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Rationalisation des subventions et baisse de l'inflation

Gilane Magdi, Lundi, 16 avril 2018

Le ministère des Finances entend poursuivre son plan de rationalisation des subventions au carburant, tout en réduisant le taux d’inflation à moins de 10%. Explications.

Rationalisation des subventions et baisse de l
Le gouvernement veut ramener l'inflation sous la barre de 10  %. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

Dans son rapport préliminaire relatif au budget de l’année financière 2018-2019, le ministère des Finances a indiqué qu’il « va poursuivre l’exécution du plan de rationalisation des subventions au carburant à moyen terme en se concentrant sur les réformes structurelles et financières en vue de mettre fin aux déformations des prix ». Le rapport fait état de la baisse des chiffres relatifs aux subventions au carburant de près d’un tiers et de celles à l’électricité de presque la moitié. « Les subventions au carburant vont baisser de 26% en vertu du nouveau projet de budget 2018-2019, pour atteindre 89 milliards de L.E., contre 120 milliards de L.E. dans le budget actuel 2017-2018. De même, les subventions à l’électricité vont baisser de 47%, pour passer à 16 milliards de L.E., contre 30 milliards de L.E. en 2017-2018 », selon le rapport.

Une tendance à la baisse

L’Egypte s’est ainsi engagée dans un plan de réduction des subventions au carburant, approuvé par le Fonds Monétaire International (FMI) il y a deux ans, en vue d’obtenir un crédit de 12 milliards de dollars. Les prix des carburants ont augmenté deux fois depuis le début du programme, une première fois en novembre 2016 et une deuxième fois en juillet 2017, les hausses variant entre 30 et 50 %.

La rationalisation des subventions au carburant intervient au moment où le gouvernement entend aussi poursuivre la baisse du taux d’inflation à 10% en 2018-2019.

Le gouvernement sera-t-il capable de réaliser ces deux objectifs, a priori contradictoires ? Radwa El Sweify, présidente du département des recherches au sein de la maison de courtage Pharaos Securities, assure qu’il n’y a aucune contradiction entre les deux. « En faisant la comparaison sur un an, il y aura bien sûr une baisse de l’inflation », explique-t-elle. « Si on compare le mois de juillet 2018 à juillet 2017, on constate par exemple que le taux d’inflation a baissé en dépit de la hausse des prix du carburant. Elle avait atteint le taux record de 32 % », affirme-elle. Et d’ajouter : « Mais si on fait la comparaison au niveau mensuel, là évidemment il pourrait y avoir une hausse de l’inflation pendant les trois mois qui suivront la hausse des prix des carburants, comme suit: 3% en juillet, 1,5% en août et 1% en septembre», note-t-elle. Elle assure que le taux d’inflation se situera dans les limites gouvernementales, entre 12 et 13%, jusqu’à la fin de cette année, d’après les estimations de sa maison de courtage.

Le dollar et le pétrole, deux facteurs déterminants

Protection sociale dans le budget préliminaire

La hausse des prix de l’essence après la rationalisation des subventions dépendra de deux facteurs principaux: le taux de change du dollar et les prix mondiaux du pétrole. Le gouvernement a fait ses calculs avec un dollar à 17,25 L.E. et un prix du pétrole à 67 dollars. « D’après les estimations du FMI, les prix du pétrole ont varié entre 60 et 70 dollars en 2018. C’est pourquoi nous avons fait nos calculs avec un prix à 67 dollars. La hausse des prix de 1 dollar entraîne une hausse des dépenses de 4 milliards de L.E., ce qui aura des répercussions sur le montant des subventions au carburant et d’autres produits tels que le blé et les produits agroalimentaires », indique le ministère des Finances dans son projet de budget.

Or, Amr Adly, professeur d’économie à l’Université américaine du Caire, minimise l’impact de ce risque pour l’Egypte. « Les prix du pétrole ne vont pas dépasser les 70 dollars, même en cas de tensions régionales. La meilleure preuve est la stabilité des prix de l’or noir à des niveaux bas pendant la guerre en Iraq et en Libye », indique-t-il. Quant au prix du dollar, les experts et les députés le jugent comme étant surévalué. « La valeur réelle du dollar se situe entre 14 et 15 L.E., en raison de l’amélioration de tous les indicateurs économiques, comme la hausse des réserves en devises, qui dépassent aujourd’hui les 42 milliards de dollars, et les flux d’investissements étrangers. En considérant le dollar à son prix réel, la hausse des prix du carburant sera limitée », affirme un député. Il faudra donc attendre le mois de juillet pour connaître l’impact de la rationalisation des subventions.

Amélioration de la protection sociale dans le budget préliminaire 2018-2019

Pour contrer l’inflation, le gouvernement a augmenté les subventions aux biens d’approvisionnement de presque un tiers. Elles passent ainsi de 63,09 milliards de L.E. dans le budget actuel à 86,1 milliards de L.E. dans le budget 2018-19. Près de la moitié de cette somme est consacrée aux subventions du pain pour les couches défavorisées. Plus de 69 millions d’individus profitent de ces subventions.

Au niveau des pensions du programme Takafol Wa Karama, destinées aux veuves, aux personnes souffrant d’un handicap et aux femmes soutiens de famille, le montant des allocations passera à 17 milliards de L.E., contre 16 milliards dans le budget actuel, bénéficiant à 3,8 millions de personnes. Il s’agit notamment de fournir une pension mensuelle de 323 L.E. pour une famille composée d’un seul membre, de 360 L.E. pour celle formée de 2 membres et de 413 L.E. pour une famille composée de 3 membres. De même, le gou­vernement a doublé les sommes allouées au programme de financement des cas de détresse sociale, qui passent à 7,7 milliards de L.E. dans le nouveau budget, contre 4,8 milliards dans le budget actuel.

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