Les pays africains ont 3 moyens pour sécuriser les approvisionnements en vaccins anti-Covid-19 : directement à travers les entreprises pharmaceutiques, à travers le mécanisme COVID-19 Vaccines Global Access (COVAX), qui est une initiative globale, et à travers L’African Vaccine Acquisition Task Team (AVATT), initiative établie par l’Union africaine. Un nombre limité de pays détient la capacité financière d’entrer en compétition avec les pays riches qui, eux aussi, luttent pour obtenir les vaccins vitaux contre le coronavirus. « Rares sont les pays africains qui pourront, de leurs propres moyens, se procurer le vaccin », a déclaré Mosoka Fallah, un spécialiste en santé publique, qui a travaillé au Libéria lors de l’épidémie de l’Ebola.
Le mécanisme Covax, destiné à procurer un accès équitable aux vaccins à toutes les nations qui y sont membres, vient d’annoncer ce qu’il a convenu d’appeler « le consortium d’approvisionnement ». « Ce déploiement planifié de vaccin est une étape critique pour assurer un accès équitable au continent africain en vaccins », déclare Dr Matshidiso Moeti, chargée de l’Afrique au sein de l’Organisation mondiale de la santé, qui dirige le Covax. Celui-ci procurera 88,7 millions de doses des vaccins d’AstraZeneca/Oxford et Pfizer-BionTech à 47 pays africains. La livraison de ces vaccins fabriqués par l’Institut des sérums en Inde et l’entreprise sud-coréenne, SK Bioscience, sera entamée en février. Il est attendu que toutes les doses soient distribuées dans la première moitié de 2021. L’Institut du sérum en Inde procurera 75 millions de doses à 38 pays africains, dont au moins 26 millions seront remises fin avril et 49 millions fin juin. Neuf autres pays africains recevront quelque 13 millions de doses de SK Bioscience. 2 millions de doses seront remises avant le 30 juin. Le reste sera fourni pendant la deuxième moitié de 2021.
Le Cape-Vert, le Rwanda, l’Afrique du Sud et la Tunisie ont été choisis par Covax pour obtenir environ 320 000 doses des vaccins Pfizer-BioNTech, qui nécessitent des exigences plus strictes de stockage au froid. « Nous sommes très heureux pour avoir été l’un des rares pays à recevoir le vaccin de Pfizer-BioNTech », a déclaré aux journalistes Daniel Ngamije, ministre rwandais de la Santé. « Cela est un indicateur de la performance du secteur médical, parce que nous avons été capables de répondre à toutes les exigences », dit-il.
Certains pays africains autofinancent leur participation au Covax, alors que la vaste majorité reste éligible au soutien financier des donneurs qui leur payent les vaccins.
Les prévisions de distribution intermédiaire du Covax couvrent pour le moment juste 3,3 % de la population totale des 145 participants. Mais le Covax affirme qu’il entend atteindre la barre des 20 %. « Le Covax doit relever le défi du financement pour voir s’il peut cibler au-delà des 20 % », a déclaré Mosoka Fallah, qui travaille pour le National Public Health Institute (NPHI) du Libéria.
Initiative typiquement africaine
L’AVATT a vu le jour en août 2020 sous la gestion de l’ex-président de l’Union africaine et le président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa. l’AVATT a sécurisé quelque 270 millions de doses de vaccins à au moins 50 millions d’individus prévus entre avril et juin, et le reste d’ici fin 2021. Les doses seront fournies par Pfizer-BioNTech, AstraZeneca/Oxford et le vaccin Johnson&Johnson qui est administré sur une seule dose. Ceci selon une déclaration de la présidence de l’Afrique du Sud le 13 janvier.
L’Afreximbank garantira les accords d’achat. Ensuite, avec la livraison, les pays devront régler leur facture ou bien opter pour un plan de crédits redevables sur 5 ans, a déclaré la présidence de l’Afrique du Sud. « A mon avis, il n’est pas clair si les pays africains pourront financièrement se procurer les vaccins », déclare un spécialiste de santé publique et conférencier visiteur à l’école de santé publique de Harvard. Et d’expliquer que ces pays sont lourdement endettés.
La présidence de l’Afrique du Sud a déclaré à la mi-janvier que l’Union africaine travaillait avec la Banque mondiale pour que les pays africains puissent accéder à 5 milliards de dollars destinés à l’achat des vaccins. Plus tard, il a été déclaré que les plafonds des prêts seraient plutôt de 12 milliards de dollars via des subventions à des conditions concessionnelles.
L’Afrique aura besoin de 780 millions de vaccins pour atteindre la cible de 60 % requise pour l’immunité collective de sa population de 1,3 milliard d’individus.
Outre les vaccins développés par les compagnies pharmaceutiques occidentales, d’autres vaccins concurrents seront développés par la Chine et la Russie et seront à la disposition des pays africains pour les protéger.
Le ministre chinois des Affaires étrangères a récemment déclaré qu’il était sur le chemin d’exporter des vaccins à 22 pays.
Le vaccin russe Sputnik V a obtenu des approbations d’usage en Guinée et en Tunisie, alors qu’une campagne de vaccination a lieu à l’heure en Algérie, selon le site Web de Sputnik. Cependant, les accords en détails sur les provisions et le financement demeurent aléatoires.
La vue d’ensemble sur les provisions des vaccins anti-Covid-19 est sujette à des changements constants, avec les entraves qui suspendent les marchés avec les fabricants et les détails divulgués sur les termes financiers. L’initiative de l’AVATT est moins ancrée que celle du Covax établie plus tôt.
« Les deux plateformes sont bonnes mais chacun a ses propres défis », a déclaré Fallah, qui se félicite pour sa contribution à la lutte contre l’épidémie de l’Ebola dans les pays de l’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016.
Loin des soutiens des donneurs à travers le Covax et l’aide potentielle émanant de la Chine et de la Russie, l’initiative de l’AVATT dépend en grande partie sur la capacité des pays à chercher des solutions de financement. « Toutes ces plateformes sont géniales parce qu’elles fraient la voie aux négociations collectives, mais nous avons besoin de les affiner », ajoute Mosoka Fallah, qui met en doute le fait que certaines provisions à travers l’Avatt puissent être obtenues par le biais de subventions au lieu de prêts.
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