Solana, un registre virtuel qui héberge des cryptomonnaies, a connu une croissance exponentielle ces derniers mois, au point de rivaliser avec une chaîne de blocs bien plus établie, Ethereum, dans la course au lancement d'un produit financier qui leur serait adossé.
Solana est une chaîne de blocs (ou "blockchain", en anglais), c'est-à-dire une grande base de données stockant la trace de transactions de manière sécurisée et infalsifiable.
Pour fonctionner, les cryptomonnaies doivent s'appuyer sur une chaîne de blocs: l'ether ou le tether sont par exemple hébergés sur Ethereum, l'ADA sur Cardano, et le bitcoin sur un système du même nom.
Lancée en 2020, Solana permet des transactions très rapides, à un faible coût. Elle abrite en conséquence de nombreuses cryptomonnaies, ainsi qu'un jeton dit "natif", Sol, qui s'échange aux alentours des 130 dollars.
Cela représente une fraction du prix d'un bitcoin, la plus célèbre des cryptomonnaies, qui cote en ce moment entre 57.000 dollars et 62.000 dollars.
Avec environ 61 milliards de dollars de capitalisation, Sol s'est hissé dans le top 5 des cryptomonnaies, cependant loin derrière le bitcoin et ses plus de 1.100 milliards cumulés.
Mais Sol a bondi d'environ 1.500% depuis le creux du marché fin 2022, là où le bitcoin et l'ether ont un peu moins que triplé par rapport à leur plus bas respectifs de 2022.
La vitesse à moindres frais
Signe de son succès, le nombre d'identifiants de connexion unique actifs quotidiennement sur Solana est passé d'un peu moins de 660.000 en début d'année à plus d'1,5 million début juillet, trois fois plus que sur Ethereum, d'après des données compilées par le site The Block.
"Les développeurs considèrent Solana comme une +blockchain+ attrayante" en raison "de ses faibles frais de transaction, de sa vitesse et de son évolutivité", ainsi que "des outils qui permettent une grande personnalisation" des cryptomonnaies, explique Simon Peters, analyste de eToro, interrogé par l'AFP.
Plus de 1,2 million de nouvelles cryptomonnaies ont ainsi été lancées depuis le début de l'année sur Solana, selon les données de la plateforme Pump.fun, qui permet de les créer en quelques clics, de façon ludique.
Il s'agit principalement de "memecoins", des cryptomonnaies particulièrement volatiles, parodiant parfois des phénomènes viraux sur internet, à l'instar de "Bonk", qui reprend une image classique de cet univers, celle d'un chien de race shiba inu.
Lorsqu'elles sont disponibles en prévente, ces monnaies virtuelles engrangent fréquemment des millions de dollars d'investissement, dans la perspective d'une explosion des prix et d'une coquette plus-value.
Le service de paiement en ligne Paypal a également choisi Solana pour lancer sa propre devise numérique stable ou "stablecoin", supposée être moins volatile qu'une cryptomonnaie classique.
Course à l'ETF
Souhaitant capitaliser sur le succès de Solana, les émetteurs de produits financiers VanEck, puis 21Shares, ont déposé fin juin les premières demandes d'enregistrement aux États-Unis d'un fonds indiciel (ETF) suivant le prix de sa monnaie virtuelle native, des mois après un feu vert réglementaire pour un produit similaire lié au bitcoin.
Les ETF sont des produits d'investissement qui permettent de rendre accessibles les cryptomonnaies au grand public sans avoir besoin d'en détenir directement.
Au bout de six mois sur le marché américain, l'ETF adossé au bitcoin a attiré environ 14 milliards de dollars, selon l'un des émetteurs autorisés, Bitwise.
Fin mai, le régulateur américain des marchés financiers (SEC) a également validé l'enregistrement d'ETF basés sur la cryptomonnaie ether, ouvrant la porte à leur mise sur le marché plus tard dans l'année.
"Si un ETF spot Ethereum est définitivement approuvé par la SEC", cela "augmenterait considérablement les probabilités d'un ETF solana, compte tenu de leurs similitudes", estime Simon Peters, d'eToro.
Embouteillages sur le réseau
Victime de son succès, Solana peine cependant "à gérer la forte augmentation de son activité", qui a conduit à des épisodes de "congestion du réseau", remarque Shehriyar Al, de ByteTree.
Pour y remédier, une mise à jour devrait permettre d'ici la fin de l'année au réseau de traiter plus d'un million de transactions par seconde, un nombre bien supérieur à toute autre chaîne de blocs.
Solana a également connu ces dernières années des pannes de réseau de plusieurs heures, surtout en 2022, qui ont terni sa réputation, mais aucun incident majeur cette année.
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