités a choisi cette année les palais royaux comme thème de la journée mondiale du patrimoine de l’Unesco. Certains palais et anciennes résidences royales des XIXe et XXe siècles seront réaménagés pour accueillir le public gratuitement. C’est le cas notamment du palais de Mohamad Ali à Manial et Rokn Farouq à Hélouan. Le but est d’améliorer la conscience patrimoniale des citoyens tout en préservant et exploitant ces bâtiments de valeur.
L’Egypte compte une cinquantaine de palais de l’époque moderne et contemporaine, dont la plupart figurent sur la liste du patrimoine égyptien et dépendent du ministère des Antiquités. On retrouve parmi eux les palais d’Al-Sakakini, de Tousson pacha, d’Ismaïl Al-Mofattech, de Mohamad Ali ou de sa famille royale et bien d’autres. Tantôt souverains, tantôt hommes forts de l’Etat, tous ces grands noms ont également été de grands bâtisseurs et ont contribué à la richesse architecturale du Caire, dont l’âge d’or se situe entre les XIXe et XXe siècles. Bien que ces joyaux aient défié le temps et aient survécu jusqu’à aujourd’hui, quelques-uns se trouvent dans un état déplorable et courent un véritable danger si rien n’est fait.
Or, depuis quelque temps, l’Etat s’intéresse à nouveau à ces palais historiques. Deux comités pour la restauration des palais ont été créés. L’un dépendant de la présidence, l’autre du cabinet ministériel. En avril dernier, le président de la République avait appelé à la formation urgente d’un comité de sauvegarde du patrimoine, présidé par le ministère des Antiquités en collaboration avec le génie militaire. L’objectif de ce comité étant de gérer l’exécution de travaux de restauration et de développement dans les palais royaux, tels que celui de Mohamad Ali à Choubra, le palais du Baron Empain à Héliopolis et la maison de repos du roi Farouq aux Pyramides.

Le jardin du palais Baron Empain accueille des célébrations culturelles et sociales.
L’autre comité, créé l’année dernière par le Conseil ministériel, collabore avec huit autres ministères, dont celui de la Planification, du Logement, des Antiquités, du Tourisme, de la Culture, des Finances, du Secteur des travaux publics et celui de la Coopération internationale, afin de sauver ces édifices historiques. Ce comité a pour tâche première de recenser les bâtiments de valeur pour étudier leur état actuel. Il devrait accorder les fonds nécessaires pour la restauration et la rénovation de ces palais. Et dans un second temps, proposer une stratégie d’exploitation de ces sites historiques, afin d’en faire des lieux vivants et rentables.
Espaces lucratifs
« Le gouvernement a récemment versé plus d’un milliard de L.E. pour la restauration de certains monuments qui font partie des anciens palais royaux », explique Waad Abdel-Aal, chef du secteur des projets au ministère des Antiquités. « Ce premier versement permettra de restaurer quatre palais seulement. D’autres sont occupés par des organisations gouvernementales, mais ils seront bientôt évacués afin que ces bâtiments et leurs jardins puissent accueillir des événements culturels », indique-t-il.
Le ministre des Antiquités, Khaled Al-Anani, souligne : « Une fois restaurés, ces palais deviendront des espaces lucratifs, puisqu’ils pourront accueillir des festivités culturelles ou artistiques, des conférences, ainsi que des cérémonies privées. Sans oublier que ces sublimes palais historiques vont contribuer à la promotion du tourisme en Egypte ». Ajoutant que déjà différentes festivités se sont tenues au palais de Mohamad Ali à Manial, comme le tirage au sort de championnats internationaux, de même que le festival du folklore afro-chinois organisé par le ministère du Tourisme. « Les invités chinois et africains ont été éblouis par l’architecture et l’atmosphère si particulière du palais », se félicite Al-Anani.

Différentes festivités se tiennent à l’intérieur du palais Mohamad Ali de Manial.
Les exemples de reconversion des sites en espaces culturels se multiplient. C’est déjà le cas au palais d’Al-Monasterli et d’Oum-Kalsoum, où sont organisés, de temps à autre, des événements culturels et artistiques.
« Ce type de reconversion est tout à fait logique, car ainsi, le lieu produit lui-même les fonds nécessaires à sa maintenance », explique Ahmad Abdel-Aziz, vice-ministre et chef du projet du Caire historique. Et d’ajouter que les palais de l’émir Taz et de Bachteq accueillent souvent les événements culturels, surtout pendant le mois du Ramadan, et que le Sabil de Mohamad Ali est devenu le siège du musée du textile. « Nous devons donner à cette richesse architecturale les moyens de retrouver sa beauté d’antan », conclut le ministre des Antiquités.
— Coût d’une célébration culturelle dans un site historique : 20 000 L.E. pour 100 personnes.
— Coût d’une célébration sociale au jardin du palais du Baron Empain à Héliopolis et celui du palais de Mohamad Ali à Manial : 60 000 L.E. pour 300 personnes + 30 000 L.E. pour les 100 personnes supplémentaires.
— Coût d’une célébration sociale au jardin de Rokn Farouq à Hélouan : 50 000 L.E. pour 300 personnes.
— Contrat de mariage aux mosquées de Mohamad Ali à la Citadelle, Al-Réfaï, Ahmad Ibn Touloun ou Al-Hakim Bi Amr Allah : 10 000 L.E.
— Tournage des films dans les sites archéologiques ou historiques avec une seule caméra : 20 000 L.E. par jour pour les étrangers et 8 000 L.E. pour les Egyptiens.
— Les programmes télévisés et les documentaires : 8 000 L.E. pour les étrangers et 4 000 L.E. pour les Egyptiens.
Pour toute réservation s’adresser au ministère des Antiquités.
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