Attirer les investissements étrangers dans le secteur minier et encourager cette industrie en créant de la valeur ajoutée, tels sont les objectifs du gouvernement pour la période à venir. La semaine dernière, le ministre du Pétrole et des Ressources minérales, Tarek El-Molla, a tenu une conférence de presse pour annoncer le lancement du premier appel d’offres international concernant l’exploration dans le domaine de l’or en 2020. « La porte sera ouverte du 15 mars au 15 juillet 2020 pour les investisseurs locaux et étrangers qui désirent participer à cet appel d’offres, et ce, dans 320 secteurs, sur une superficie d’environ 56 000 km2, située dans le Désert oriental et vers la mer Rouge », a déclaré le ministre le 25 février, tout en précisant que la superficie de chaque secteur est de 170 km2. « L’investisseur sera libre de choisir la superficie qui lui convient, sans restrictions, en vue de permettre aux grandes sociétés et aux petites entreprises d’y participer. Le plus important pour les candidats est de posséder une expérience significative dans le domaine de l’exploration », a expliqué El-Molla.
Il a ajouté que l’appel d’offres sera lancé selon le système de redevance (paiement dû en échange d’un droit d’exploitation d’une mine) et de taxe, conformément à la nouvelle loi sur les ressources minérales. « Les procédures et conditions de l’appel d’offres et de ses dispositions ainsi que les modules d’exploration et d’exploitation seront publiés sur le site du ministère du Pétrole et des Ressources minérales », a noté El-Molla.
Le ministre a par ailleurs annoncé, à l’issue de la conférence de presse, la participation de l’Egypte à la plus grande conférence minière internationale, qui s’est tenue au Canada du 1er au 4 mars. Des milliers d’entreprises étrangères, provenant de 135 pays, ont participé à cet événement d’envergure. « Il y aura un pavillon égyptien pour la première fois à la conférence mondiale, au cours de laquelle nous allons lancer notre appel d’offres mondial pour l’or et présenter les derniers développements du secteur minier égyptien », a-t-il indiqué. Et d’ajouter que la participation d’une délégation égyptienne de haut niveau à cet événement reflétait l’intérêt accordé au secteur minier et visait à établir et entretenir des contacts avec les grandes sociétés mondiales dans le but de promouvoir l’investissement en Egypte dans ce secteur.
Des modifications importantes
Ces annonces sont intervenues dans le cadre du plan ambitieux, présenté par le ministre du Pétrole pendant la conférence de presse, relatif au développement du secteur minier en Egypte.
Ce plan se fonde sur deux piliers importants : le premier est lié aux amendements effectués dans la loi sur les ressources minérales dans le but de la rendre plus effective aux yeux des investisseurs. La nouvelle loi, comprenant les modifications importantes, a été promulguée en 2019, suivie par la charte exécutive, approuvée par le Conseil des ministres en janvier 2020.
« La loi sur les ressources minérales a été modifiée en 2014 pour la première fois depuis les années 1950, mais malheureusement, cela n’avait pas permis d’atteindre l’objectif visé d’attirer des investissements étrangers durant les 4 ans suivants. C’est pourquoi le ministère a décidé, en 2018, de suivre une approche scientifique et a contracté avec un consultant mondial, à savoir Wood Mackenzie, pour analyser en détail la situation et supprimer les obstacles à l’investissement dans le secteur minier », a expliqué El-Molla.
Parmi les obstacles identifiés figurait celui de lier les travaux de recherche et d’exploration aux travaux de production et d’exploitation.
« Il faut plus d’un an pour que l’investisseur obtienne un permis de travail. Pour surmonter cet obstacle, nous avons séparé les deux activités pour répondre aux normes mondiales. Après la séparation des activités, l’investisseur peut obtenir directement la licence d’exploitation de la part de l’Organisme des ressources minérales, sans passer par des procédures bureaucratiques », a expliqué le ministre. Il a donné l’exemple de l’or, pour lequel l’appel d’offres et l’obtention de la licence d’exploitation ne prendront au total pas plus de six mois.
Un deuxième obstacle est lié au côté financier dans les contrats d’investissement.
