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Avec Meeza, moins de cash, plus de numérique

Gilane Magdi, Mercredi, 18 novembre 2020

Le ministère des Finances a annoncé un plan de remplacement des cartes de salaires gouvernementales par celles du réseau national Meeza. Une carte qui offre aux utilisateurs de nombreux avantages sur le marché local.

Avec Meeza, moins de cash, plus de numérique
Les couches à faible revenu sont les premiers bénéficiaires de la carte nationale Meeza. (Photo : Reuters)

Le gouvernement accélère la transition vers une société numérique moins dépendante du cash. Dans ce cadre, le ministère des Finances vient d’annoncer un plan pour la transformation de toutes les cartes électroniques pour le paiement des salaires des fonctionnaires publics en cartes de paiement intelligentes portant le nom « Meeza ». En 2017, le gouvernement avait décidé que les salaires des employés du secteur public ainsi que les pensions de retraite seront récupérés à travers des cartes électroniques, un changement majeur pour une société jusqu’alors extrêmement dépendante du cash. Aujourd’hui, le gouvernement veut avancer dans son plan au plus vite. « Nous courons contre la montre pour déployer plus de 5 millions de cartes intelligentes d’ici un an », a déclaré le ministre des Finances, Mohamad Maeit dans un communiqué de presse publié le 3 novembre.

Le porte-parole du système de paiement et de collection électronique au sein du ministère des Finances, Hamdy Hosny, explique à l’Hebdo que « Meeza n’est pas seulement une carte, c’est un réseau de paiement électronique à travers lequel sont conclues toutes les opérations financières ». Il ajoute que ces cartes seront fournies gratuitement aux fonctionnaires publics. « Depuis novembre 2017, les salariés percevaient leurs salaires et leurs primes via les cartes électroniques bancaires portant le slogan des réseaux internationaux tels que Visa et MasterCard. Ces cartes seront remplacées par d’autres portant la marque du réseau national Meeza », explique-t-il.

C’est en mai 2019 que le ministère des Finances a créé le réseau de paiement électronique Meeza en coopération avec plusieurs parties : la Banque Centrale d’Egypte (BCE), qui a chargé la société Egyptian Bank Company (EBC), considérée comme étant son bras électronique pour émettre les cartes nationales et installer l’infrastructure nécessaire aux paiements électroniques, la Poste égyptienne et une trentaine de banques égyptiennes. L’année dernière, l’EBC a émis les cartes nationales de Meeza prépayées (voir encadré).

Pour le système de remplacement des cartes électroniques par celles de Meeza, 9 banques seulement participent au projet, à savoir : la Banque nationale d’Egypte (NBE), la Banque Misr, la Banque du Caire, la CIB, la Banque du logement et de l’urbanisation, Al-Masraf Al-Mottahed, la banque ABC, la banque Emirates NBD et Arab African International Bank. « Nous nous sommes réunis avec les banques participant au réseau national et la BCE pour mettre le plan de remplacement des cartes selon lequel chacune des banques va choisir une entité gouvernementale pour faire l’opération de remplacement », explique Hamdy Hosny, en ajoutant que le ministère des Finances a terminé la première phase expérimentale dans les entités gouvernementales qui ont au maximum 1 000 employés. Quant à la deuxième phase, entamée début octobre 2020, le ministère des Finances a choisi 10 entités gouvernementales ayant au maximum 5 000 employés. Cette phase est applicable dans 10 gouvernorats autres que le gouvernorat du Caire : Alexandrie, Louqsor, Sud-Sinaï, mer Rouge, Port-Saïd, Matrouh, Fayoum, Assiout, Daqahliya et Gharbiya. « Nous allons généraliser la distribution des cartes dès la fin de la deuxième phase expérimentale », renchérit Hamdy Hosny. Pour sa part, le ministre des Finances a clarifié que « 37 000 cartes ont été émises au cours des première et deuxième phases expérimentales ».

De multiples avantages

Les nouvelles cartes comportent un ensemble d’avantages représentés par le versement des paiements gouvernementaux, l’achat dans les points de vente électroniques disponibles chez les commerçants et les achats en ligne via des sites électroniques acceptant la carte Meeza. De même, le ministre des Finances a annoncé un avantage supplémentaire introduit pour la première fois sur le marché égyptien pour les employés de l’Etat selon lequel la nouvelle carte offre aux fonctionnaires la possibilité de recevoir une partie du salaire à l’avance. Le salarié peut ainsi retirer le tiers de son salaire du mois suivant sous forme d’achats via les points de vente ou les sites électroniques, et les retraits d’espèces ne sont pas autorisés via les guichets automatiques ou les succursales bancaires. « Ce service sera offert gratuitement au cours des 6 premiers mois après la réception de la carte. Plus tard, des frais de 1 % à 1,25 % seront imposés sur la valeur de ses achats. Nous travaillons à offrir des incitations positives aux fonctionnaires afin de les inciter progressivement à effectuer un tiers des transactions importantes en transactions en espèces dans l’objectif de changer la culture des employés et réduire leur dépendance sur les liquidités », explique Hamdy Hosny.

Noaman Khalid, directeur associé et économiste auprès de la banque d’investissement Arqaam Capital, insiste sur l’importance de la sensibilisation des différentes catégories de la société et non seulement les fonctionnaires publics à la nature du réseau de paiement national et ses avantages pour les couches à faible revenu. « En se transformant en une société numérique, la sensibilisation des couches dépourvues d’accès bancaire est vraiment une nécessité majeure. Elles sont les premières bénéficiaires de ce type de cartes qui répondent à leurs besoins en petites sommes. Un avantage qui n’existe pas chez les réseaux de paiement international Visa et MasterCard », note-t-il. Hamdy Hosny a expliqué que le ministère des Finances a déjà tenu des conférences de sensibilisation en coopération avec la BCE et l’EBC pour expliquer aux entités gouvernementales les procédures de remplacement des cartes des salaires par celles du réseau national Meeza.

Une étape importante pour aider les usagers à passer au nouveau système. « L’employé de banque m’a donné la carte Meeza et m’a dit que je peux l’utiliser pour effectuer toutes mes opérations financières. Malheureusement, je ne connais pas vraiment la nature de cette carte et le mode de son utilisation. Donc, comment puis-je l’utiliser pour récupérer mon salaire dans l’avenir ? », se demande Dina Mohamad, cliente de la Banque nationale d’Egypte (NBE). La sensibilisation est encore plus nécessaire parmi les couches à faible revenu, dont la partie majeure ne possède pas de comptes bancaires, afin de pouvoir mettre en vigueur cette transition vers une société numérique.

Meeza, MasterCard et Visa, quelles différences ?

EBC, MasterCard et Visa international. Les trois sociétés proposent les mêmes services sur les cartes prépayées (Meeza, MasterCard et Visa), permettant le paiement électronique des achats, des achats en ligne et des retraits d’espèces aux guichets automatiques bancaires. Cependant, les différences sont multiples allant des coûts de l’émission de la carte jusqu’aux sommes retirées des guichets. « Le coût d’émission de la carte nationale Meeza est de 10 L.E. (soit 0,6 dollars), avec des cotisations annuelles de 10 L.E renouvelables tous les 3 ans », détaille Mohamed Fahmy, opérant à la banque NBE. Alors que les coûts d’émission de Visa et de Master Card diffèrent selon le type de la carte mais sont bien plus élevés. Par exemple, le coût d’émission s’élève à 150 L.E. pour les cartes Visa et Master Classic, et de 75 L.E. des cotisations annuelles. Pour ce qui est de la limite de retrait quotidien, Mohamed Fahmy a expliqué qu’elle est de 30 000 L.E. pour Meeza contre 10 000 L.E. pour les deux autres cartes. En revanche, les cartes Visa et MasterCard se distinguent de la carte Meeza dans la capacité d’utiliser la carte à l’intérieur et à l’extérieur de l’Egypte, car les services de la carte Meeza sont fournis uniquement localement.

Tout un plan pour l’inclusion financière

Le gouvernement vise à intégrer les différentes catégories de la société dans les canaux bancaires via l’inclusion financière et à se transformer en une société numérique moins dépendante du cash. Pour aboutir à ces objectifs, un conseil pour le paiement électronique a été créé en 2017 sous la présidence du président de la République et formé de 16 membres parmi lesquels le ministre des Finances, le gouverneur de la BCE, les vice-gouverneurs et le ministre des Télécommunications. Ce conseil, qui se réunit tous les 3 mois, est chargé de réduire l’utilisation des billets en dehors du secteur bancaire, soutenir et stimuler l’utilisation des moyens et des canaux électroniques, développer les systèmes de paiement nationaux sûrs, efficients et efficaces. Il y a 3 ans, le ministère des Finances a établi le système de paiement et de collecte électronique passant par des phases diverses, allant de l’automatisation des paiements gouvernementaux, à travers le versement des paiements gouvernementaux des douanes et des impôts via les cartes électroniques, le paiement des salaires des fonctionnaires publics via les cartes électroniques et enfin la phase de remplacer ces cartes par d’autres portant le slogan national Meeza. « La mise en application de ce système aide à économiser environ 25 % du coût d’émission de la monnaie et environ 50 % du temps pour l’exécution des opérations financières et à réduire les procédures. Cela se reflète positivement sur le classement de l’Egypte dans les indicateurs internationaux, en particulier ceux qui concernent la mesure de la compétitivité des pays dans les domaines de la facilité de faire des affaires et de la transparence », note le porte-parole du ministère des Finances pour le paiement électronique, Hamdy Hosny.

Au niveau législatif, la loi relative à la réglementation des moyens de paiement non monétaire a été promulguée l’année dernière et sa charte exécutive a été publiée en septembre 2020. La loi invite les institutions gouvernementales et le secteur privé à verser les différents paiements (tels que les factures de portables, d’électricité et de l’eau) et les abonnements d’assurance via les moyens de paiement électronique. Parmi les clauses les plus importantes dans la charte exécutive figure celle liée au fournissement des primes pour le paiement électronique. « Réduire les sommes versées de 5 % de sa valeur et mettre sur place des programmes des points ou des primes offrant des avantages financiers ne dépassant les 5 % du montant des sommes versées par le moyen du paiement électronique », note le statut exécutif de la loi.

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