Les investisseurs étrangers et surtout arabes du Golfe sont de retour au marché financier.
Depuis le dernier flottement de la livre égyptienne, il y a 3 semaines, quelques bons indicateurs se profilent à l’horizon. La Banque Centrale d’Egypte (BCE) a rapporté dans un communiqué de presse qu’elle avait recensé un flux de capitaux étrangers dans le système interbancaire. Tout de suite, la réaction s’est fait sentir en début de semaine sur le marché de change du dollar qui a clôturé à 29,9 L.E. le 16 janvier contre 32 L.E. le 11 janvier, le jour de la dépréciation. Le taux de change s’est depuis stabilisé aux alentours de 29,7 L.E. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé le dédouanement des marchandises bloquées dans les ports d’un montant de 4,8 milliards de dollars, du 14 au 17 janvier. Selon le communiqué de la BCE, les devises étrangères proviennent soit du marché local, des transferts des Egyptiens à l’étranger, soit encore des recettes du tourisme. Fitch Solutions prévoit une hausse de 20 % des recettes du tourisme en 2023, atteignant un record de 13,6 milliards de dollars, soit une hausse de 17,7 % en comparaison avec 2022.
« Une des sources importantes de devises étrangères, celle des investissements étrangers dans les instruments de la dette locale, est de retour, pour enregistrer 925 millions de dollars. Alors que le pays avait témoigné de la sortie des investissements étrangers dans les outils de la dette publique à hauteur de 22 milliards de dollars, à cause du déclenchement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie », lit-on dans le communiqué.
Hicham Hamdi, analyste financier à la banque d’investissement Al-Naeem Holding, estime que le flottement en tant que tel a réglé de nombreux problèmes ; du fait que la livre égyptienne est échangée à sa valeur plus ou moins réelle contre le dollar. Un grand nombre de citoyens ont vendu des dollars qu’ils détenaient entre 30 et 32 L.E., soit le prix de vente sur le marché noir, qui commence à se rétrécir. « Pour ce qui est des investissements dans les bons du Trésor, pendant la seule journée du 12 janvier, l’une des émissions de bons du Trésor a rapporté 2,7 milliards de dollars, l’équivalent de 82 milliards de L.E. Cette adjudication du Trésor a été sursouscrite 2,4 fois plus que les souscriptions avant le flottement. Elle a reçu des offres d’une valeur de 113 milliards de L.E., avant de se vendre à 82 milliards », analyse une note publiée par la banque d’investissement Al-Naeem Holding.
Flux financiers Les répercussions du flottement se sont fait sentir également sur le marché financier, a expliqué Oussama Mourad, PDG de la compagnie MPower Investments, lors d’une intervention à la chaîne Al-Arabia. « Les indices de la Bourse ont connu une hausse, car les investisseurs sont de plus en plus confiants dans les évaluations des actions des entreprises après le flottement », analyse l’expert. Et d’ajouter que la politique prônée par le FMI et appliquée actuellement par le gouvernement égyptien, sur le recul du rôle de l’Etat dans les affaires et l’élargissement de celui du secteur privé, fait que les investisseurs sont plus confiants à revenir sur le marché et à conclure des acquisitions. « Les nouvelles IPO ou acquisitions injectent un sang neuf sur le marché et multiplient les flux financiers », explique-t-il.
Mourad avance également qu’une autre mesure dictée par le FMI a imposé un mécanisme de gouvernance sur les entreprises cotées en Bourse. Selon cette mesure, les évaluations et les bilans financiers des entreprises doivent être rendus publics en anglais, ce qui n’était pas le cas auparavant. « Cette transparence qui a commencé à se concrétiser donne une idée sur les contours de l’idéologie économique et multiplie les capitaux », renchérit l’expert.
Hamdi met en relief l’idée qu’il y a un grand appétit de la part des investisseurs étrangers et surtout arabes du Golfe au sujet du marché financier et des acquisitions. « Nous avons des nouvelles de certaines entreprises qui seront prêtes à l’IPO comme la Banque du Caire, Misr Insurance, Port-Saïd Containers et Damietta Port », explique Hamdi.
« Nous pouvons nous attendre à une hausse de la demande des investisseurs étrangers dans les instruments de la dette locale, surtout dans un environnement de recul de l’inflation mondiale et du dollar », conclut Paul Greer, directeur du portefeuille des marchés émergents à Fidelity Internationa.
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