Scènes de liesse électorale à Kinshasa.
(Photo:AFP)
C’est dans un climat d’expectative qu’a été lancée, mercredi 21 novembre, la campagne électorale en République Démocratique du Congo (RDC). Et pour cause, les élections du 23 décembre prochain — présidentielle, législatives et provinciales — ont été reportées à plusieurs reprises depuis 2016. Pour la présidentielle, un scrutin symbole, 21 candidats sont en lice. Chacun s’apprête par ses propres moyens pour une élection qui devrait donner un successeur au président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001. Juste avant le commencement de la campagne, l’ancien président de l’Assemblée nationale de la RDC, Vital Kamerhe, a annoncé se désister de la course à l’élection présidentielle pour former « un ticket » avec l’un des autres poids lourds de l’opposition, Félix Tshisekedi. « J’ai pris la décision d’apporter mon soutien à M. Tshisekedi pour la présidence du Congo », a déclaré Kamerhe, vendredi 23 novembre, lors d’une conférence de presse conjointe avec Tshisekedi dans un hôtel de Nairobi.
Peu après, les deux hommes ont signé devant les caméras leur accord en vue de remporter la présidentielle du 23 décembre. Dans le cadre de cet accord, Kamerhe deviendrait premier ministre en cas de victoire. De son côté, Tshisekedi, qui s’est félicité de l’accord, a expliqué que l’une des priorités du duo sera de « restaurer la paix dans l’est du pays ». Le 11 novembre dernier à Genève, les deux hommes avaient désigné, avec cinq autres leaders de l’opposition, le député Martin Fayulu pour représenter leur camp à cette élection présidentielle à un tour. Le choix avait surpris tant Félix Tshisekedi, président du parti historique UDPS et fils de son fondateur Etienne Tshisekedi, donné comme favori. Mais dès le lendemain, Tshisekedi et Kamerhe s’étaient retirés de l’accord de candidature unique, en raison, selon eux, du mécontentement de leur base. Cet accord avait également été signé par deux autres ténors, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, qui n’ont pas pu se présenter à l’élection présidentielle.
Trois principaux candidats
Par ailleurs, le camp présidentiel s’est aussi préparé à cette course : une réunion a eu lieu au sein du Front Commun du Congo (FCC) constitué autour de Kabila — qui ne peut se représenter — et fait campagne pour l’ex-ministre de l’Intérieur et patron du parti présidentiel, Emmanuel Ramazani Shadary. Ce dernier a dévoilé, lundi 19 novembre, son programme, qu’il chiffre à 86 milliards de dollars et qui est axé sur quatre priorités : renforcement de l’autorité de l’Etat, diversification de l’économie et garantie de l’emploi, lutte contre la pauvreté et garantie de l’accès aux services publics et enfin, « démonstration de l’importance géostratégique de la RDC ». Le candidat du FCC a défendu quand même le bilan du président sortant. « L’oeuvre de Joseph Kabila doit être poursuivie, mais avec une projection sur l’avenir », a-t-il déclaré, tout en ajoutant que ce bilan « restera la source d’inspiration de tout son engagement politique ». Shadary a essayé de solliciter les militaires en affirmant qu’il comptait améliorer « progressivement » leurs soldes — actuellement évaluées à moins de 80 dollars par mois — et a promis de renforcer leurs capacités d’actions sur terrain et d’améliorer leurs conditions d’hébergement. Il s’est également engagé, au cas où il serait élu, à améliorer le système de défense des forces armées et à poursuivre la réorganisation de ces forces pour « éradiquer des germes d’insécurité sur le territoire national, particulièrement dans l’est du pays ».
Selon des observateurs, la course à la présidentielle du 23 décembre 2018 devrait se jouer entre trois acteurs majeurs : Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du FCC, Félix Tshisekedi de l’Udps et Martin Fayulu, candidat commun de l’opposition. Par ailleurs, peu importe le gagnant, l’enjeu est historique : cette élection permettra une première transmission du pouvoir sans effusion de sang depuis l’indépendance en 1960 de ce pays-continent instable (2,3 millions de km2, 9 frontières, 80 millions d’habitants, d’immenses richesses minérales). La campagne doit prendre fin le 21 décembre à minuit, deux jours avant les élections présidentielle, législatives et provinciales à un seul tour .
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