La décision du gouvernement de diminuer les subventions allouées au gaz domestique n’est pas passée inaperçue. 2 700 entrepôts de bonbonnes à butagaz ont cessé de travailler la semaine dernière dans différents gouvernorats. Certains d’entre eux sont toujours en grève.
La semaine dernière, les propriétaires des entrepôts de ces bonbonnes de gaz ont envahi le ministère de l’Approvisionnement. Ces grèves et protestations ont entraîné de longues files d’attente devant les entrepôts dans plusieurs quartiers du Caire.
La semaine dernière, le gouvernement a doublé, du jour au lendemain et sans prévenir, le prix des bonbonnes de gaz. Le prix officiel de la bonbonne pour les particuliers est passé à 8 L.E. contre 4 L.E. auparavant. Une décision qui, selon le gouvernement, permettra une économie annuelle de 2 milliards de L.E.
Le gouvernement avait préalablement déclaré que les ménages recevraient un maximum de deux bonbonnes subventionnées. Toute bonbonne achetée en plus sera facturée 25 L.E., un prix toujours inférieur à son coût de production.
Pour les utilisations commerciales (hôtels, restaurants, boulangeries ...), le butane reste subventionné. La bonbonne (le double du volume vendu aux particuliers) leur sera vendue à 16 L.E.
Une décision inégale
Cette nouvelle décision est une autre promesse non tenue de la part du gouvernement. Celui-ci avait déclaré qu’il ne subventionnerait plus le gaz pour l’usage commercial, à l’exception des petits restaurants de sandwichs, destinés à une clientèle pauvre.
A 8h du matin, les consommateurs font déjà la queue devant un entrepôt privé dans la banlieue du 6 Octobre. « Depuis lundi dernier, je n’arrive plus à me procurer de bonbonnes de gaz. Les propriétaires des entrepôts ferment leurs portes et refusent de nous en vendre. Ils s’opposent à la hausse des prix approuvée par le gouvernement », raconte Abdel-Wahab, un portier. « Finalement, j’ai été pour en chercher au marché noir. J’ai dû payer 30 L.E. pour une bonbonne. Le gouvernement décide d’une hausse que les commerçants refusent d’assumer. C’est nous, les consommateurs, qui payons la facture », s’insurge-t-il.
Depuis longtemps, le gouvernement égyptien a lancé l’idée d’une libéralisation progressive des prix des produits pétroliers et gaziers. Le but est de réduire la facture des subventions à l’énergie, qui s’élève actuellement à 115 milliards de dollars, selon le budget 2012/2013.
Cette décision a été plusieurs fois repoussée face à la colère sociale et à la récession qui frappe le pays. Mais avec l’arrivée de la mission du FMI la semaine dernière, le gouvernement a mis en place cette mesure, afin de démontrer à l’institution internationale sa bonne volonté.
Cette institution plaide, en effet, pour une libéralisation des subventions accordées à l’énergie. Une condition qui est essentielle à l’octroi de prêts. « La facture est lourde, d’autant plus que cette décision coïncide avec une crise économique. Les pressions sur le consommateur sont multiples », estime Omnéya Helmi, directrice exécutive du Centre égyptien pour les études économiques.
« Comme toujours, la hausse touche toutes les classes de la société, et en premier lieu, les plus pauvres. Proportionnellement à leur revenu, ce sont ces derniers qui paieront le plus.
L’absence d’un système de surveillance contrôlant le marché et interdisant le marché noir ne fait que fragiliser la situation. La facture est lourde ».
Des prix qui vont exploser
Selon les chiffres du ministère du Pétrole, 20 milliards de L.E. sont destinées à la subvention des produits pétroliers. La consommation totale de gaz s’élève à 4,5 millions de m3 par an, et la production locale est de 2,3 millions. Les importations représentent la moitié de la consommation.
Le prix du m3 à l’étranger varie entre 900 et 1 200 dollars. Un simple calcul nous donne le coût moyen de la bonbonne : 75 L.E.
« Les classes démunies ne profitent des subventions qu’à hauteur de 30 % tout au plus. Le reste bénéficient aux hôtels et aux usines. Est-ce que c’est ça la justice ? », se demande un responsable au sein du ministère du Pétrole.
Celui-ci assure que le gouvernement vise une libéralisation complète des prix des bonbonnes pour 2018, qui atteindra donc 75 L.E. ou plus selon les cours internationaux. Les familles qui possèdent les cartes d’approvisionnement la recevront à 25 L.E.
Cette hausse des prix des bonbonnes de gaz est une première étape dans le programme du gouvernement pour l’annulation progressive des subventions à l’énergie. La décision du gouvernement a eu pour conséquence l’explosion des ventes au marché noir. La conséquence est que pauvres et riches se partagent la facture à parts égales.
« Jamais, le consommateur, avec l’absence de surveillance, n’obtiendra la bonbonne au prix annoncé », estime Omneya Helmi. « Les prix des bonbonnes ont considérablement augmenté pour atteindre 15 L.E. dans les entrepôts et 30 L.E. au marché noir, suite à la décision du gouvernement. Une nouvelle hausse est prévue. Malheureusement, le consommateur n’a pas le choix », raconte Abdel- Salam, propriétaire d’un four à pain .
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