Un programme d’urgence de soutien aux exportations, pour contrer les effets néfastes de la crise économique du Covid-19, vient d’être élaboré. Le programme de 3 ans entrera en vigueur en juillet prochain. L’objectif du gouvernement avant la pandémie était de réaliser des recettes d’exportation à hauteur de 44 milliards de dollars fin 2020, selon la vision « Egypte 2030 ». Un objectif optimiste qui a connu un ralentissement en raison du Covid-19 et de la contraction des chaînes d’approvisionnement mondiales et du mouvement du commerce. Les derniers chiffres des exportations publiés par la Banque Centrale d’Egypte (BCE) sont modestes, avec 26,376 milliards de dollars pour l’année fiscale 2020-2021 contre 28,5 milliards en 2019-2020, soit un recul de 7,4 %.
Le gouvernement veut maintenir le taux de croissance actuel des exportations au cours de la première année d’exécution du programme et les augmenter de 10% au cours de la deuxième année et de 15 à 20% au cours de la troisième année. Le programme, qui privilégie l’industrie, établit de nouvelles règles qui n’existaient pas dans les anciens programmes de soutien aux exportations. La plus importante est d’encourager la hausse des composants locaux dans l’industrie et de soutenir la valeur ajoutée des produits finaux qui ont un pourcentage de composants locaux situé entre 45 et 60%. « Le soutien n’était pas toujours bien ciblé dans l’ancien système. Le montant du soutien financier sera calculé en fonction de la valeur ajoutée dans les produits finaux », affirme Mohamed Shady, économiste auprès du Centre égyptien des études stratégiques.
Mohamed Al-Sayad, président du Conseil des exportations, déclare qu’il est difficile de calculer la valeur ajoutée à tous les niveaux de la chaîne de valeur du textile, à titre d’exemple, car, selon lui, ce n’est pas uniquement une question de produit final, mais il faut prendre en compte les bilans financiers. Il ajoute qu’il appartient à l’Autorité du développement industriel de déterminer le montant de la valeur ajoutée.
Selon Mohamed Shady, on soustrait du produit final la valeur des entrants de la production, ainsi que les dépenses de fonctionnement et les recettes de gaz et d’électricité. « L’ancien système de soutien aux exportations était basé sur les recettes des exportations », dit-il. Et d’ajouter: « Selon cette formule, l’Etat subventionnait indirectement les importateurs étrangers. Des produits bruts et des produits semi-finis à destination de pays comme la Chine étaient subventionnés. Or, parfois, ces produits étaient réexportés vers l’Egypte. Les nouvelles règles s’assurent que l’aide va aux industriels sérieux et encouragent le développement des industries nationales », renchérit Mohamed Shady.
Développer les petites et moyennes industries
Le programme vise à développer les petites et moyennes industries, ainsi que les industriels dans les gouvernorats les plus pauvres, tels la Haute-Egypte et les gouvernorats frontaliers. Ainsi, les quotas de soutien seront augmentés pour les petites et les moyennes entreprises et les projets dans les zones franches, les gouvernorats limitrophes, ainsi que la région économique du Canal de Suez. Une manière de stimuler les investissements et le potentiel jusque-là inexploité des zones qui souffraient en raison du peu d’intérêt.
Le programme encourage aussi la conquête de nouveaux marchés, certaines destinations seront pleinement subventionnées à titre exceptionnel en 2021. Mohamed Shady estime que l’absence de précision dans cette clause est intentionnelle parce que les circonstances peuvent varier d’une année à l’autre ou d’un secteur à l’autre, ainsi que les objectifs des politiques industrielles et commerciales. Il y a des marchés où nous sommes quasi absents, tel le marché chinois. Les prix sur ce marché sont bas et nos coûts sont encore élevés et donc loin d’être compétitifs. Raison pour laquelle ces destinations seront privilégiées. Même chose pour le marché américain, indien ou africain.
Une étude publiée par le Centre égyptien des études économiques évaluant les programmes de soutien aux exportations entre 2002 et 2019 assure que les exportations égyptiennes, surtout les exportations non pétrolières, manquent de dynamisme au niveau de la diversité des marchés ciblés, des produits exportés ou encore de la conformité de ces produits à la demande mondiale. L’étude affirme qu’en l’absence d’une stratégie détaillée, les différentes initiatives de soutien aux exportations, quoique louables, n’engendrent pas les bénéfices escomptés .
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