Le logo sur une usine de la cimenterie française Lafarge. Photo : AFP
Trois juges d'instruction français ont ordonné mercredi un procès pour financement du terrorisme contre le groupe Lafarge et huit personnes, dont d'anciens responsables, pour avoir poursuivi les activités du cimentier en Syrie jusqu'en 2014, a appris l'AFP de sources proches du dossier.
L'ensemble des mis en cause "ont, dans une logique de recherche de profits pour l'entité économique qu'ils servaient, ou pour certains de profit personnel direct, organisé, validé, facilité ou mis en oeuvre une politique supposant de faire parvenir un financement aux organisations terroristes implantées autour de la cimenterie" à Jalabiya (Syrie), selon l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel consultée par l'AFP.
Le groupe Lafarge, désormais filiale du groupe suisse Holcim, et les huit prévenus, des membres de la chaîne opérationnelle ou de la chaîne de sûreté, des intermédiaires syriens, ainsi que le directeur général de Lafarge SA d'alors, Bruno Lafont, seront jugés pour financement d'entreprises terroristes et, pour certains, non-respect de sanctions financières internationales, du 4 novembre au 9 décembre 2025, selon un calendrier prévisionnel.
Les avocats de la défense contactés par l'AFP n'ont pas souhaité réagir ou n'ont pas répondu dans l'immédiat.
Les juges d'instruction ont en revanche ordonné un non-lieu pour l'ancien directeur de la sûreté Jean-Claude Veillard, mis en examen dans cette affaire depuis fin 2017.
"Après sept années d'un combat judiciaire sans relâche, l'innocence de Jean-Claude Veillard est enfin établie. C'est un grand soulagement", ont réagi auprès de l'AFP ses avocats, Mes Sébastien Schapira et Antoine Galudec.
Le groupe est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), cinq millions d'euros à des groupes jihadistes, dont Daech , et à des intermédiaires afin de maintenir l'activité d'une cimenterie à Jalabiya, alors même que le pays s'enfonçait dans la guerre.
"La société conservait son autonomie décisionnelle, et aurait pu à tout moment mettre fin à l'exploitation de l'usine, notamment au moment où ses dirigeants avaient pris connaissance des exigences financières des entités terroristes", écrivent les juges d'instruction.
"En acceptant de payer ces entités, la société évaluait les contreparties qu'elle pourrait en retirer, telles que le déblocage des routes, la libre circulation des camions et des salariés de l'usine grâce à la délivrance de laissez-passer", ajoutent-ils.
Le volet de l'information judiciaire, ouverte en juin 2017, concernant les soupçons de complicité de crimes contre l'humanité de la société, est toujours en cours.
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