
Les troupes des cinq pays formant la Force multinationale (FMM) avancent de concert pour acculer Boko Haram.
(Photo:Reuters)
Damasak, une ville stratégique située au nord-est du Nigeria et l’un des plus importants fiefs des insurgés de Boko Haram depuis novembre 2014, est enfin libérée. C’est ce qu’a indiqué vendredi dernier l’armée nigériane dans un communiqué officiel. Situé à 180 kilomètres au nord de la capitale de l’Etat du Borno, Maiduguri, Damasak présente un premier gain de la Force d’intervention conjointe multinationale (FMM), qui a lancé cette semaine une vaste offensive contre Boko Haram. Une offensive qui vise à neutraliser les poches de résistance de la secte dans l’un de ses fiefs stratégiques à la frontière avec le Niger. Les combattants islamistes, qui avaient pris Damasak il y a deux ans, avaient tué plus de 200 personnes, kidnappé 400 enfants et poussé plus de 14 000 habitants à se réfugier à Diffa, au Niger voisin.
C’est là une première victoire de la FMM. Mais beaucoup reste encore à faire pour contrer Boko Haram. En fait, la Force d’intervention conjointe multinationale mixte, basée sur le territoire voisin du Tchad, comprend des forces des cinq armées de la sous-région (Niger, Bénin, Nigeria, Tchad, Cameroun). Elle a été mise en place pour tenter de mettre fin à l’insurrection du groupe islamiste Boko Haram, qui ravage la région du lac Tchad depuis sept ans. Cela faisait des semaines qu’une grande offensive contre Boko Haram était attendue. Les troupes de ces pays réunis dans la FMM avancent de concert pour acculer les terroristes retranchés sur les rives du lac Tchad. Par ailleurs, depuis l’attaque surprise le 3 juin dernier par Boko Haram de Bosso au Niger, à l’extrême sud-est, entre le lac Tchad et la frontière nigériane — une attaque qui avait provoqué la mort de 26 soldats nigériens et nigérians et de dizaines de civils —, la FMM préparait intensément par de nombreuses manoeuvres cette grande confrontation décisive. « En réalité, nous l’avions prévue de plus longue date, mais l’attaque de Bosso a été un accélérateur », a confirmé à Jeune Afrique Massaoudou Hassoumi, ministre nigérien de la Défense nationale. « En tout, 3 000 soldats nigériens, de l’artillerie, des blindés, de l’aviation aussi sont engagés dans cette offensive », a-t-il précisé. Selon des sources militaires étrangères, près de 4 000 soldats tchadiens participeraient depuis le Tchad à cette grande opération, ainsi que 2 000 Camerounais.
Engagement marocain
Les Nigérians ont pour leur part lancé plusieurs offensives simultanées. L’idée étant toujours de prendre en tenaille les combattants de la secte islamiste qui a prêté allégeance au groupe Etat Islamique (EI) en juin 2014. Par ailleurs, le Maroc a annoncé samedi et pour la première fois son engagement à cette force. Selon une source gouvernementale marocaine, le roi Mohamed VI a autorisé, par solidarité avec le Niger, la fourniture d’équipements militaires, à l’exception des munitions létales, pour aider son allié traditionnel dans la région du lac Tchad à faire face aux incursions répétées de Boko Haram à partir du Nigeria voisin.
En fait, la menace de Boko Haram s’est intensifiée ces dernières années et a touché toute la région du lac Tchad, même les organisations humanitaires sont devenues des cibles. Jeudi dernier, le groupe s’en est pris pour la première fois à un convoi humanitaire international en attaquant des employés du Fonds de l’Onu pour l’enfance (Unicef), du Fonds des Nations-Unies pour la Population (FNUAP), et de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), qui revenaient de Bama. Un employé de l’Unicef, un contractuel de l’OIM et deux soldats nigérians ont été blessés dans cette attaque. Sur place, de son côté, l’UNHCR parle d’une « situation alarmante », avec de graves pénuries d’eau, de nombreux problèmes de maladies et de sécurité entre ethnies et communautés dans les deux principaux camps : Sayam Forage et Kabelaw, des camps qui accueillent les déplacés internes ainsi que dans la centaine des petits sites dispersés dans la région du lac Tchad et à la frontière nigériane. Le nombre de réfugiés, déplacés et retournés est estimé à plus de 241 000 personnes, mais le chiffre devrait s’allonger selon l’UNHCR, consécutivement aux récents affrontements militaires. L’Unicef a annoncé la reprise de son aide à des millions d’enfants victimes de l’insurrection de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria malgré l’attaque de cette semaine. La secte islamiste Boko Haram, qui sévit depuis 2009 dans le nord du Nigéria et s’est par la suite étendue aux pays voisins (Niger, Cameroun et Tchad), a perpétré des attaques meurtrières qui ont fait plus de 20 000 morts et poussé plus de 2 millions de personnes à l’exode dans les pays limitrophes comme le Niger, selon les estimations de la presse occidentale. « Nous irons jusqu’au bout. Cette offensive est partie pour ne pas s’arrêter. Nous sommes décidés à en finir avec Boko Haram », promet le ministre nigérien de la Défense.
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