(Photo : Yasser Al-Ghoul)
La semaine dernière, le Musée égyptien a inauguré une exposition de 198 pièces d’antiquités qui ont été restituées à l’Egypte au cours des deux dernières années. Une collection que le ministère des Antiquités a soigneusement sélectionnée parmi un total de 700 pièces récupérées par les autorités égyptiennes au cours de cette période. «
Ces pièces sont le fruit d’un grand effort de la part des autorités égyptiennes et le résultat d’une grande coopération entre l’Etat égyptien et 8 autres pays, à savoir les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, la Belgique, le Danemark, l’Autriche, l’Allemagne et l’Afrique du Sud », explique Ali Ahmad, directeur général du département des antiquités restituées au ministère des Antiquités. A l’entrée de la salle d’exposition, on voit des pancartes qui retracent les trajets des différentes pièces, leur sortie illégale du pays et la date de leur retour. La collection exposée est très variée. Les pièces proviennent de différentes époques, de la préhistoire à l’Egypte pharaonique, avec exceptionnellement quelques pièces de la période islamique. Ainsi, il y a des ornements en ivoire qui étaient incrustés dans le minbar en bois de la mosquée Ganem Al-Bahlawan (883 de l'hégire – 1478 apr. J.-C.), qui se trouve dans la rue Sérouguiya dans le quartier d’Al-Darb Al-Ahmar. Ces pièces avaient été volées en 2008 et restituées par la Grande-Bretagne ces dernières années. «
C’est la raison pour laquelle ces décorations font partie de la collection exposée au Musée égyptien bien qu’elles datent de l’époque mamelouke », précise Ali Ahmad.
Stèle de Séthi Ier et squelette préhistorique
(Photo : Yasser Al-Ghoul)
Parmi les pièces exceptionnelles on remarque aussi une stèle en calcaire appartenant au roi Séthi Ier et qui remonte à la XIXe dynastie pharaonique. Elle décrit le souverain accompagné des divinités Hathor et Web-Wawout. «
Cette stèle est importante, car elle a été dégagée du temple de Séthi Ier à Assiout, temple qui n’a pas encore été localisé », reprend Ali Ahmad. L’histoire de la récupération de cette pièce remonte à mars 2015. Un inspecteur des antiquités britanniques avait envoyé la photo de la stèle en signalant sa mise en vente au marché noir. «
Nous avons étudié la stèle et on s’est assuré qu’elle provenait du temple de Séthi Ier à Assiout qui est encore enseveli », se souvient le directeur. Ce temple est dédié à la divinité Hathor nommée la «
Dame du mont Dronka » et la divinité locale Web-Wawout qui ressemble à Anubis. Une fois que l’identité de la pièce a été confirmée, les démarches diplomatiques et juridiques ont été lancées en vue de la récupérer. Un rapport scientifique a été présenté au procureur général pour intenter un procès devant les autorités britanniques. En parallèle, une photo de la stèle a été envoyée à Interpol et à l’Unesco, pour demander son retour et pour empêcher sa vente. La stèle a fini par être retrouvée. «
Le prix proposé pour sa vente était très modeste. Nous avons obtenu le nom du vendeur qui a été contraint de la rendre à l’ambassade égyptienne à Londres », ajoute Ali Ahmad.
La stèle de Séthi 1er. (Photo : Yasser Al-Ghoul)
Parmi les pièces les plus intéressantes de cette exposition figure également une oeuvre préhistorique, un squelette d’un jeune homme qui remonte à 35 000 ans av. J.-C. A l’origine, le squelette avait été découvert par la mission archéologique belge de l’Université de Leuven, qui opérait à Nazlet Khater dans le gouvernorat de Sohag en Haute-Egypte en 1980. D’après les lois de l’époque, la mission archéologique étrangère avait le droit de prendre possession d’une partie de ses trouvailles. Du coup, le squelette a été emmené aux laboratoires d’études préhistoriques de l’université belge. Mais trois ans plus tard, la loi a été modifiée interdisant désormais aux missions étrangères de récupérer quoi que ce soit. « C’est une pièce unique d’une ultime importance puisque c’est le deuxième plus ancien squelette découvert en bon état. Il devait donc retourner en Egypte et retrouver sa place dans son pays d’origine », souligne Ali Ahmad. Ce dernier a eu recours au département des missions étrangères du ministère des Antiquités, qui s’est chargé de négocier avec les directions scientifiques étrangères concernées. Et en 2015, le squelette a finalement été rendu à l’Egypte, et est aujourd’hui au Musée égyptien.
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