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Le déficit budgétaire sur la courbe descendante

Marwa Hussein, Mercredi, 01 août 2018

Le déficit budgétaire de l’Egypte a baissé pour l’exercice 2017-2018 en dessous de 10 % pour la première fois depuis 6 ans. Une baisse qui s’est accompagnée d’un excédent primaire.Une première également depuis quinze ans.

Le déficit budgétaire sur la courbe descendante
L’introduction de la taxe sur la valeur ajoutée a mené à une hausse considérable des revenus étatiques. (Photo: Reuters)

Le compte final du budget 2017-2018 montre que le déficit budgétaire de l’Etat pour le dernier exercice financier était de 9,8 % du Produit Intérieur Brut (PIB), contre 10,9 % au cours de l’exercice précédent. Le gouvernement table sur un déficit de 8,4 % pour l’exercice en cours. Les chiffres du compte final ont été annoncés le 26 juillet lors de la première conférence de presse par le nouveau ministre des Finances, Mohamad Maeit. « C’est la première fois depuis 6 ans que le déficit est inférieur à l’indice de référence de 10 % », a déclaré Maeit.

C’est aussi la première fois en 15 ans que le compte budgétaire final enregistre un excédent primaire, c’est-à-dire un solde budgétaire avant les paiements d’intérêts sur la dette publique. L’excédent était de 4,4 milliards de L.E. en 2017-18 (environ 250 millions de dollars). « Le surplus de cette année a été utilisé pour rembourser les intérêts de la dette », a expliqué le ministre des Finances lors de la conférence. Cela a été réalisé grâce à la réduction des subventions sur l’énergie, accompagnée par une hausse des revenus fiscaux. « Le ministère des Finances est parvenu à atteindre l’objectif affiché des revenus publics qui ont connu un taux de croissance considérable au cours du dernier exercice fiscal non réalisé depuis dix ans, surtout sur le niveau des revenus fiscaux », a clarifié le ministre. Ahmed Kojak, sous-ministre des Finances pour les politiques financières et macroéconomiques, a expliqué que les dépenses étatiques lors du dernier exercice ont augmenté par 18 % à 1,2 billions de L.E., contre une hausse de 20 % des revenus qui ont atteint 628 milliards de L.E., l’excédent primaire est de 4 milliards de L.E., soit 0,1 % du PIB.

Plusieurs conditions pour maintenir l’excédent primaire budgétaire

Les niveaux élevés du déficit budgétaire ont souvent préoccupé le ministère des Finances. Entre 2012-2013 et 2015-2016, il était en moyenne de plus de 12 %, avant de baisser à 10,9 % en 2016-2017, un niveau toujours élevé. Le déficit primaire était de 3,5 % en 2015-2016 et de 1,8 % en 2016-2017. Le gouvernement prévoit un déficit de 9,5 % pour l’exercice en cours et de 8,5 % l’année prochaine ainsi qu’un excédent primaire de 1,7 à 2 % en 2018-2019. « Depuis presque 30 ans, il y a toujours eu un déficit primaire, à l’exception de l’année où le gouvernement a accordé des licences à des opérateurs de téléphonie mobile. La réalisation d’un excédent primaire pourrait être maintenue si le gouvernement parvenait non seulement à élever les prix des carburants, mais aussi et surtout à supprimer complètement les subventions à l’énergie et à créer un système de fixation des prix flexible, liant les prix locaux aux cours internationaux du pétrole. De cette manière, la hausse des prix internationaux du pétrole n’aura pas d’effet sur le budget », explique Mohamed Abou-Basha, économiste en chef auprès d’EFG-Hermes. Mohamad Maeit a annoncé que la hausse des cours du pétrole d’un dollar se reflétait sur le budget par une hausse de 3 à 4 milliards de L.E. du déficit budgétaire en fonction du taux de change.

En fait, le gouvernement prévoit l’établissement d’un tel système vers l’été 2019. « L’effet de la libéralisation des prix de l’énergie sera ressenti sur le budget 2019-2020. A part ce pas, ce qu’il faudra pour maintenir un excédent primaire budgétaire, c’est de garder une discipline sur le niveau des dépenses, par exemple ne pas introduire une grande hausse des salaires ou une baisse des revenus fiscaux pour garantir un budget équilibré », estime l’économiste.

Le gouvernement avait entamé un programme de réformes économiques lié à un accord du financement du Fonds Monétaire International (FMI) vers la fin de 2016 selon lequel il a introduit une taxe sur la valeur ajoutée, réduit les subventions à l’énergie et a fait flotter la monnaie locale. La dernière réduction des subventions à l’énergie a eu lieu en juin, le mois même, le gouvernement a imposé de nouvelles taxes sur des licences et des services variés, notamment sur l’achat de nouvelles lignes de téléphone portable ou d’automobiles, l’obtention du permis de conduire et de port d’armes, ainsi que sur les permis de résidence pour les étrangers, entre autres. Toutes ces mesures avaient pour objectif de réduire le déficit budgétaire.

Le ministre des Finances a clarifié, lors de la conférence de presse, que le gouvernement avait déjà introduit 85 % du programme de réformes et qu’il n’en reste que 15 %. Selon un communiqué de presse du ministère des Finances, le ministère a finalisé plusieurs projets de loi visant à développer la performance financière de l’Etat dont des modifications de la loi de l’impôt et des douanes, il a en outre élaboré une loi unifiée pour les procédures fiscales qui visent à automatiser la collecte des impôts et des taxes. Une adjudication est prévue le mois prochain pour automatiser le système afin de rendre la collecte régulière et rapide. « Les réformes en vue sont liées aux procédures et non aux taux des impôts ou taxes pour rendre la collecte plus efficace ainsi que pour activer certaines lois, mais il n’y aura pas d’autres mesures drastiques », dit Abou-Basha.

Toujours dans l’objectif de contrer le déficit budgétaire, le gouvernement cherche à réduire la dette publique qui a considérablement augmenté au cours des dernières années. Selon Kojak, la dette publique a baissé en 2017-2018 à 98 % du PIB, contre 108 % en 2016-2017. Le ministère des Finances espère voir la dette se situer entre 75 et 80 % du PIB en 2021-2022. La baisse de la dette permettra de réduire le service de la dette dans le budget qui a atteint 38,3 % des dépenses publiques au cours du dernier exercice 2017-18, enregistrant 438 milliards de L.E. (24,5 milliards de dollars). Les revenus fiscaux ont enregistré 566 milliards de L.E. (31,6 milliards de dollars) à la fin de l’exercice 2017-18, soit une hausse de 27,7 % par rapport à l’exercice 2016-17 et 28,2 % de plus que le chiffre prévu dans le budget. Les revenus des impôts sont passés de 78 milliards à 304,5 milliards de L.E. (4,4 milliards de dollars à 17,4 milliards de dollars) et le produit de la taxe sur la valeur ajoutée est passé de 79 milliards à 261,6 milliards de L.E. (4,4 milliards à 14,6 milliards de dollars) .

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