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UA  : un sommet et des défis

Mardi, 24 juin 2014

L’agriculture et la sécurité alimentaire et globale sont les thèmes centraux du 23e sommet de l’Union Africaine (UA) qui se tient actuellement en Guinée équatoriale.

Dans un contexte continental marqué glo­balement par le déficit pluviométrique et une menace constante de l’insécurité alimen­taire dans plusieurs pays du continent afri­cain, Malabo, capitale de la Guinée équato­riale, invite les chefs d’Etat et de gouverne­ment de l’UA (plus de 50 pays africains) à participer au 23e sommet de l’UA. « Ce som­met de l’Union africaine est une occasion où les leaders des Etats africains doivent abor­der les thèmes cruciaux et importants qui affectent la sécurité du continent », a déclaré le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema, lors d’une rencontre avec les ambassadeurs africains accrédités à Malabo, en expliquant que la question de la sécurité devrait être mise également à l’ordre du jour de cet événement. L’UA, qui a suc­cédé en 2002 à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), créée en 1963, est une structure interétatique de coopération entre actuellement 54 pays membres. Cette coopé­ration repose sur la volonté de consolider les frontières, de renforcer la paix et la sécurité et de favoriser le développement économique du continent. Depuis plus d’une décennie, les questions de paix et de sécurité sont donc au coeur des sommets de l’UA. Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont penchés successi­vement sur la gouvernance, les moyens de renforcer la démocratie, l’instabilité politique et militaire, le développement des infrastruc­tures, l’exploitation de l’énergie, la valorisa­tion de l’éducation, la promotion de la forma­tion, celle de l’entreprenariat, ou encore, la modernisation des systèmes de santé.

Il faut ajouter à cette liste une préoccupa­tion économique majeure: permettre à l’Afrique d’utiliser son agriculture de façon optimale, afin de parvenir à l’autosuffisance et à la sécurité alimentaire. Ce sommet de l’UA donnera donc par conséquent l’occasion aux leaders africains de s’emparer d’un sujet essentiel au bien-être des populations et à l’avenir du continent.

Les enjeux portent, en particulier, sur les moyens de renforcer l’agriculture vivrière et de créer les conditions nécessaires à l’épa­nouissement d’une agriculture industrielle par la transformation des produits naturels sur le sol africain et non à l’étranger. Sans résultats sur ces deux points, pas de progrès dignes de ce nom.

Les chefs d’Etat et de gouvernement afri­cains devront aborder la question en la reliant à la sécurité militaire. En effet, sans sécurité politique et militaire, point d’autosuffisance et point de sécurité alimentaire.

Les crises récentes en Egypte, en Libye, en Centrafrique, au Mali ou au Nigeria avec le groupe terroriste Boko Haram, bref, l’instabi­lité politique et la montée du terrorisme sur le continent, tout cela oblige les Etats africains à regarder la réalité en face: quand ils ne prennent pas eux-mêmes le devant, ce sont les pays occidentaux qui s’en chargent pour préserver un climat propice aux opérations économiques et commerciales de leurs entre­prises.

La question de la sécurité globale est un enjeu fondamental pour l’Afrique d’au­jourd’hui et de demain. Il est plus que temps qu’elle parle d’une même voix, que ses lea­ders s’associent pour résoudre ensemble leurs problèmes de développement, dont celui de l’autosuffisance alimentaire. L’UA a son rôle à jouer. Mais il existe aussi des orga­nisations régionales, comme la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest) ou la CEEAC (Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale), ainsi que des commis­sions économiques régionales, pour prendre des décisions et agir.

Ce 23e sommet de l’Union africaine à Malabo doit être l’occasion pour les pays africains de lier les deux faces d’une même médaille que sont le développement écono­mique et la sécurité globale. A leurs diri­geants de montrer qu’ils sont capables de travailler en commun, pour apporter les réponses aux crises qui peuvent émerger dans n’importe quelle partie du continent. Le chef d’Etat guinéen a exprimé le souhait que les problèmes intérieurs de l’Afrique soient réso­lus pas les Africains eux-mêmes, et que l’im­puissance de l’UA dans les crises récentes en Egypte, en Libye, en Centrafrique, au Mali, en Somalie ou au Nigeria n’ouvre pas systé­matiquement la porte à l’intervention des puissances occidentales.

« Nous ne devons plus tout attendre de pays tiers, c’est-à-dire de pays non africains, pour résoudre les problèmes africains, car c’est de là que vient l’ingérence », a-t-il estimé.

En outre, un sommet afro-américain qui est prévu les 6 et 7 août 2014, réunira le pré­sident Barack Obama et 47 dirigeants afri­cains, avec une importante dimension straté­gique pour un continent riche en matières premières, qui affiche un fort taux de crois­sance, mais qui éprouve d’énormes difficul­tés à transformer et à diversifier son écono­mie pour aller vers l’émergence.

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