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Soriba Camara : Nous avons pris des mesures draconiennes pour arrêter la propagation d’Ebola

Sabah Sabet et Gamila El tawila, Mardi, 30 septembre 2014

L’ambassadeur de Guinée au Caire, Soriba Camara, s’exprime sur la lutte contre le virus Ebola dans son pays, sur les prochaines élections locales et présidentielles ainsi que sur les relations bilatérales avec l’Egypte.

Soriba Camara
Soriba Camara

Al-Ahram Hebdo : Le président guinéen, Alpha Condé, a prôné à l’Onu l’urgence d’une riposte vigoureuse et immédiate contre le virus Ebola. Quelles sont les mesures que la Guinée attend concrètement de la part de la com­munauté internationale ?

Soriba Camara: Comme vous le savez tous, le virus Ebola constitue l’actualité en Guinée et en Afrique de l’Ouest. Mais il s’agit d’un problème qui concerne l’ensemble de la com­munauté internationale. Car tout ce qui affecte un pays, affecte l’en­semble des autres. Ainsi, nous demandons à la communauté interna­tionale le maximum du soutien et sur tous les niveaux. D’ailleurs, il y a beaucoup de mesures qui ont déjà été prises au sein du Conseil de sécurité des Nations-Unies, de l’Union afri­caine, de l’organisation Médecins sans frontières et d’autres institutions qui sont venues à l’aide de la Guinée.

— Pensez-vous que la réponse internationale ait tardé ou que les aides internationales jusque-là offertes pour lutter contre l’épidé­mie aient été insuffisantes ?

— Les mesures ne sont pas insuffi­santes, il faut le reconnaître, mais il y a peut-être eu un peu de retard au niveau de riposte vis-à-vis de l’Ebo­la. Le problème de ce virus prend des dimensions régionales mais aussi internationales. C’est ainsi qu’il existe une grande interconnexion entre la Guinée et les autres pays de la région. C’est un fléau qui doit être pris au sérieux par la communauté internationale, donc, la Guinée n’est pas seule dans sa lutte contre l’Ebola.

— La Guinée est malheureuse­ment le foyer de l’épidémie. Quelles sont les mesures que vous avez prises et quelles sont les retombées économiques et politiques sur votre pays ?

— Sur le terrain, nous avons pris toutes les mesures nécessaires. D’ailleurs, la fête nationale (le 2 octobre) ne sera pas célébrée cette année avant le mois de décembre. Et ce, par crainte de regroupements qui favoriseraient la transmission du virus. Pour ce qui est des consé­quences économiques, cela se passe de commentaire: le virus a des conséquences néfastes sur les pays qui sont affectés et surtout sur le plan économique. En Guinée, le taux de la croissance est passé de 3% à 1,5%. Dès lors le pays subit une quaran­taine et les vols sont suspendus, beaucoup d’opérateurs économiques et d’investisseurs ne viennent plus. Il y a des projets qui sont ralentis, il y en a qui sont arrêtés. Personnellement, je pense que la fermeture des fron­tières n’est pas la bonne solution, d’autant plus que le gouvernement guinéen a pris toutes les mesures nécessaires, de même que les autres pays touchés. Nous avons pris des mesures draconiennes pour arrêter la propagation du virus, notamment des contrôles aux frontières pour empê­cher tout suspect de voyager. Cela peut rassurer les autres pays étran­gers et d’ailleurs plusieurs pays n’ont pas fermé leurs frontières devant les ressortissants guinéens, comme les Etats-Unis et la France. Je dois signa­ler aussi que l’Egypte est l'un des pays qui n’ont pas empêché l’entrée de nos ressortissants.

— Mais la fermeture des fron­tières avec certains pays africains semble avoir envenimé les relations diplomatiques avec ces pays...

— Non, il n’y a pas d’effets néga­tifs sur les relations diplomatiques et politiques. Nous tenons toujours des forums, des rencontres pour discuter nos problèmes et trouver des solu­tions. En fait, les effets sont plutôt commerciaux sur ces pays car il existe un mouvement de marchan­dises et d’importants échanges entre les pays voisins. Et avec la fermeture des frontières c’est l’étouffement, notamment pour les populations qui vivent dans les régions frontalières.

— La Guinée se prépare à des élections locales et présidentielles en 2015, mais les différends exis­tent toujours avec l’opposition. Outre la propagation d’Ebola, le processus électoral ne risque-t-il pas d’être entravé ?

Vous savez, la Guinée, depuis un certain moment, a traversé des périodes critiques et difficiles sur le plan politique. Mais avec la sagesse des politiciens et de nos dirigeants, nous sommes arrivés à surmonter les difficultés, donc il n’y a pas de raison de s’inquiéter et les difficultés seront surmontées. Pour ce qui est d’Ebola, je suis optimiste. Il nous reste presque un an avant la tenue des élections et j’espère que d’ici là, la propagation du virus sera endiguée.

— La Guinée commémorait ce 28 septembre un triste anniver­saire: les 150 morts lors d’un mee­ting électoral dans un stade de Conakry en 2009. Où en est l’en­quête ?

— L’enquête suit son cours, vous savez que ce sont des événements difficiles et très douloureux qu’on ne peut pas oublier. Le dossier n’est pas délaissé, les responsables en charge sont en train de travailler et les auteurs vont normalement répondre à leurs actes.

— Où en sont les relations bilaté­rales entre l’Egypte et la Guinée ?

— La Guinée a toujours eu de bonnes relations avec l’Egypte depuis l’ouverture de notre ambas­sade ici en 1961. A l’époque, Gamal Abdel-Nasser et le président Ahmad Sékou étaient de vrais amis. Pour preuve, la première et la plus grande université en Guinée qui se trouve à Conakry s’appelle Gamal Abdel-Nasser. Mais comme vous le savez, tous les Etats connaissent des évolu­tions, et ces dernières années, en rai­son de la situation interne, aussi bien en Guinée qu’en Egypte, il y a eu un certain ralentissement. Mais aujourd’hui, les choses changent, notamment avec la stabilité revenue en Egypte. Je peux assurer qu’au­jourd’hui la volonté des Egyptiens et du gouvernement est de renouer les contacts sur tous les niveaux avec les pays africains, et nous sommes très heureux ainsi du retour de l’Egypte sur le continent. De notre côté, nous voulons que les investisseurs égyp­tiens viennent davantage en Guinée. Nous voulons promouvoir les échanges dans plusieurs domaines. Actuellement, je prépare des réu­nions avec différents responsables et différents hommes d’affaires pour accroître la coopération économique et commerciale.

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