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Dette : L’Egypte soutient les initiatives africaines

Salma Hussein, Lundi, 01 juin 2020

L’Egypte a signé avec 13 pays africains un mémorandum demandant aux insti­tutions monétaires internationales de suspendre, pendant un an, le rembourse­ment de la dette extérieure pour faire face aux répercus­sions du Covid-19. Explications.

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L’egypte a signé avec 13 autres pays africains un mémorandum demandant aux institutions financières internationales de suspendre, pen­dant un an, le paiement du service de la dette extérieure et d’annuler une partie de cette dette. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Finances, Mohamad Maeit, lors d’une séance de discussion cette semaine au parle­ment. Maeit était venu répondre aux questions des députés sur le budget. Moustapha Salem, député du parti des Egyptiens libres, a présenté une proposition pour que le gouverne­ment suspende le remboursement de ses dettes pendant 6 mois. « C’est une crise globale, et le gouvernement doit négocier avec ses créanciers pour sus­pendre le remboursement de la dette pendant quelques mois », a déclaré le député. « L’Egypte a déjà signé un mémorandum avec 13 pays africains à cet effet », a répondu Maeit.

Les appels à l’allègement de la dette se multiplient avec les défis économiques auxquels font face les gouvernements à cause de l’épidémie de Covid-19, notamment dans les pays aux revenus moyens et limités. Le 13 avril, le Fonds Monétaire International (FMI) a annoncé une initiative permettant aux pays les plus pauvres de sus­pendre le remboursement de leurs obligations financières pendant 6 mois. 25 pays pour­raient profiter de cette initiative. Le montant de l’allègement s’élève à 25 milliards de dollars, d’après le site du FMI. Une initiative similaire a été adoptée par le G-20. 73 pays en profiter.

La Conférence des Nations-Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) a criti­qué les deux initiatives les considé­rant comme « insuffisantes » et « défectueuses ». Celle du FMI par exemple ne représente que 1 sur 1 000 du total des besoins en finance­ment des pays émergents et en déve­loppement. Debt Jubilee, une ONG britannique, note que les 3 pays qui ont pu profiter (jusqu’à fin avril) de l’initiative du FMI avaient eu recours en 2014 au fonds pour faire face à l’épidémie d’Ebola. Leurs dettes devaient être remboursées en 2020. « Ce sont des dettes qui auraient dû être annulées », estime l’ONG dans un communiqué.

« En tant que membre de l’Union africaine, l’Egypte est prête à adop­ter toute initiative pourvu qu’elle soit collective et approuvée par les institutions financières internatio­nales », commente pour sa part Ahmad Kouchouk, vice-ministre des Finances.

« Nous sommes parfaitement capables de remplir nos engage­ments »

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Depuis la signature par l’Egypte de l’initiative africaine en faveur d’un gel du remboursement de la dette, les banques d’investissement ne cessent d’appeler les responsables égyptiens pour être rassurées. « Les responsables du FMI et de la Banque mondiale nous ont appelés pour demander si les informations que nous avons présentées sur notre situation fiscale sont toujours valides, et si l’Egypte est toujours capable de remplir ses engagements extérieurs » raconte Kouchouk. Mais l’Egypte a toujours remboursé ses dettes. « Nous sommes parfaitement capables de remplir nos engage­ments », a rassuré le ministre des Finances au parlement. L’agence de notation Moody’s a récem­ment maintenu la note de l’Egypte en matière d’en­dettement à long terme à B2 avec la perspective « stable ». Les réformes adoptées par l’Egypte ces dernières années ont amé­lioré sa capacité à faire face à la crise actuelle. « Ce classement reflète la forte position de l’Egypte », assure un com­muniqué de l’agence Moody’s.

La banque d’investisse­ment globale JP Morgan a en revanche proposé une alternative au gel du rem­boursement, à savoir emprunter à travers un partenariat avec la MIGA, une filière de la Banque mondiale, à un taux d’intérêt réduit. Ces emprunts donneraient au gouvernement la pos­sibilité d’aider le secteur privé. La Banque mondiale a annoncé cette semaine un plan d’aide d’urgence à l’Egypte à hauteur de 50 millions de dollars pour faire face aux effets du Covid-19.

Durant les années passées, l’Egypte a suivi l’exemple de plusieurs pays en développement, en augmentant la part du financement extérieur dans les dépenses et projets publics. Et ce, pour profiter des taux d’intérêt bas sur les marchés internationaux l

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