Le PIB en Inde s’est contracté bien plus lourdement que prévu. Le FMI prévoit pour l'économie indienne un recul de 10,3 % en 2020. (Photo : Reuters)
La croissance économique mondiale devrait se contracter de 4,4 % en 2020, selon les prévisions les plus récentes du Fonds Monétaire International (FMI). Bien que les perspectives de croissance mondiale restent négatives, elles sont plus optimistes que les précédentes publiées au mois de juin dernier, en pleine crise de Covid-19, qui prévoyaient que l’économie mondiale reculerait de 4,9 %. Dans la dernière édition des Perspectives économiques mondiales, publiée le 13 octobre, le Fonds monétaire international prévoit une amélioration de la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) global. Cette amélioration est due à des progrès réalisés dans les pays avancés. On prévoit un taux de croissance de -5,8 % en 2020 pour ces pays, contre -8,1 % en juin. « Cette révision à la hausse s’explique en particulier par les chiffres du PIB aux Etats-Unis et dans la zone euro, qui sont meilleurs que prévu pour le deuxième trimestre », analyse le FMI. L’amélioration des perspectives est plus importante aux Etats-Unis que dans les autres pays développés, pour lesquels le FMI a haussé ses prévisions à -4,3 %, contre -8 % en juin. Les prévisions pour les pays de la zone euro sont passées de -10,2 % à -8,3 %. L’amélioration est moins tangible pour les autres pays développés. Le Fonds monétaire prévoit une contraction de 9,8 % au Royaume-Uni, contre -10,2 % préalablement. Au Japon, les prévisions étaient de -5,8 % en juin et de -5,3 % en octobre. « Les résultats du PIB au deuxième trimestre ont constitué une bonne surprise pour les Etats-Unis et la zone euro. Dans ces deux régions, l’économie s’est contractée à un rythme record au deuxième trimestre, mais moins gravement que prévu grâce aux versements effectués par l’Etat pour compléter les revenus des ménages », explique le FMI. Les pays avancés d’Asie devraient connaître des récessions légèrement plus modérées que celles d’Europe, la pandémie y étant plus maîtrisée, ce qu’illustrent également les diminutions moins importantes du PIB dans ces pays au premier semestre 2020.
Retour à la normale en Chine
Contrairement aux pays avancés, les perspectives de croissance se sont détériorées pour l’ensemble des pays émergents et en développement, sans compter la Chine (voir graph.). Entre juin et octobre, les prévisions de croissance de ces pays pour 2020 sont passées de -3 % à -3,3 %. Quant à la Chine, la plus grande économie en développement, elle continue d’afficher une croissance positive quoique modeste. Les prévisions pour la Chine sont passées de 1 % en juin à 1,9 % en octobre. Les perspectives pour la Chine, premier pays affecté par le Covid-19, sont bien meilleures que pour la plupart des autres pays en développement et émergents. Son économie devrait croître d’environ 10 % sur 2020 et 2021 (1,9 % cette année et 8,2 % l’an prochain), selon les prévisions du FMI. « L’activité est retournée à la normale plus vite que prévu après la réouverture du pays début avril, et le soutien fourni aux exportations par les politiques publiques », détaille le FMI. Hormis la Chine, les perspectives sont précaires pour beaucoup de pays émergents et en développement. Le FMI attribue cette détérioration à un ensemble de facteurs : la pandémie qui continue à se propager, submergeant les systèmes de santé, l’importance des secteurs durement touchés comme le tourisme et une plus grande dépendance à l’égard des sources de financement extérieures comme les rapatriements de fonds. En fait, toutes les régions émergentes ou en développement devraient voir leur économie se contracter cette année, en particulier les pays émergents d’Asie, parmi lesquels de grands pays comme l’Inde ou l’Indonésie, qui s’efforcent encore de maîtriser la pandémie. « Les révisions apportées aux prévisions sont particulièrement notables pour l’Inde, dont le PIB s’est contracté bien plus lourdement que prévu au deuxième trimestre », lit-on dans le rapport du FMI. L’économie indienne devrait se contracter de 10,3 % en 2020.
L'effet continu de la pandémie sur le moyen terme
En 2021, l’économie mondiale devrait se rétablir partiellement. Les projections envisagent une croissance mondiale de 5,2 % en 2021, soit 0,2 % de moins que dans les prévisions publiées en juin 2020. Or, le FMI a averti qu’après le rebond de 2021, les prévisions de référence pour l’économie mondiale envisagent un ralentissement à environ 3,5 % à moyen terme. « Ceci implique que les pays avancés ainsi que les pays émergents ou en développement ne se rapprocheront que modérément de la trajectoire de l’activité économique 2020-25 prévue avant la pandémie de Covid-19. C’est un revers car le rythme d’amélioration des niveaux de vie moyens va ralentir », déplore le rapport du FMI. En 2021, le taux de croissance des pays avancés devrait atteindre 3,9 %, ce qui laisserait le PIB de ces pays 2 % en dessous de leur niveau de 2019. Dans les dix plus grands pays avancés, le PIB potentiel à moyen terme devrait rester en moyenne à 3,5 % en dessous des projections de janvier 2020 avant la pandémie. Dans les dix plus grands pays émergents, cette baisse est encore plus prononcée : 5,5 % en moyenne. Dans les pays avancés, la croissance devrait ralentir pour s’établir à 1,7 % à moyen terme. Dans les pays émergents et les pays en développement, la croissance devrait tomber à 4,7 % d’ici 2025, bien en deçà de la moyenne de 5,6 % enregistrée entre 2000 et 2019.
Lien court: