15 ans après sa liquidation, les usines de la compagnie El-Nasr Automotive, le plus ancien constructeur d'automobiles d'Egypte et d'Afrique, reprennent la production dans un jour « de fête pour toute l'Egypte », comme l'a décrit le premier ministre, Mostafa Madbouly, à la cérémonie d'inauguration samedi 16 novembre.
« Ça fait des années qu’on faisait de grands efforts afin de faire ressusciter cette forteresse industrielle pour ce qu’elle possède de capacités humaines et industrielles. El-Nasr est un trésor qu’il ne fallait pas laisser », a dit Madbouly.
La compagnie El-Nasr avait été fondée en 1960 afin d’être une base industrielle pour la production de voitures en Egypte. Pour de longues années, El-Nasr était le véhicule principal dans les rues égyptiennes. Et après avoir acquis la franchise de la célèbre marque italienne Fiat, elle est devenue la voiture populaire pour la classe moyenne en Egypte notamment avec ses modèles 128, 131 et Regata. En 2009, les usines ont été mises à l’arrêt en raison des grosses pertes.
« Nous voulons éviter les erreurs du passé et assurer la continuité de la production. C’est pour cela qu’on a fait de nombreux partenariats avec des institutions internationales pour garantir la bonne gestion », a expliqué Madbouly.
« Nous avons une grande confiance dans le secteur privé. Il possède une bonne vision concernant les besoins du maché et cela assurera la continuité de la production en vue des demandes locales et internationales », a-t-il ajouté.
Le premier ministre a dit que l’Egypte a une vision de localiser l’industrie des voitures et qu’à cet égard, elle cherche à élargir sa production automobile.
Madbouly a ajouté que les besoins du marché local s’élèvent à 500 000 véhicules par an et que ce chiffre va encore s’accroître dans les années à venir avec la croissance démographique et le développement économique.
Ligne de bus
De son côté, le président de la compagnie, Khaled Shedid, a précisé que la production a commencé par la ligne de bus avec une capacité d’un bus par jour et 300 bus par an. Ce taux devra se hisser à 1 500 bus par an en 2026.
« Nous avons une composante locale de 50 % actuellement et on veut atteindre 70 % dans les quelques années à venir. Cette production sera destinée au marché local, mais on compte aussi se diriger vers les marchés extérieurs », a dit Shedid.
Le PDG d’El Nasr a précisé que les préparatifs pour la production des voitures pour particuliers sont encore en cours et qu’une première production expérimentale aura lieu en 2025 avec une capacité de production de 20 000 voitures par an et une composante locale de 45 % au début. Le coût de cette ligne de production s'est élevé à 20 millions de dollars.
« Nous avons affronté plusieurs défis pour en arriver jusque-là. Le premier, c’était de réhabiliter le personnel et le préparer à cette nouvelle phase après 15 ans d’arrêt. Le second, qui était énorme, c’est le développement de l’infrastructure qui n’avait subi aucune rénovation en soixante ans. Nous avons fait un développement total de toute l’infrastructure et cela était nécessaire de manière rapide et précise afin de convaincre nos potentiels partenaires de nous joindre dans ce projet », a expliqué Shedid.
Partenariat avec le secteur privé
El-Nasr a signé un accord avec la compagnie chinoise « Yutong » pour la production d’une ligne de bus. La marque « Nasr Sky » est déjà en place et sera en circulation bientôt tandis qu'il est prévu de fabriquer un premier bus électrique en 2025, selon les déclarations de Shedid.
Un autre accord de 10 milliards de dollars a été signé avec la compagnie taïwanaise « Tron-e Technology » et la compagnie émirati « Your Transit » pour la fabrication des batteries de bus, dans un premier temps, puis la fabrication des minibus.
Dans le cadre de la stratégie pour localiser l'industrie automobile, Shedid a annoncé qu'un accord a aussi été signé avec une entreprise chinoise, qu'il n'a pas nommée, pour la fabrication de trois types de voitures à essence et électriques à partir de mai 2025.
Le PDG d'El Nasr a annoncé la création d'une nouvelle compagnie, SN Automotive, en partenariat avec le groupe Safi, pour assurer les services de ventes et d'après-vente. Le capital de cette nouvelle société s'élève à 500 millions de livres avec un taux de participation de 76% pour Safi et 24% pour El-Nasr.
Monument égyptien
El-Nasr est un monument du patrimoine égyptien au même titre que Renault pour la France ou Lada en Russie. Fondée par le président Gamal Abdel-Nasser, cette compagnie représentait le symbole de l’essor industriel de l’époque.
Les neuf usines de la compagnie sont construites sur une énorme superficie de 900 000 km2.
Ses voitures Nasr 110, Nasr 1300, Fiat 128, Regata, Polonez et Sahin sont imprimées dans la mémoire égyptienne et certaines même parcourent encore les routes, suscitant une énorme nostalgie.
Sa vaste gamme de voitures compte 500 000 véhicules lors de ses 50 ans de production jusqu’à son arrêt en 2009.
C’était toujours la même histoire : manque d’efficacité, mauvaise gestion du secteur public et baisse de production et de qualité.
En 2017, il y avait des efforts pour relancer la production avec un « partenaire stratégique », mais cela n'a pas abouti. Il a fallu attendre sept autres années pour que le rêve voie le jour.
« El Nasr est une source de fierté pour nous tous. Cela ne pouvait pas être la fin. El Nasr est une histoire pour l’histoire », conclut Shedid.
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