Le FMI exige une autre dévaluation de la livre face au dollar. (Photo : Reuters)
Le fonds Monétaire International (FMI) n’a toujours pas versé à l’Egypte la deuxième tranche de son prêt de 3 milliards de dollars convenu avec le gouvernement égyptien. Celle-ci aurait dû être payée à la mi-mars dernier. Jusqu’à présent, aucune date n’a été fixée pour la tenue de la première révision du programme de réforme économique mis en vigueur par l’Egypte en dépit de la visite d’une délégation égyptienne à Washington pour assister aux réunions du printemps du 10 au 16 avril. Ce retard a soulevé des interrogations sur les conditions exigées par le FMI pour verser à l’Egypte cette deuxième tranche. « Nous sommes en contact permanent avec les autorités égyptiennes afin de préparer la première révision du programme de réforme économique. Dès que les autorités auront été prêtes, nous annoncerons la date de cette première révision », a déclaré Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, à l’issue d’une conférence de presse tenue ce mois-ci en marge des réunions du printemps 2023.
En décembre 2022, le conseil exécutif du FMI avait approuvé un accord de financement de 46 mois pour l’Egypte d’un montant total de 3 milliards de dollars. Cette somme doit être remboursée dans un délai de 4 à 10 ans, en 12 versements semestriels d’un montant égal, selon les dates fixées par l’institution internationale. Après la première révision, l’Egypte devrait recevoir 347 millions de dollars (l’équivalent de 261,13 millions d’unités de droits de tirage spéciaux), la même somme que la précédente tranche du prêt qu’elle a obtenue après la signature de l’accord avec le FMI. Jihad Azour a insisté sur trois priorités importantes que l’institution monétaire considère comme « impératives » pour le versement de la deuxième tranche : la flexibilité des taux de change, le contrôle de l’inflation et un rôle plus important pour le secteur privé. « L’Egypte doit adopter des taux de change flexibles. C’est très important pour protéger le pays des chocs extérieurs. Elle doit contrôler l’inflation en utilisant les instruments de la politique monétaire, notamment les taux d’intérêt, et ouvrir davantage d’espace au secteur privé en uniformisant les règles du jeu avec les entreprises publiques », selon Jihad Azour.
Le ministre des Finances, Mohamad Maeit, a aussi affirmé dans un communiqué publié le 16 avril, à l’issue de sa rencontre avec des représentants du FMI en marge des réunions du printemps, que « le programme mis en place en coopération avec le FMI progresse au niveau des réformes structurelles et de l’augmentation de la participation du secteur privé ». Et d’ajouter que le gouvernement égyptien a pris de nombreuses mesures pour stimuler le secteur privé et soutenir la production. C’est dans ce contexte que le premier ministre, Moustapha Madbouli, a annoncé en février que 32 entreprises publiques seront proposées au secteur privé via la Bourse égyptienne ou vendront des participations à des investisseurs stratégiques, ou les deux ensemble, au cours de l’année qui se termine en mars 2024. Après cette annonce, le gouvernement a accéléré le pas pour l’application du programme et le chef du gouvernement avait alors effectué une visite dans les pays du Golfe.
Le taux de change, une priorité
Pour obtenir le crédit de l’institution monétaire internationale, la Banque Centrale d’Egypte (BCE) a pris une série de mesures, notamment la hausse des taux d’intérêt et la dévaluation graduelle de la monnaie nationale vis-à-vis du dollar. Actuellement, le prix officiel du dollar est de 30,8 L.E. (prix d’achat) et 30,9 L.E. (prix de vente), selon le site de la BCE, contre 15,70 L.E. en mars 2022. « Le prix du billet vert dans les contrats à terme est de 44 L.E., alors que son prix officiel annoncé par la BCE est resté stable à 30 L.E. après la conclusion de l’accord avec le FMI. Donc, l’institution internationale exige une deuxième dévaluation de la monnaie nationale pour amener le taux de change du dollar à 44 L.E. Mais la BCE est réticente et ne souhaite pas prendre cette mesure étant donné qu’elle entraînera une nouvelle hausse de l’inflation », note Amar Mohamed, économiste au centre Ra des études politiques et stratégiques. Et d’ajouter que les recommandations du FMI sont en désaccord avec les priorités du gouvernement concernant la hausse des intérêts bancaires. « La BCE doit opter pour une baisse des intérêts bancaires au cours de la prochaine période pour diminuer le service de la dette et éviter une crise financière comme celle déclenchée aux Etats-Unis après la faillite de plusieurs banques », souligne-t-il.
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