L'entrée de l'une des tombes.
La mission suédoise, de l’Université de Lund, sous la direction de Maria Nilson et John Ward, opérant sur le site de Gabal Al-Silsila, en Haute-Egypte à Assouan, a mis au jour cette semaine une grande nécropole qui remonte au Nouvel Empire (1550-1070 av. J.-C.). La nécropole est constituée de 40 tombes creusées dans la roche, avec une ou deux chambres, sans décorations. Ces tombes datent de la XVIIIe dynastie et il y a des indices qu’elle a été réutilisée tout au long de la XIXe dynastie.
« C’est une découverte majeure car Gabal Al-Silsila était connu par ses dizaines de tombes fictives », déclare Maria Nilson, directrice du site, travaillant sur place depuis 2012. « Malheureusement, ces tombes ont été fortement dégradées en raison de l’érosion, surtout avec l’infiltration de l’eau lors des anciennes inondations du Nil », explique la directrice. Selon elle, l’objectif est de nettoyer une partie des tombes mais pas la totalité. « C’est un travail qui nécessitera plusieurs années de fouilles et d’études », ajoute-t-elle.
D’après les archéologues, l’importance de cette découverte réside dans le fait qu’elle change complètement la vision du site. Gabal Al-Silsila n’était qu’une simple nécropole funéraire toujours vide. « Mais le grand nombre de tombes, les ossements humains et les amulettes découverts sur les lieux indiquent que cet endroit était probablement utilisé dans la vie quotidienne des citoyens », dit Mahmoud Afifi, directeur du secteur des antiquités au ministère égyptien des Antiquités.
Des marches taillées dans le roc
Dans chacune des tombes découvertes, l’entrée est une ouverture en forme carrée qui mène à un couloir descendant verticalement vers une chambre toujours carrée. « En raison de l’absence de décorations extérieures ou intérieures, l’identité des personnes enterrées reste inconnue jusqu’à ce moment », indique Nasr Salama, directeur des sites archéologiques d’Assouan. Il ajoute que le plus surprenant était que les marches sont bien taillées dans le roc. « C’est la première fois que l’on trouve des marches dans cette région ». En fait, l’étude des ossements humains qui appartiennent à des hommes, des femmes et des enfants de différents âges peut sans doute apporter de bonnes nouvelles. « Plusieurs collaborateurs égyptiens et étrangers, notamment des spécialistes en matériaux céramiques, en poteries ou en analyses des os d’animaux ou d’êtres humains, nous aident actuellement afin d’accomplir vers la fin de cette saison une bonne partie du travail », déclare la directrice de Gabal Al-Silsila. Elle donne l’exemple de l’analyse préliminaire des os humains, faite par le professeur Salima Ikram, qui indique une habitation permanente à Gabal Al-Silsila. Une des plus impressionnantes trouvailles lors des fouilles c’est la découverte d’une bague-sceau portant le cartouche de Thoutmosis III (1504-1450 av. J.-C.) ainsi qu’un scarabée qui révèle clairement le nom du pharaon. De même, la mission a découvert une petite chapelle datant toujours de la XVIIIe dynastie. Il s’agit d’un petit sanctuaire taillé dans le roc composé de deux chambres conservant partiellement quelques caractéristiques architecturales, y compris les murs ainsi qu’une porte intérieure couronnée du disque solaire ailé. « Etant face à la rive ouest du Nil, cette chapelle a vécu les inondations annuelles, ce qui nécessite plus de nettoyages et de restaurations, avec des analyses plus approfondies », indique Nilson.
Pillé dans l’antiquité
La bague sceau de Thoutmosis III.
L’archéologue souligne qu’après de longues recherches, l’équipe de travail a entrepris le nettoyage d’une petite sélection de tombes afin de sauver ces importants édifices. Elle affirme : « C’est un travail qui peut se poursuivre au cours des saisons à venir ». En effet, ce site n’arrête pas de surprendre les archéologues suédois qui opèrent sur le chantier depuis près de quatre ans. Au début de cette année, six statues remontant au Nouvel Empire avaient été découvertes. Et au cours de 2015, la mission avait découvert un temple dont l’appartenance reste inconnue et qui a ensablé plus de 60 sites comportant des gravures, ainsi qu’une dizaine d’objets datant de différentes époques. « Ce site a été gravement pillé à l’antiquité, ce qui explique la difficulté de dater les pièces », conclut Maria Nilson, qui assure la continuité des fouilles et des études dans la région.
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