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RDC : Un rendez-vous électoral crucial

Sabah Sabet avec agences, Dimanche, 25 novembre 2018

La campagne pour les élections générales du 23 décembre s’est ouverte cette semaine en République Démocratique du Congo (RDC). Des élections déterminantes qui interviennent après des années de reports et de tensions politiques et qui marquent la fin de l'ère Kabila.

RDC : Un rendez-vous électoral crucial
Scènes de liesse électorale à Kinshasa. (Photo:AFP)

C’est dans un climat d’ex­pectative qu’a été lancée, mercredi 21 novembre, la campagne électorale en République Démocratique du Congo (RDC). Et pour cause, les élections du 23 décembre prochain — prési­dentielle, législatives et provin­ciales — ont été reportées à plu­sieurs reprises depuis 2016. Pour la présidentielle, un scrutin symbole, 21 candidats sont en lice. Chacun s’apprête par ses propres moyens pour une élection qui devrait donner un successeur au président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001. Juste avant le commencement de la campagne, l’ancien président de l’Assemblée nationale de la RDC, Vital Kamerhe, a annoncé se désister de la course à l’élection présiden­tielle pour former « un ticket » avec l’un des autres poids lourds de l’op­position, Félix Tshisekedi. « J’ai pris la décision d’apporter mon sou­tien à M. Tshisekedi pour la prési­dence du Congo », a déclaré Kamerhe, vendredi 23 novembre, lors d’une conférence de presse conjointe avec Tshisekedi dans un hôtel de Nairobi.

Peu après, les deux hommes ont signé devant les caméras leur accord en vue de remporter la présidentielle du 23 décembre. Dans le cadre de cet accord, Kamerhe deviendrait pre­mier ministre en cas de victoire. De son côté, Tshisekedi, qui s’est félici­té de l’accord, a expliqué que l’une des priorités du duo sera de « restau­rer la paix dans l’est du pays ». Le 11 novembre dernier à Genève, les deux hommes avaient désigné, avec cinq autres leaders de l’opposition, le député Martin Fayulu pour repré­senter leur camp à cette élection présidentielle à un tour. Le choix avait surpris tant Félix Tshisekedi, président du parti historique UDPS et fils de son fondateur Etienne Tshisekedi, donné comme favori. Mais dès le lendemain, Tshisekedi et Kamerhe s’étaient retirés de l’accord de candidature unique, en raison, selon eux, du mécontentement de leur base. Cet accord avait égale­ment été signé par deux autres ténors, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, qui n’ont pas pu se présenter à l’élection présidentielle.

Trois principaux candidats

Par ailleurs, le camp présidentiel s’est aussi préparé à cette course : une réunion a eu lieu au sein du Front Commun du Congo (FCC) constitué autour de Kabila — qui ne peut se représenter — et fait campagne pour l’ex-ministre de l’Intérieur et patron du parti présidentiel, Emmanuel Ramazani Shadary. Ce dernier a dévoilé, lundi 19 novembre, son pro­gramme, qu’il chiffre à 86 milliards de dollars et qui est axé sur quatre priorités : renforcement de l’autorité de l’Etat, diversification de l’écono­mie et garantie de l’emploi, lutte contre la pauvreté et garantie de l’ac­cès aux services publics et enfin, « démonstration de l’importance géostratégique de la RDC ». Le can­didat du FCC a défendu quand même le bilan du président sortant. « L’oeuvre de Joseph Kabila doit être poursuivie, mais avec une projection sur l’avenir », a-t-il déclaré, tout en ajoutant que ce bilan « restera la source d’inspiration de tout son engagement politique ». Shadary a essayé de solliciter les militaires en affirmant qu’il comptait améliorer « progressivement » leurs soldes — actuellement évaluées à moins de 80 dollars par mois — et a promis de renforcer leurs capacités d’actions sur terrain et d’améliorer leurs conditions d’hébergement. Il s’est également engagé, au cas où il serait élu, à améliorer le système de défense des forces armées et à pour­suivre la réorganisation de ces forces pour « éradiquer des germes d’insé­curité sur le territoire national, parti­culièrement dans l’est du pays ».

Selon des observateurs, la course à la présidentielle du 23 décembre 2018 devrait se jouer entre trois acteurs majeurs : Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du FCC, Félix Tshisekedi de l’Udps et Martin Fayulu, candidat commun de l’opposition. Par ailleurs, peu importe le gagnant, l’enjeu est histo­rique : cette élection permettra une première transmission du pouvoir sans effusion de sang depuis l’indé­pendance en 1960 de ce pays-conti­nent instable (2,3 millions de km2, 9 frontières, 80 millions d’habitants, d’immenses richesses minérales). La campagne doit prendre fin le 21 décembre à minuit, deux jours avant les élections présidentielle, législa­tives et provinciales à un seul tour .

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