Marché de rue à Attaba Square dans le centre de la capitale égyptienne Le Caire. Photo : AFP
La Banque Centrale d'Egypte (BCE) a relevé, jeudi 1er février, ses taux directeurs de 200 points de base (2 %), pour situer le taux des dépôts à 21,25 % et le taux des prêts et le taux de facilité de prêts à 22,25 %.
En augmentant son taux directeur, la BCE vise à lutter contre l'inflation. Cela risque aussi de freiner la croissance économique. Cette augmentation des taux signifie une forte hausse des coûts d’emprunt pour les ménages et les entreprises et une baisse des crédits dans l'économie. La demande, provenant des entreprises, des ménages et des organismes publics, va diminuer et l'économie (mesurée par le PIB) ralentira.
Dans de nombreux pays, les banques centrales s'empressent de relever leurs taux d'intérêt directeurs dans l'espoir de maîtriser l'inflation. Elles espèrent que la hausse des coûts d’emprunt entraînera la diminution de la demande des consommateurs et, par conséquent, une baisse des prix.
« Cette hausse des taux d'intérêt par la BCE est toutefois intentionnelle avant le mois du Ramadan et des fêtes musulmanes en Egypte, une période qui se caractérise par un pouvoir d’achat accru, voire exagéré », explique à Ahraminfo Hoda Al-Mallah, économiste.
« Les Egyptiens ont l’habitude d’accroître leurs dépenses pendant les périodes des fêtes. C’est une culture transmise de génération en génération. La BCE, par sa décision, tente alors d’absorber les liquidités des mains des Egyptiens », indique Al-Mallah, affirmant que cette augmentation des taux d'intérêt contribuera certainement à l’atténuation de la crise de l’inflation.
Toutefois, des incertitudes subsistent quant aux anticipations de l’inflation. Selon la BCE, bien que le taux d’inflation ait baissé en décembre à 33,7 %, les pressions inflationnistes persistent et se reflètent sur la hausse des produits alimentaires et non alimentaires et continueront d’influencer les modèles de consommation et de prix.
De même, les tensions géopolitiques croissantes et les perturbations commerciales persistantes dans la mer Rouge ont accru l’incertitude quant aux perspectives d’inflation, en particulier en ce qui concerne les chocs subis par les chaînes d’approvisionnement et leur impact sur les prix des principales matières premières, indique la BCE.
« La décision de la BCE est une solution temporaire et aura juste un effet à court terme. Elle n’aura pas d’impact sur l’inflation », explique à Ahraminfo Doha Abdel-Hamid, économiste. De même, « elle donne des signaux négatifs à propos du manque de liquidité dans le secteur bancaire », a-t-elle poursuivi.
« La majorité des citoyens ne possèdent pas un surplus de liquidité pour les déposer dans le système bancaire. Les taux de prêt augmenteront pour les investisseurs. Même s'il y a des effets externes influençant la décision de la BCE, des solutions radicales doivent être trouvées », selon Abdel-Hamid.
Il est à noter que cette réunion de la Banque Centrale d'Egypte est la première en 2024. Les deux dernières réunions de la BCE tenues en novembre et décembre 2023 avaient décidé de maintenir les taux d’intérêt inchangés.
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