Pour la première fois de son histoire, la cour de la Citadelle de Qaïtbay a été le théâtre d’un mariage privé et d’une cérémonie de graduation. Un employé du ministère des Antiquités voulant organiser son mariage dans la cour de la citadelle a présenté une demande au directeur de la citadelle. Sa demande a été acceptée en échange de la somme de 25 000 L.E. Quelques jours plus tard, une graduation des étudiants de l’Académie arabe des sciences, de la technologie et des transports maritimes a eu lieu également à la citadelle.
Ces cérémonies ont suscité une controverse, non seulement parmi les archéologues mais aussi parmi les amateurs du patrimoine alexandrin. Les responsables du ministère des Antiquités affirment que ces cérémonies « n’ont aucun impact sur la citadelle, permettent de générer des revenus et aident à la promotion touristique des sites historiques ». « Organiser des cérémonies de mariage ou des fêtes privées dans des sites archéologiques est légal. Ces cérémonies sont régies par des conditions strictes telles que l’interdiction des boissons alcoolisées ou des chichas. L’utilisation d’appareils qui peuvent nuire aux édifices antiques est également interdite. Et le nombres d’invités doit être scrupuleusement respecté. En outre, des responsables du ministère assistent à ces cérémonies afin d’assurer la protection des sites et garantir le respect des contrats signés entre la direction, responsable de ces monuments, et les particuliers », explique Ossama Al-Sayed, directeur de la citadelle, soulignant que le ministère entend populariser l’expérience dans tous les sites archéologiques ouverts au public.
Faire des recettes en promouvant le tourisme
En fait, la Citadelle de Qaïtbay n’est pas le seul site ayant accueilli de telles cérémonies. Un mariage a eu lieu à la Citadelle de Saladin au Caire il y a quelques jours en présence de 100 touristes chinois. Ce mariage a permis à l’Organisme de promotion touristique d’encourager le tourisme chinois. Le ministre des Antiquités, Khaled Al-Anani, a pour sa part déclaré qu’il était pour la tenue de ce type de cérémonie sur les sites archéologiques. « Je demande à ceux qui refusent cette idée de proposer des alternatives pour diminuer l’énorme déficit budgétaire dont souffre le ministère depuis cinq ans », a-t-il déclaré.
Les cérémonies de mariage dans les sites archéologiques n’est pourtant pas une chose nouvelle. Ce type de cérémonie est organisé depuis longtemps dans le jardin du palais du Baron Empain à Héliopolis ainsi qu’au palais de Mohamad Ali à Manial.
Le parti du Rassemblement (Al-Tagammoe) à Alexandrie a critiqué la tenue de ces cérémonies sur les sites historiques. « Les raisons invoquées par les responsables sont inacceptables. On abîme un monument pour la modique somme de 25 000 L.E. Cette somme ne suffit même pas à payer le coût d’un déjeuner d’une délégation étrangère en visite au ministère », souligne Saïd Ahmad Salama, secrétaire du parti. Il ajoute que si le ministère des Antiquités persiste à tenir ces cérémonies, le parti sera dans l’obligation d’intenter un procès contre lui.
Dans le même contexte, un certain nombre d’Alexandrins ont créé une page Facebook intitulée : « La citadelle n’est pas une salle de noces » (Al-Qalaa Mech Salet Afrah) afin de condamner cette utilisation du patrimoine et de rappeler que le monument n’est pas une propriété privée, mais appartient à tous les Egyptiens et qu’il faut le protéger pour les futures générations. Pour sa part, Ibrahim Darwich, ex-directeur du secteur des monuments, condamne également cette idée en affirmant que ce qui s’est passé à la Citadelle de Qaïtbay représente une offense au patrimoine. « Même si l’événement n’a pas affecté le bâtiment, il a porté atteinte à l’histoire ainsi qu’à la valeur symbolique de ces forteresses, que ce soit la Citadelle de Qaïtbay ou celle de Saladin », dit-il. « La promotion du tourisme et des sites archéologiques ne se fait pas avec des cérémonies de mariage, mais plutôt avec des événements culturels de qualité ou des concerts à la hauteur de celui de la célèbre chanteuse Magda Al-Roumy, qui a eu lieu dernièrement au pied des pyramides », conclut Darwich.
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