Près de 44 millions d'électeurs, sur un total d'environ 100 millions d'habitants, sont appelés à élire leur président, leurs députés nationaux et provinciaux et leurs conseillers communaux.
Le président sortant, Félix Tshisekedi, 60 ans, brigue un second mandat de cinq ans face à une opposition morcelée, qui n'a pas su s'entendre sur un candidat commun pour aborder cette élection à un seul tour.
Plus de 100.000 candidats sont sur les rangs pour les quatre scrutins, dont l'organisation représente un vrai défi dans un pays largement dépourvu d'infrastructures.
Jusqu'à la dernière minute, le doute subsistera sur la capacité de la Commission électorale (Céni) à équiper en "machines à voter", bulletins et autres matériels les 175.478 bureaux de vote qu'elle a prévu d'ouvrir.
Pour "les chefs-lieux, les villes, les communes", cela devrait aller, "mais dans les milieux ruraux, des endroits sont difficilement accessibles", faute de route praticable ou en raison de l'insécurité, note pour l'AFP le politologue Gaucher Kizito Mbusa.
A huit jours du vote, le gouvernement a demandé que la mission de l'ONU en RDC (Monusco), dont il réclame pourtant le départ pour cause d'inefficacité supposée, lui apporte une aide logistique au-delà des trois provinces de l'Est, en proie aux violences de groupes armés, dans lesquelles elle est déployée.
Le Conseil de sécurité a accédé vendredi 15 décembre à cette requête.
Mais "tous les bureaux ne seront pas ouverts le 20 décembre, car tous ne seront pas équipés", estime un diplomate interrogé par l'AFP, en n'excluant pas que certains n'ouvrent que le 21, le 22, voire plus tard, ajoutant aux craintes de chaos.
Dans un rapport diffusé samedi 16 octobre, Human Rights Watch a mis en garde contre les violences électorales qui "risquent de compromettre la tenue du scrutin". Depuis début octobre, l'ONG dit avoir documenté des affrontements entre partisans de partis rivaux ayant conduit à "des agressions, des violences sexuelles et au moins un mort".
Au regard du passé politique violent de la RDC, où les élections de 2018, quoique très contestées, avaient marqué la première alternance pacifique, la campagne électorale s'est déroulée dans un calme relatif.
- "Discours de haine" -
Mais "l'intolérance a élu domicile" dans le débat, déplore le politologue, tandis que le diplomate s'inquiète des "discours de haine" qui ont pris le pas sur les idées et les projets.
L'annonce des résultats pourrait être le moment de tous les dangers.
Un fort soupçon pèse sur la transparence du vote, les opposants se disant convaincus d'une fraude préparée de longue date. Si les chiffres officiels sont conformes à ceux des observateurs déployés notamment par les Eglises, les violences seront limitées, selon les analystes, mais pas s'ils divergent.
La question se pose aussi de savoir si les vaincus accepteront la défaite, relève M. Kizito.
Les candidats à la présidentielle étaient 26 au départ. A trois jours du vote, ils sont 19, après le désistement de quatre d'entre eux au profit de l'opposant et riche homme d'affaires Moïse Katumbi, 58 ans, et de trois en faveur de Félix Tshisekedi.
Parmi les autres opposants sur les rangs figurent Martin Fayulu, 67 ans, qui affirme que la victoire lui avait été volée à l'élection de 2018, et le Dr Denis Mukwege, 68 ans, prix Nobel de la paix pour son action en faveur des femmes violées.
Concernant les moyens déployés et les foules rassemblées pendant la campagne, Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi "sortent du lot", estiment des analystes, certains assurant même que l'élection se joue entre les deux hommes.
Le climat de la campagne a aussi été empoisonné par la situation sécuritaire dans l'est du pays, qui connait un pic de tension depuis deux ans, avec la résurgence d'une rébellion (le M23) soutenue par le Rwanda voisin.
Les combats se sont calmés depuis environ une semaine, mais les rebelles continuent d'occuper de vastes pans de territoire du Nord-Kivu.
Dans son rapport, HRW note que plus de 1,5 million de Congolais "ne pourront pas voter dans les zones affectées par des conflits" et que "des millions de personnes déplacées (...) pourraient également être dans l'incapacité d'aller voter".
La campagne s'achève lundi 18 décembre. D'ici là, les meetings se poursuivent.
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