Al-ahram hebdo : L’Organisme du Canal de Suez applique depuis début mars une hausse des tarifs de passage. Plusieurs entreprises se sont plaintes et ont menacé d’avoir recours à des trajets alternatifs. L’Organisme n’a-t-il pas discuté avec les partenaires d’autres pays avant d’appliquer une telle hausse ?
Mohab Mamish : L’Organisme du Canal est la seule direction capable d’approuver cette hausse des prix. Nous n’avons discuté avec personne. Cependant, nous avons effectué des études sur le volume du commerce international et les prévisions de croissance. Pour se développer, l'Egypte doit exploiter ses ressources. Nommez-moi un seul pays qui discute avec ses partenaires commerciaux avant d’entreprendre une décision économique. La Russie nous a-t-elle demandé notre avis quand elle a décidé de suspendre ses exportations de blé ou d’augmenter ses prix du pétrole ? Nous avons décidé d’une hausse raisonnable variant entre 2 et 5 %, selon la nature des marchandises. Il s’agit donc d’une augmentation modeste, surtout que c’est la première hausse décidée depuis 3 ans.
— N’êtes-vous pas inquiet du fait que certains pays utilisent d’autres trajets, ce que l’entreprise indienne Marcopolo a menacé de faire la semaine dernière ?
— Pas du tout. Les entreprises internationales essayent seulement d’exercer des pressions sur nous. Or, elles sont conscientes que même après cette hausse, les tarifs du passage dans le Canal restent les plus compétitifs. Nos études, avant d’approuver la hausse, ont bien sûr pris cette affaire en considération. De plus, le trajet du Canal reste toujours le plus court, ce qui leur fait économiser du pétrole.
— Les turbulences économiques et sociales dans la région de Suez ont-elles eu des répercussions négatives sur le volume du trafic dans le Canal ?
— Le Canal est bien sécurisé par les forces armées, et même par les citoyens de la région du Canal. Tout le monde en est conscient. Il suffit de mentionner que le volume de trafic a enregistré, au cours du mois de février, une hausse de 224 millions de dollars par rapport au mois de février 2011.
— Le gouvernement oeuvre actuellement à développer l’axe du Canal de Suez pour créer une zone logistique. En tant que responsable militaire, êtes-vous inquiet d’un tel projet ?
— Il est temps de redonner vie à l’Egypte à travers ce Canal, en créant des investissements, des offres d’emploi, des industries et de l’agriculture. Fini l’ère de laisser des zones désertiques en cas d’attaques militaires. De plus, aucun pays n’osera envahir le pays à travers cette zone, avec la présence d’entreprises internationales. Cependant, ce projet doit être égyptien à 100 %, au niveau de sa direction et de son administration.
— Vous venez de signer la semaine dernière un accord avec l’Association des industriels égyptiens. De quoi s’agit-il ?
— Nous avons signé un protocole de coopération, permettant, pour la première fois, au secteur privé d’exploiter le ferry-boat du Canal de Suez, afin de faciliter le transport des marchandises et du matériel lourd du Sinaï vers la vallée. Ce protocole permet de relancer les capacités concurrentielles des entreprises égyptiennes, en réduisant le coût et le temps de transport, et de réduire la consommation de carburant. Ceci permet de réaliser l’exploit de pouvoir transporter des marchandises en une heure et demie au lieu de 4 jours auparavant.
— L’Organisme du Canal soutient-il l’industrie égyptienne ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
— Bien sûr. Le Canal accueille par exemple entre 20 et 30 % des navires transportant des exportations égyptiennes, réduisant les coûts de transport et encourageant ainsi les exportations. Les sommes récupérées sont accordées au Fonds de soutien des exportations en tant que contribution. De même, un tarif préférentiel est accordé aux navires acheminant du blé, pour assurer les besoins du pays en blé.
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