Al-Ahram Hebdo : Le gouvernement veut libérer le marché du gaz naturel en Egypte en offrant des licences au secteur privé pour exercer les différentes activités allant de l’expédition jusqu’à la vente. Qu’en pensez-vous ?
Ossama Kamal: Le secteur privé avait demandé, en 2012, au gouvernement l’autorisation d’importer directement le gaz pour répondre aux besoins du marché national. A ce moment-là, le ministère du Pétrole avait fait tous les préparatifs, allant de l’installation d’une ligne de transport du gaz à Al-Aïn Al-Sokhna liée au réseau national de gaz jusqu’à l’ouverture de l’importation au secteur privé qui n’avait alors malheureusement fait aucune transaction d’importation. Aujourd’hui, la situation a complètement changé. Avec les grandes découvertes de gaz dans la Méditerranée, l’Egypte a réussi à satisfaire ses besoins. Mais il faudrait distribuer le gaz naturel du territoire aux secteurs qui offrent des biens subventionnés. C’est-à-dire que le gouvernement devrait, par exemple, fournir le gaz subventionné aux usines du secteur public et du secteur de l’électricité. Pour les autres, ils pourront acheter directement le gaz du partenaire étranger.
— Selon les prévisions du gouvernement, il est prévu d’arriver à un modèle de marché libre du gaz d’ici 5 ans, ce rêve est-il réalisable ?
— Personne ne peut annoncer de date précise. Tout dépend de la politique économique du gouvernement. La question de la libération des prix du gaz n’est ni la mission de l’Autorité régulatrice du marché de gaz naturel (GasReg), ni celle du ministère du Pétrole. Cette dernière est seulement chargée de déterminer le volume de la production annuelle, l’importation et la part du partenaire étranger pour informer ensuite le Conseil des ministres. C’est le conseil qui a l’autorité de déterminer, d’après la politique économique adoptée, s’il va continuer à subventionner le gaz fourni à certaines industries ou à libérer le prix.
— Comment l’Egypte pourra-t-elle profiter des expériences mondiales dans le domaine de la libération du marché du gaz ?
— Tout d’abord, il faut que l’Autorité régulatrice du marché de gaz (GasReg) soit complètement indépendante du ministère du Pétrole. Par exemple, en Inde, le responsable de cet organisme est un juge indépendant. De même, l’Autorité régulatrice doit être formée de tous les acteurs concernés par l’échange du gaz naturel: secteurs de l’industrie et de l’électricité, importateurs, producteurs, Union des chambres commerciales. Toutes les parties doivent préciser les marges de profits pour chaque industrie et par conséquent, faire une liste des prix du gaz pour les différentes catégories des consommateurs. Par exemple, les usines de fer ne vont pas obtenir le gaz au même prix que celles des engrais ز
De l’importation à l’exportation
L’agence de notation internationale Fitch Eipca prévoit, dans un rapport publié la semaine dernière, l’augmentation de la production de gaz naturel en Egypte de 23,3% cette année, pour atteindre 78,2 milliards de m3, contre 63,4 milliards de m3 l’année dernière. « La production annuelle va aussi augmenter l’année prochaine, de 8,43%, pour se chiffrer à 84,8 milliards de m3 », indiquent les prévisions de l’agence de notation. De même, le rapport de Fitch prévoit l’augmentation de la consommation de gaz de 7%, pour atteindre 64 milliards de m3 en 2019, contre 59,8 milliards de m3 en 2018. « Les exportations de l’Egypte de gaz naturel vont atteindre 14,2 milliards de m3 en 2019. Un chiffre qui va connaître une hausse de 22,5% l’année prochaine », note par ailleurs le rapport.
L’Egypte, qui était un importateur net de gaz naturel, a réussi à satisfaire ses besoins en gaz naturel depuis la découverte du champ de Zohr en Méditerranée par la société italienne Eni. Depuis la fin de l’année dernière, elle a atteint l’autosuffisance et a arrêté l’importation de ce bien stratégique. « Conformément au plan mis en place par le ministère du Pétrole, l’Egypte a cessé d’importer du gaz naturel liquéfié depuis septembre 2018 », a indiqué le ministre du Pétrole, Tarek El-Molla
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