« Nous avons remplacé le système de partage de production et de bénéfices par celui de redevance et de taxe pour répondre aux normes mondiales. Nous avons pris cette décision après avoir mené de longues discussions avec des experts et des investisseurs locaux et étrangers, afin de donner une plus grande flexibilité de travail et de motiver les investisseurs et, en même temps, de garantir un revenu pour l’Etat par le biais de la redevance imposée sur le métal extrait et de la taxe », a noté El-Molla, tout en précisant que la nature des travaux miniers diffère de celle du secteur pétrolier et gazier, qui suit le système de partage de la production. « Le taux minimum de redevance se situe entre 5 et 20 % selon la nouvelle loi de 2019. Quant à la taxe, elle varie entre 15 et 20 % pour l’or », a expliqué le ministre.
Le dernier obstacle éliminé par l’amendement de la loi sur les ressources minérales est lié à l’identification des zones spécifiques à disposition de l’investisseur pour l’activité minière. « Selon les nouveaux règlements, nous allons lancer les zones sans plafond de superficie spécifique, et ce, pour donner une chance et une plus grande flexibilité aux investisseurs dans le choix d’une zone pour exercer leur activité », a souligné El-Molla.
Quant au second pilier du plan de modernisation, il concerne la détermination des métaux et des ressources minières pouvant être extractés par les investisseurs pour les utiliser dans les différentes industries et ainsi créer une valeur ajoutée pour le pays. « Pour aboutir à cet objectif, nous allons préparer des stratégies indépendantes pour chaque métal, sa production et son exportation. Par exemple, plus de 4 millions de tonnes de phosphate sont exportées annuellement. Aujourd’hui, nous travaillons à créer des industries complémentaires pour le phosphate, car l’exportation de ce métal comme matière brute diffère complètement de son exportation en tant que produit final », a indiqué le ministre.
Tamer Abou-Bakr, président du département du pétrole et des mines au sein de l’Union des industries, estime que les modifications de la loi et la nouvelle charte exécutive garantissent plus de flexibilité, ce qui devrait permettre d’attirer des investissements. « Les opportunités d’exploitation minière au cours de la période à venir concernent l’or, le cuivre le plomb et le potassium », note Abou-Bakr, ajoutant que, conformément à la nouvelle charte exécutive, un comité consultatif a été formé, qui se réunit quatre fois par an et compte divers organes — dont l’Union des industries — pour déterminer quels minéraux sont exportés et lesquels non, afin de préserver la richesse de l’Egypte.
Des annonces saluées
La publication des informations relatives au lancement de l’appel d’offres et au plan de modernisation du secteur minier en Egypte a aiguisé l’appétit des investisseurs et des agences mondiales, qui ont salué les mesures prises dans ce domaine. A titre d’exemple, l’agence américaine Bloomberg a salué les mesures prises par l’Egypte, déclarant dans un rapport, publié le lendemain de la conférence de presse du ministère du Pétrole sur son site électronique, que « la décision de l’Egypte d’annoncer un nouvel appel d’offres pour l’exploration dans le domaine de l’or constitue l’opportunité pour les entreprises mondiales de chercher le métal précieux dans le Désert oriental, et ce, après la modification des réglementations et des lois qui suscitaient les plaintes des investisseurs ».
Au niveau national, le département de l’or au sein de l’Union des chambres commerciales envisage la création de la première société anonyme égyptienne dans le domaine de l’exploitation et de l’extraction de l’or, avec un capital d’un million de L.E. « J’ai envoyé une note au président de la Fédération des chambres de commerce pour demander son soutien et sa contribution à la création de cette société », a déclaré Wasfi Amin Wasef, chef du département de l’or au sein de l’Union, au journal économique Al-Mal, ajoutant que les dernières mesures prises par le gouvernement dans le secteur minier encourageaient le secteur privé à y investir.
De même, le milliardaire égyptien Naguib Sawiris, président de La Mancha Holdinga, a indiqué à l’agence américaine Bloomberg, lors d’un entretien téléphonique la semaine dernière, que « le gouvernement égyptien avait déjà entamé des pourparlers avec nous ainsi qu’avec d’autres entreprises dans le cadre du nouvel appel d’offres ». Et d’ajouter : « Nous sommes prêts à participer à tous les domaines qui pourraient être prometteurs ». Sawiris, qui a investi près de la moitié de sa fortune dans l’or, salue lui aussi les nouvelles réglementations. « Les nouvelles réglementations sont plus favorables et plus réalistes et attireront des investissements étrangers dans le secteur », a-t-il déclaré. Pour sa part, le ministre du Pétrole a annoncé que le ministère avait entamé des pourparlers avec Sawiris pour étudier l’offre faite par ce dernier d’acquérir une part majoritaire (soit 51 %) de la société gouvernementale Shalateen des ressources minérales, dont l’Organisme des ressources minérales possède 35 % du capital.
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