L’egypte a signé avec 13 autres pays africains un mémorandum demandant aux institutions financières internationales de suspendre, pendant un an, le paiement du service de la dette extérieure et d’annuler une partie de cette dette. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Finances, Mohamad Maeit, lors d’une séance de discussion cette semaine au parlement. Maeit était venu répondre aux questions des députés sur le budget. Moustapha Salem, député du parti des Egyptiens libres, a présenté une proposition pour que le gouvernement suspende le remboursement de ses dettes pendant 6 mois. « C’est une crise globale, et le gouvernement doit négocier avec ses créanciers pour suspendre le remboursement de la dette pendant quelques mois », a déclaré le député. « L’Egypte a déjà signé un mémorandum avec 13 pays africains à cet effet », a répondu Maeit.
Les appels à l’allègement de la dette se multiplient avec les défis économiques auxquels font face les gouvernements à cause de l’épidémie de Covid-19, notamment dans les pays aux revenus moyens et limités. Le 13 avril, le Fonds Monétaire International (FMI) a annoncé une initiative permettant aux pays les plus pauvres de suspendre le remboursement de leurs obligations financières pendant 6 mois. 25 pays pourraient profiter de cette initiative. Le montant de l’allègement s’élève à 25 milliards de dollars, d’après le site du FMI. Une initiative similaire a été adoptée par le G-20. 73 pays en profiter.
La Conférence des Nations-Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) a critiqué les deux initiatives les considérant comme « insuffisantes » et « défectueuses ». Celle du FMI par exemple ne représente que 1 sur 1 000 du total des besoins en financement des pays émergents et en développement. Debt Jubilee, une ONG britannique, note que les 3 pays qui ont pu profiter (jusqu’à fin avril) de l’initiative du FMI avaient eu recours en 2014 au fonds pour faire face à l’épidémie d’Ebola. Leurs dettes devaient être remboursées en 2020. « Ce sont des dettes qui auraient dû être annulées », estime l’ONG dans un communiqué.
« En tant que membre de l’Union africaine, l’Egypte est prête à adopter toute initiative pourvu qu’elle soit collective et approuvée par les institutions financières internationales », commente pour sa part Ahmad Kouchouk, vice-ministre des Finances.
« Nous sommes parfaitement capables de remplir nos engagements »

Depuis la signature par l’Egypte de l’initiative africaine en faveur d’un gel du remboursement de la dette, les banques d’investissement ne cessent d’appeler les responsables égyptiens pour être rassurées. « Les responsables du FMI et de la Banque mondiale nous ont appelés pour demander si les informations que nous avons présentées sur notre situation fiscale sont toujours valides, et si l’Egypte est toujours capable de remplir ses engagements extérieurs » raconte Kouchouk. Mais l’Egypte a toujours remboursé ses dettes. « Nous sommes parfaitement capables de remplir nos engagements », a rassuré le ministre des Finances au parlement. L’agence de notation Moody’s a récemment maintenu la note de l’Egypte en matière d’endettement à long terme à B2 avec la perspective « stable ». Les réformes adoptées par l’Egypte ces dernières années ont amélioré sa capacité à faire face à la crise actuelle. « Ce classement reflète la forte position de l’Egypte », assure un communiqué de l’agence Moody’s.
La banque d’investissement globale JP Morgan a en revanche proposé une alternative au gel du remboursement, à savoir emprunter à travers un partenariat avec la MIGA, une filière de la Banque mondiale, à un taux d’intérêt réduit. Ces emprunts donneraient au gouvernement la possibilité d’aider le secteur privé. La Banque mondiale a annoncé cette semaine un plan d’aide d’urgence à l’Egypte à hauteur de 50 millions de dollars pour faire face aux effets du Covid-19.
Durant les années passées, l’Egypte a suivi l’exemple de plusieurs pays en développement, en augmentant la part du financement extérieur dans les dépenses et projets publics. Et ce, pour profiter des taux d’intérêt bas sur les marchés internationaux l
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